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Al Halladj, un soufi aux manières raffinées
Que reste-t-il de cette aventure mystique ?
Publié dans El Watan le 24 - 02 - 2005

bien que cheminant sur deux voies parallèles, Omar Al Khayyam (1021-1122) et Abou Mansour Al Halladj (858-922) semblent, envers et contre tous, se donner l'accolade en un certain point de l'horizon.
Les choses, dit Al Mutanabbi (915-965), n'acquièrent leur identité véritable que lorsqu'elles s'opposent les unes aux autres. De fait, Khayyam demeure dans les annales de l'histoire ce poète bacchant, auteur des fameuses Ruba‘iyyat, mais, sans grand tintamarre sur ses travaux de mathématicien de génie. Halladj, quant à lui, attaché au mât du soufisme, reste cet homme exceptionnel, livré à la vindicte des politicards et de quelques fouqaha à la traîne du pouvoir, condamné au gibet, puis découpé en morceaux. Sa tête, dit-on encore, a été gardée durant plus de quinze ans dans la chambre des rois à Baghdad ! D'un côté, un grand mathématicien, jeté dans les oubliettes de l'histoire ou presque, de l'autre, un homme hautement civilisé, en dépit de ses hardes usées, occulté, voire même réduit au silence. En bref, ce versant de Halladj reste méconnu, y compris des initiés. Cependant, notre mystique, faisant écho à un grand poète omeyyade, s'écrie à tue-tête : mais où est donc le point de distanciation sinon celui-là même où je me trouve ? Il n'admet donc aucune dichotomie et n'autorise, en lui, aucun partage entre soufi et poète. Il éprouve, tout au contraire, le besoin d'avoir entre les mains de nouveaux supports, matériels, bien sûr, à même de rendre palpables ses élancées et ses quêtes spirituelles. Son expérience, en dehors des normes communes, dans la fastueuse ville de Baghdad, lui fait comprendre que sans une belle et riche étoffe, son acte mystique, aussi sublime qu'il soit, ne risquerait pas d'être bien appréhendé. D'où le caractère urgent, pour lui, de conclure un mariage heureux entre une poésie d'une haute charge esthétique, et une belle calligraphie couchée sur du papier de luxe !
Le fils du cardeur
Pour cela, il n'hésite pas à se défaire de ses hardes, pour un certain temps, et à abandonner, tout à la fois, disciples et détracteurs, pour entreprendre un voyage initiatique, d'un autre genre celui-là, mais complémentaire de sa quête spirituelle, un voyage qui le mena en direction des confins de la Chine. On le voit, d'ailleurs, à travers une petite lecture sémiologique de ses poèmes, et tout principalement, de ses Tawassin. Les termes de l'équation sont simples : un papier de luxe contrebalançant une gestuelle mystique inégalée dans l'histoire du soufisme ! Parfois même, le clavier du langage se montre indigent à ses yeux, et l'espace est, aussitôt, cédé à certaines formes géométriques qui viennent accentuer la présence de quelques vertus sémantiques. Lui, le fils du cardeur, comme son nom l'indique, est allé donc troquer la fine mousseline de Baghdad et de Mossoul contre le papier chinois de luxe qui commençait, alors, à être fabriqué en grande quantité. Il le fit dans un but bien précis : capter l'infini auquel il aspirait, et le consigner sur une surface très réduite, celle de la feuille blanche, laquelle feuille se transformerait, à son tour, en une somme de l'infini lui-même. A-t-il réussi ? Bien sûr que oui ! Les Tawassin s'offrent à toutes les lectures ! En important le papier chinois raffiné, Halladj fit, sur l'heure, son propre bonheur d'homme civilisé ainsi que celui des copistes de Baghdad. Il se montra ainsi plus noble d'esprit, plus généreux encore, car le signifié, dans son esprit, ne pouvait avoir qu'un signifiant de même valeur, non seulement sur le plan phonique, mais, dans tous les autres supports matériels. Et le festin mystique fut donc grandiose ! Jusqu'au dernier moment, la magnanimité de Halladj s'est faite plus enveloppante que jamais à travers ses paroles et ses gestes. Ses détracteurs s'acharnaient sur lui. Ils coupaient ses membres, un à un, sur le gibet qui n'en était pas un, mais bel et bien un lieu de supplice. Et, lui, ne désarmant pas, continuait à proférer des paroles de pardon, à nuancer, dans son imagination peut-être, sur du papier chinois raffiné, ses poèmes en dentelle, car son propre festin mystique n'autorisait, alors, aucun écart de langage, aucun cri de douleur. Que de différence entre lui et Abou Hamed El Ghazali (1058-1111) qui, excédé par le comportement de certains de ses disciples, se met à les apostropher : vous avez là un ouvrage de fine dentelle, mais, ne trouvant pas acquéreur parmi vous, je me vois dans l'obligation de briser mon métier à tisser ! Et que reste-t-il, en fin de compte, de cette grande aventure mystique ? Halladj laisse la question à la question, et se contente d'avoir su, avant tous les autres, ce que signifie la finesse d'exécution en matière de soufisme.


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