Quel sera le climat social à l'occasion de cette rentrée dans une région qui a vécu un été chargé de conflits ? Des syndicats de l'éducation annoncent déjà la couleur en promettant des débrayages imminents. D'un côté, les élèves aspirent à une scolarité régulière, pouvant leur donner toutes les chances de la réussite ; de l'autre, des personnels qui réclament leurs droits et la régularisation de leur situation. Ces aspirations sont tout aussi légitimes les unes que les autres. Il reste à espérer que les objectifs des uns ne piétinent pas les ambitions des autres. Le dialogue gagnerait à être enclenché sans délai, avant de faire planer le spectre de l'instabilité chronique. Dans le secteur économique, des accès de fièvre sociale ne manqueront pas également de survenir. Le secteur public étant réduit à sa portion congrue, le mécontentement commence à se manifester dans les entreprises privées, où la législation du travail doit être pareillement respectée. Le ton a été donné la semaine dernière par les travailleurs d'une briqueterie de la région, qui ont observé un rassemblement devant l'inspection du travail à Tizi Ouzou. Cette action est la première du genre dans la wilaya, et l'engagement des structures de l'UGTA aux côtés des ouvriers réclamant de meilleures conditions de travail est un bon signe pour la santé syndicale dans la région. Les attentes des populations en matière de relance du développement local sont très prononcées à travers les communes rurales de la wilaya. L'APW de Tizi Ouzou vient de souligner l'urgence de mettre en place le fonds de développement pour les zones de montagne. Les effets du marasme économique qui s'aggrave d'année en année dans les localités retirées, suscitant un exode vers les pôles urbains, se manifestent à travers la fermeture de dizaines d'écoles primaires dont nous faisons état dans notre édition d'aujourd'hui. Le signal d'alarme a été lancé à plusieurs reprises à propos du phénomène de « désertification » dans les zones de montagne, induite par la disparition de toute activité économique, causant l'extinction pure et simple de la vie sociale. En dépit de ces temps de crise, l'urgence vitale d'un plan de développement d'envergure au profit de cette partie du territoire est signalée.
