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Ces étudiants qui se battent pour les droits des étrangers
Publié dans El Watan le 18 - 06 - 2014

-Vincent Zuanella. Un Français au cœur grand comme ça :
Il a 24 ans et est sur le point d'obtenir sa licence en Design graphique à l'université de Corse. Son parcours ne laisse pas indifférent. Altruiste, toujours souriant et animé d'une volonté inébranlable, il ne mâche pourtant pas ses mots. Dans cette vie, il sait qui il est et ce qu'il veut. Et c'est pourquoi, il a rejoint Est Solidarité aux Etrangers. «Je travaille comme graphiste dans un centre social qui propose son aide à différentes associations, dont Est Solidarité aux Etrangers. C'est un ami qui m'a incité à intégrer cette association, et je ne l'ai pas regretté» explique Vincent qui a, dès son très jeune âge, voulu s'investir dans le milieu associatif et se rendre utile. Il a donc cherché pendant des années, sans pour autant trouver chaussure à son pied. Jusqu'au jour où un ami lui parle d'Est Solidarité aux Etrangers.
Mais pourquoi spécialement une association de ce genre ? «J'ai eu la chance de servir comme volontaire européen en Lituanie pendant une année, et ça m'a marqué. Aujourd'hui, même si je ne suis pas très présent lors des manifestation animées par notre association, j'essaie d'y apporter un plus» indique-t-il. Mais de quelle manière ? «Comme je suis dans l'informatique et le design, j'essaie par exemple d'améliorer le site web de l'association, de dessiner des affiches, de véhiculer des informations sur Internet. C'est ma manière à moi de soutenir ces gens qui ont besoin d'aide, et qui viennent vers Est Solidarité aux Etrangers» répond-il.
Sans préjugé aucun, c'est toujours surprenant, mais agréable, mentionnons-le, de voir un Français, étudiant de surcroît, se battre pour les droits des étrangers dans un pays qui connaît une recrudescence de racisme et de xénophobie. «Ecoutez, avant tout, je suis humain. Ensuite, j'ai la chance de ne pas avoir de stéréotypes. Même si je suis Français, la question des immigrés me touche et la xénophobie me révolte» précise Vincent qui a sa façon de voir les choses.
Descendant de grands-parents italiens d'origine et slovènes de culture qui ont immigré en France vers les années 50 pour travailler dans ses usines, il ne reste pas indifférent face à la détresse humaine. Mieux, c'est un regard froid qu'il porte sur la xénophobie et sa relation avec la crise économique qui frappe l'Europe depuis quelques années déjà. «Je ne pense pas que la France soit un pays raciste. Les résultats de différents sondages menés dans ce sens ne sont pas le reflet d'un racisme généralisé, mais plutôt d'une certaine angoisse» admet-il. Selon lui, la crise économique a fait croire à beaucoup que l'immigration est un danger. Les gens sont alors angoissés et «adoptent des discours démagogiques, tombant dans le panneau de manipulateurs assoiffés de pouvoir».
Un cliché renforcé par «les discours de certains démagogues qui profitent de cette peur, voire qui l'alimentent, pour avoir le pouvoir». Pour Vincent, une chose est sûre : «Aujourd'hui, plus que jamais, c'est nécessaire de se battre contre la peur». Allant plus loin, Vincent estime que ceux qui disent qu'il faut se replier sur soi-même parce que la situation économique n'est pas bien, ont tort. «Retournons un peu en arrière : toutes les vagues d'immigrés se sont intégrées, pas forcément en s'assimilant, mais en apportant une réelle richesse. L'immigration est une chance pour la France, autant en termes culturels qu'en termes économiques» argumente-t-il.
Conforté dans ses convictions grâce à toutes les personnes, de différentes origines, qu'il lui a été donné de rencontrer, Vincent est décidé à aller de l'avant dans sa guerre contre le racisme. «Il y a encore de l'espoir. Il ne faut pas avoir peur de la France. La France n'est pas raciste, malgré les pièges que veulent tendre des démagogues. Il y a toujours des gens qui se battent pour en faire un vrai pays d'accueil, et on n'est pas aussi minoritaires que ça» plaide-t-il d'une voix chargé d'énormément d'espoir. Brave Vincent !
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-Assia Mountassir.L'étudiante marocaine qui marche sur les traces de ses parents :
Assia a 22 ans et est étudiante en Qualité logistique à l'université de Lorraine. Elle est Marocaine. Quand elle est arrivée en France en 2005, elle n'avait que 13 ans et était en 4ème année au collège. «Mon papa est venu en France en 2004 dans le cadre d'une mission menée par le ministère marocain des Affaires étrangères pour apprendre l'arabe aux immigrés d'origine marocaine. Une année plus tard, après avoir préparé notre scolarisation, je suis arrivée en France avec mon petit frère. Ma mère était restée encore une année au Maroc» raconte-elle.
En effet, la maman, d'origine sénégalaise, n'avait pas la nationalité marocaine : au Maroc, on n'octroie cette dernière qu'aux hommes. «Mes débuts en France étaient très difficiles. Il fallait que je m'occupe de mon petit frère, que je prépare les repas et que j'étudie en même temps. Et pourtant, je n'étais encore qu'une enfant. C'était aussi difficile parce que je ne parlais pas du tout le français et puis, je ne connaissais personne. Pendant un an, je ne suis pas sortie pas de la maison. Puis quand maman nous a rejoint, ça allait un peu mieux» poursuit Assia qui ajoute que, grâce à des professeurs formidables mais aussi à des camarades qui ne l'ont jamais laissée tomber, elle a appris la langue de Molière et a même pu réussir ses années avec mention.
Depuis trois ans, Assia a une carte de séjour et s'inspire de ses parents pour prendre goût au mouvement associatif. «J'active à Est Solidarité aux Etrangers, mais j'avoue que ce n'est pas d'une manière assidue à cause du temps qui me fait défaut. Ce sont surtout mes parents qui se donnent à fond au sein de cette association, qui a eu le mérite de régulariser la situation de nombreux étrangers. Toutefois, après mon diplôme, je compte bien m'y investir mieux. Moi-même, à un moment donné, je n'avais pas ma carte de séjour. Je comprends donc aisément dans quelle situation peuvent se trouver les sans-papiers» révèle Assia qui a d'ores et déjà de grands projets pour l'avenir. «Il faut bouger. Etre étudiant, c'est aussi ça». Et ça, c'est une sorte de message qu'Assia a tenu à transmettre à tous les étudiants, où qu'ils soient. Aujourd'hui, le chemin d'Assia est encore long. Elle a encore beaucoup à apprendre, à voir et à essayer. Mais elle a aussi beaucoup à donner.
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-Holy Haingotianasoa Rasamimanana. Le souffre-douleur d'un ex-mari et une éventuelle expulsée qui a su relever tous les défis :
Avec sa petite taille, son regard un brin triste et rêveur et sa voix basse et douce comme dans une berceuse, on lui donnerait, à première vue, la vingtaine. Et pourtant, Holy a 40 ans. Malgache vivant en France depuis cinq ans, sa vie n'a pas été de tout repos. Et si, aujourd'hui, elle arrive à s'en sortir, c'est grâce à ses études, mais aussi à Est Solidarité aux Etrangers, l'association qui s'est mobilisée pour mettre fin à son calvaire et au sein de laquelle elle est maintenant une activiste chevronnée.
Arrivée de son lointain Madagascar, il y a cinq années, elle a atterri au pays de la Tour Eiffel dans le cadre d'un regroupement familial, étant mariée à un Franco-Malgache. Et ce qui fut, au départ, un beau rêve, se transforma vite en cauchemar. En France, elle a vite déchanté en découvrant que son mari n'avait rien de l'homme aimant, généreux et protecteur qu'elle croyait être. Commencent alors les coups, les insultes et une vraie torture psychologique qui la laissa souvent sans forces… ni espoir. «Mon ex-mari s'est mis à m'accuser de ne chercher qu'après les papiers. Pour lui, c'était un prétexte pour me battre violemment, m'humilier et me pousser à bout. Et, effectivement, j'étais à bout, surtout après avoir été sous le coup d'une décision d'expulsion. Je ne savais plus à quel saint me vouer et j'ai failli sombrer» raconte, d'un trait, la jeune femme qui a bien connu la face hideuse de la vie. Ségrégation, peur, désespoir, solitude…
Un jour, pourtant, sa bonne étoile a décidé d'éclairer son chemin, la guidant tout droit vers Est Solidarité aux Etrangers. «C'était des amis qui m'en avaient parlé et qui m'y ont orientée. Je n'étais pas très optimiste, au début, mais il fallait que je frappe à toutes les portes pour sortir de mon enfer. Et ce que je suis aujourd'hui, je le dois à Est Solidarité aux Etrangers. Ils m'ont défendue et aidée jusqu'à la fin. Ils ont toujours été là pour moi, m'accompagnant au tribunal, à la préfecture et faisant toutes les démarches pour régulariser ma situation en France» se remémore-t-elle, profondément reconnaissante.
Depuis une année, Holy a pu avoir une carte de séjour temporaire. Elle est actuellement étudiante à l'université de Nancy où elle prépare un BTS en Comptabilité Gestion Organisation. Mais pas seulement. Elle est aussi devenue membre actif au sein d'Est Solidarité aux Etrangers, et en passe de devenir la trésorière de cette association qui se bat pour les droits des étrangers. «Certes, c'est par gratitude, mais c'est surtout par conviction que j'ai rejoint cette association. C'est aussi par amour pour les gens qui vivent la même chose que j'ai vécue moi-même. Je les comprends, je sais ce qu'ils ressentent et c'est pourquoi, je les aide du mieux que je peux» confie Holy qui ne rate aucune réunion et ce, malgré la soixantaine de kilomètres qui séparent la ville de Nancy, où elle poursuit ses études, de celle d'Epinal où siège l'association.
Et comme chaque 20 juin, depuis huit ans déjà, Est Solidarité aux Etrangers célèbre la Journée mondiale du réfugié, cette année n'est pas en reste. Et Holy compte bien mettre la main à la pâte. En effet, à caractère spécialement multiculturel, la célébration de cette année sera marquée par l'animation de stands de différentes nationalités. Et il y en aura beaucoup. «Moi, je vais représenter le stand de Madagascar. J'exhiberai des petites babioles faites à la main, mais aussi des plats et des gâteaux traditionnels malgaches. Après, il y aura une vente et les bénéfices iront à l'association. Il y aura aussi une danse malgache» dit Holy qui saisit l'occasion pour inciter les étudiants à rejoindre les différentes associations. «Un jour ou l'autre, quelqu'un nous aide, et on doit aider à notre tour» conclut Holy qui, après des années de souffrances, est arrivée à relever tant de défis. Désormais, l'avenir lui appartient et elle compte bien se servir de son expérience pour aider les autres. Le courage, la volonté et la bonté ne sont surtout pas ce qui lui manque. Bon vent, Holy !


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