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Agriculture : un insecte ravage les champs de tomates
Publié dans El Watan le 31 - 10 - 2013

Ramenée depuis l'Espagne, la punaise Nesidiocoris tenuis fait actuellement des ravages dans les champs de tomates de la région de Mostaganem. De l'avis des chercheurs, cette mésaventure pourtant prévisible est en train de bouleverser radicalement la stratégie de lutte contre les ravageurs des cultures, prônée et soutenue jusque-là par les pouvoirs publics.
La perspicacité d'un trio de chercheurs en protection des végétaux vient de mettre en évidence les nuisibilités inattendues provoquées par un ravageur qui est considéré jusque-là comme un puissant auxiliaire dans la lutte contre Tutta absoluta, la mineuse des plants de tomate. Ce parasite connu pour ses origines sud-américaines avait été introduit, dès la fin de l'année 2007, dans le Mostaganémois par un opérateur espagnol.
En effet, avant l'arrivée de cet opérateur, ce parasite était inconnu de nos agriculteurs. Venu pour importer de la tomate au profit du marché espagnol, cet opérateur a alors transgressé les règles élémentaires en matière de protection phytosanitaire, en rapatriant en Algérie plusieurs conteneurs de tomate qui venaient d'être refusés d'accès sur le territoire espagnol.
Après un séjour de plusieurs jours au niveau du port d'Alicante, les caisses de tomates appartenant à des maraîchers du Dahra ont dû faire le chemin inverse, à l'insu de ses partenaires. En effet, cet aventurier, qui avait pignon sur rue, n'avait pas trouvé mieux que de restituer à chaque fellah les caisses de tomates produites sur son exploitation. Selon plusieurs témoignages recueillis à l'époque, les fruits étaient dans un état de décomposition avancée.
Après 5 mois de lutte acharnée, face à la persistance du phénomène et l'aggravation des dégâts, les fellahs décident d'alerter les responsables sur «l'invasion des cultures de tomate sous serres d'un mystérieux ravageur causant des dégâts importants malgré les traitements intensifs par l'utilisation de tous les insecticides présents sur le marché national, lesquels n'ont pu éradiquer ce fléau». Détail d'importance, ce sont les serres des fellahs ayant reçu les caisses refoulées d'Espagne qui ont abrité les premières attaques.
Des dégâts spectaculaires
Cette première alerte restera malheureusement sans suite, alors que la terrible Tutta absoluta se répandait à une grande vitesse dans les champs du Dahra et de Mostaganem. En effet, les techniciens diagnostiqueront une attaque de teigne, un insecte connu pour ses ravages sur les tubercules de pomme de terre, ce qui fera d'autant traîner la prise en charge du fléau. Tout en généralisant l'invasion à toute l'Algérie.
En effet, personne ne songera à réglementer les déplacements de milliers et milliers d'œufs et de larves lors du transfert de quantités considérables de tomates vers le centre puis l'est du pays. Si bien qu'en moins de 6 mois, Tutta absoluta sera signalée dans la plupart des champs et des serres de tomates du pays, depuis Biskra, jusqu'à Mostaganem, en passant par Skikda, Jijel, le Sahel algérois, Boumerdès et l'Oranais. Ce sont les spectaculaires dégâts causés à la fois sur les tiges, les feuilles et surtout les fruits qui feront réagir les pouvoirs publics, à travers l'INPV.
Ainsi, dès l'année 2009, soit une année après l'arrivée des premiers ravageurs, plus de 1 million de capsules de phéromones destinées à piéger les males seront distribuées gratuitement aux agriculteurs. Ce n'est que tardivement que le ministère de l'Agriculture mettra en place un programme de lutte intégrée contre la mineuse de la tomate.
Dans la région de Mostaganem, le ministère procèdera à la distribution de capsules de phéromones destinées à capturer les males de Tutta absoluta, par la mise à disposition des fellahs de plus de 5 000 pièges qui seront répartis à travers plus de 8000 serres de la région de Aâchaâcha.
L'opération a été généralisée ensuite à toutes les régions de production de tomate de plein champ mais également sous abri serre.
Passant à une autre vitesse, les pouvoirs publics feront appel à la lutte biologique pure. A partir de l'année 2011, alors que les effets des phéromones étaient largement parvenus à réduire de manière substantielle la population du ravageur, les pouvoirs publics se tourneront vers l'importation d'une punaise, Nésidiocoris tenuis (Reuter, 1895) à partir de l'Espagne.
La recherche d'ennemis naturels
Très vite, les boîtes de 250 ou de 500 pièces seront distribuées aux fellahs. Des lâchers de cet entomophage connu pour s'attaquer aux larves de Tutta absoluta seront largement médiatisés.
Au laboratoire de protection des végétaux de l'université de Mostaganem, ils étaient une poignée de chercheurs à ne pas adhérer sans réserves à ce programme. A l'époque, les chercheurs Malika Boualem, Abdelwahab Mokhbi et Djamel Mahiout travaillent déjà sur cette punaise qu'ils ont identifiée bien avant l'introduction de sa cousine «espagnole». En effet, œuvrant particulièrement sur la biologie de Tutta absoluta et de ses ennemis naturels, ces chercheurs ont commencé par identifier les auxiliaires indigènes. C'est ainsi que Nesidocoris tenuis, connue pour sa prédation de l'Aleurode ou mouche blanche, est mise en évidence à l'état endémique.
Cette punaise indigène devient très vite une préoccupation des chercheurs mostaganémois qui lui consacrent plusieurs travaux. Si bien que l'introduction massive de la punaise «espagnole» ne les laissera pas de marbre. Dans leurs travaux, ces derniers n'omettront pas de recommander la plus grande prudence quant à l'usage immodéré à la fois des pesticides, des phéromones mais également des insectes auxiliaires. Deux ans après l'introduction de la punaise «espagnole», les appréhensions des chercheurs de Mostaganem viennent d'être confirmées sur le terrain.
En effet, des maraîchers de Hassi Mamèche, d'Ouréah et de Stidia ont alerté les chercheurs qui se sont déplacés dans les cultures pour identifier un nouveau phytophage. Des larves sont identifiées comme étant celles de Nesidiocoris tenuis, la fameuse punaise censée combattre Tutta absoluta. Autre remarque de taille, sur les champs infestés, nulle trace de Tutta absoluta, ce qui, a priori, est loin d'être un paradoxe.
Dérives et mauvaises surprises
De son côté, Djamel Mahiout met l'accent sur le recours à de nouveaux pesticides présents sur le marché et que les fellahs se sont précipités à utiliser avec si peu de modération. Pour ce chercheur, les résultats semblent à la hauteur des investissements consentis, puisque la panoplie de pesticides a permis de freiner la population larvaire.
Ramenée à gros frais et utilisée sans réel contrôle, la punaise «espagnole» vient de se retourner contre ses mentors. Mais pour les chercheurs, le pire serait peut-être à venir, car ce qu'ils craignent par-dessus tout, même s'ils le disent avec beaucoup de réserves, c'est la collusion entre l'espèce locale et celle importée d'Espagne.
Très au fait de l'entomologie, Malika Boualem souligne que rien n'interdit à des insectes de la même espèce de s'accoupler et ensuite de donner naissance à une nouvelle population. Pour elle, l'existence d'une punaise locale étant avérée, il faudrait s'attendre à un échange de gènes entre les deux punaises.
Pour sa part, le Dr Mokhbi souligne que «la promotion de méthodes de protection des cultures respectueuses de l'environnement est évidemment souhaitée, d'autant que la mise au point de méthodes biologiques afin de juguler l'infestation de ravageurs comme Tuta absoluta, véritable peste pour la culture de tomate, conduit parfois les chercheurs et les firmes à proposer aux fellahs des produits et des procédures susceptibles de favoriser une espèce prédatrice de ravageurs nuisibles, ce faisant, les résultats peuvent parfois réserver d'amères surprises». Djamel Mahiout souligne «l'impérieuse nécessité de la lutte intégrée alliant méthodes biologiques et méthodes chimiques raisonnées et raisonnables». Les chercheurs redoutent l'apparition du même phénomène dans les autres zones maraîchères du pays.


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