La filmathèque Mohamed Zinet de Riadh El Feth a abrité, durant deux jours, une rencontre portant sur le dialogue interculturel et le rôle des écrivains dans la promotion de la diversité. Au deuxième jour de la rencontre, initiée par la Délégation de la commission européenne en Algérie et les services des Etats membres de l'UE sur le dialogue interculturel et le rôle des écrivains dans la promotion de la diversité,l'ensemble des participants se sont accordés à affirmer qu'il est impératif que les intellectuels se rencontrent aussi bien en Europe que dans l'espace méditerranéen. Des ponts doivent être créés entre les différentes rives de la Méditerranée pour justement maintenir le dialogue et les échanges. Il est essentiel que les nations, les communautés et les individus développent la capacité d'engager un dialogue de tolérance et de respect. Ainsi, jeudi, au deuxième jour de ces rencontres, des intervenants étrangers et algériens ont abordé avec intérêt les thématiques suivantes : l'Europe : terre de métissage culturel ; l'Algérie : l'affirmation d'une culture. L'éditeur et écrivain Sofiane Hadjadj a estimé que l'Europe est certes une terre de rencontre, de métissage, de démocratie et de liberté mais en regardant l'actualité et en y réfléchissant, on se rend compte que l'Europe c'est aussi les harraga qui meurent sur les plages européennes et les sans- papiers qui sont expulsés, ajoutés à la montée du racisme et de la xénophobie. « Je me suis dit que cette question de métissage qui se pose à moi en tant qu'Algérien, finalement je peux y répondre en me disant que c'est à nous de renverser les paradigmes et de rappeler que l'histoire des métissages a un rapport avec le vivre ensemble. En Andalousie, à l'âge classique, il y a eu du métissage culturel entre les communauté juive, musulmane et chrétienne. » Et d'ajouter : « Nous mêmes, nous avons des choses à apporter sur cette question. Il ne s'agit pas de recevoir des leçons et de répondre à des questions, mais de poser des questions à l'autre et d'apporter des réponses afin de montrer qu'on est capable. Dans l'histoire, il y a des choses que nous avons nous-mêmes produites. » A travers son intervention « Une fiction qui s'appelle Europe », la poétesse portugaise Maria Cardoso a évoqué son enfance irrévocable. Une enfance, dira-elle, qui l'a rendue métisse par le fait qu'elle fut née en Afrique. A l'adolescence, elle découvre qu'un chez soi est plus important qu'un pays. « La citoyenneté est un droit pour chaque pays. Le racisme est la preuve que les êtres humains sont imparfaits. L'idée de l'identité se construit avec le temps. La tolérance est un signe de bien-être et de sagesse. L'Europe doit être tolérante pour l'intégration des races métissées ». L'écrivain italien Guiseppe Goffredo estime que pour arriver au désarmement entre les deux rives de la Méditerranée, il est nécessaire de reconstituer notre subjectivité culturelle et notre identité plurielle méditerranéenne. L'écrivain journaliste Nourreddine Grine est revenu sur son expérience journalistique dans un pays voisin où il fût harcelé pendant quatre ans par des services. « Mon style d'écriture a révélé mon identité. J'ai été reconnu par mon style qui plaisait et non pas par le nombre de mots que j'ai écrits. Mon style m'a poussé à l'anonymat. La crainte du style est le début de la sagesse », dira-t-il. Au terme de cette rencontre fructueuse, l'ensemble des participant ont émis le voeu d'aller au-delà de cet épisode à Alger. D'autres actions similaires doivent être entreprises en direction des deux rives de la Méditerranée car l'idée de « dialogue interculturel » puise sa source dans la reconnaissance de la différence et de la multiplicité du monde dans lequel nous vivons.
