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«Les murs font résonner l'histoire des hommes»
Publié dans El Watan le 25 - 02 - 2014

Yemma, je n'oublierai jamais le soir où tu nous as dit : ‘‘on m'a confisquée ma révolution, certains ont essayé de bafouer ma dignité, j'ai vécu dans l'oubli et le déni, mais si vous et toutes les femmes saurez préserver les pierres de La Casbah, un jour elles diront la vérité''». Les paroles sont de Houria Bouhired, fille de Fatiha Bouhired-Hattali, surnommée par ses compagnons de lutte «Oukhiti», dites dimanche après-midi au siège de l'Association des amis d'Alger «Sauvons La Casbah» (ASCA), boulevard Hahad Abderrezak, à la faveur d'une cérémonie célébrant la Journée nationale de La Casbah.
Fatiha Bouhired a été accusée dernièrement par Yacef Saâdi, ancien commandant politico-militaire de la Zone autonome d'Alger (ZAA), de «trahison» durant ce qui est appelé la bataille d'Alger en 1957. Yacef Saâdi s'était également attaqué à Zohra Drif, après avoir agressé par «le verbe» Louisette Ighilahriz des années avant. Louisette Ighilahriz, Zohra Drif, Fetouma Ouzzegane, Djamila Bouhired et la plupart des moudjahidate d'Alger étaient présentes à l'émouvante cérémonie organisée par Houria Bouhired un après-midi d'hiver.
«Le pays pour lequel vous avez lutté continue de clopiner sur une seule jambe, il aura du mal à avancer pour atteindre le futur promis, pour lequel toi, Yemma, et tes sœurs de lutte avez accepté de vous sacrifier. Je n'oublierai jamais le jour où on t'a arrêtée la première fois avec ton frère Mohamed et vous avez été torturés à mort. A la deuxième arrestation, la bête immonde en tenue bariolée (un para français, ndlr), t'as enlevée avec ta fille, ma sœur Hafida, encore accroché à ton sein. Ils t'ont sauvagement torturée, tes cris répondaient en écho aux pleurs de ta fille. Ton bébé a bien sûr assisté à son premier cours de civilisation musclée donné par les chantres de la liberté et des droits de l'homme se disant ‘‘civilisé''. Une fois leur forfait accompli, ils t'ont jetée au pied de l'ancienne muraille à l'entrée de La Casbah. Ton corps meurtri affichait les stigmates tricolores des sévices infligés. Tu dois ton salut à la solidarité de notre cité. Mohamed Sfaxi t'a ramassée comme un morceau de corps contusionné. Il t'a prise chez lui, sa femme t'a soignée. Tu ne voulais pas tarder, loin de nous, on te manquait. (…). Aujourd'hui, certains ont disparu, d'autres se souviennent et partagent ta divination, d'autres encore vivent repus, en cultivant leurs fumiers», a témoigné, les larmes aux yeux, Houria Bouhired.
L'architecte a reconnu avoir respecté ce que lui a demandé sa mère. «J'ai préservé les pierres de ta maison, celle où tu as lutté, celle qui a abrité tes compagnons. Chaque fois que je me rends dans notre maison, votre refuge, une des plaques tournantes de ‘‘la Bataille d'Alger'', je décrypte les fissures, j'interroge les murs blessés. Ils me renvoient en écho des dires et convoquent, pour moi, des ombres qui m'invitent à lire ce qui s'est passé. Ils me révèlent ce que tu as vécu. Des bribes de mots, à peine audibles, me laissent deviner ce que tu as tu. Tu es dans le ‘‘wast ed dar'', tu me regardes, tu me souris et je t'entends me dire : ‘‘Tu vois ma fille, maintenant tu sais que les murs conservent et font résonner l'histoire des hommes (…). Yemma, ta participation à la lutte d'indépendance était aussi efficace que discrète», a souligné Houria Bouhired.
Elle a invité les enfants de La Casbah, M'dinet Sidi Abderrahmane, à préserver les murs des autres maisons de la cité pour qu'ils révèlent d'autres vérités du passé. «Je suis triste de constater que d'autres compagnons sont encore ensevelis sous des amas de détritus et de gravats à La Casbah. Ils méritent plus de considération», a-t-elle appuyé. Mais qu'attend donc l'Organisation nationale des moujahidine (ONM), 52 ans après l'indépendance du pays, pour «honorer» ces martyrs oubliés ? «Oukhiti, fille de La Casbah a répondu à l'appel du pays quand il le fallait. Je l'ai connue en octobre 1956 après des opérations que nous avons menées avec Djamila Bouhired et Samia Lakhdari. Nous considérions la maison de Oukhiti comme l'unique abri sûr pour nous», s'est souvenu Zohra Drif qui a rappelé tous les grands moments de lutte à l'intérieur de La Casbah, l'organisation de la résistance, l'action des femmes.
«Les femmes de La Casbah ont été les bases arrière des combattants. Pendant des jours et des mois, elles les ont nourris, lavés et logés. Elles montaient même la garde», a-t-elle dit. Elle a évoqué les souffrances de Fatiha Bouhired après l'assassinat de son époux, Mustapha, les tortures subies par Djamila Bouhired et le passage répété des troupes de Massu à la maison des Bouhired. «Il n'y avait pas une maison à La Casbah qui n'était pas suspecte aux yeux des militaires français. Chaque famille avait un membre disparu, recherché ou arrêté», a rappelé Zohra Drif.


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