Les adeptes du châabi retiendront son nom pendant très longtemps. Ce talentueux interprète est en train de se frayer un chemin dans la sphère, très fermée, du monde du châabi. Et s'il n'est pas aisé de s'imposer dans ce milieu, ce n'est guère le cas de cheikh Mourad Zidiri dont l'ascension est fulgurante. Avec sa mandoline, le fils du quartier « des bâtiments », subjugue un public, de générations différentes, de plus en plus nombreux et fidèles. Son style est dans la pure tradition Ankaoui. La chansonnette, ou ce qui est communément appelé « le style léger », n'a pas de place dans le répertoire de ce cheikh. Son répertoire est composé de qacids où l'aventure n'est pas permise. En effet, il interprète devant un public très exigeant « El khezna el kebira » du célèbre poète, cheikh Lakhdar Ben Khlouf, « Ya kahl el in oua chfer » de Cheikh Ben M'ssaeïb, « Ah men el hob el fachi » du cheikh El Maghraoui, « Salouni ya ahl el haoua kif djrali » de cheikh El Djillali et tant d'autres qacids datant de plusieurs siècles et qui continuent de faire vibrer l'univers des passionnés du châabi. Ses nesrafates sont aussi agréables à écouter. Du moual au zidane en passant par r'mel maya, il passe d'un genre à un autre et emporte facilement son public. Ce qui mérite d'être encore cité à propos de cheikh Mourad, c'est la modestie et la courtoisie dont il se distingue et qui font rappeler les anciens maîtres du châabi. En tous cas, dans ce style « cheikh Mourad, est un excellent interprète et une véritable révélation », témoigne, Jamil Bouyahia, fils du défunt cheikh saddek El Bédajoui, rencontré lors d'une prestation de ce cheikh. Faut-il le signaler, Mourad Zidiri, a fait ses premiers pas au conservatoire de la musique andalouse de Béjaïa, avant de voler de ses propres ailes.
