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Aminatou Haïdar. Présidente du collectif des défenseurs sahraouis des droits de l'homme : « Je suis à mon trentième jour, le cœur, les reins… peuvent lâcher à tout moment »
Publié dans El Watan le 16 - 12 - 2009

Son corps décharné, maltraité par les tortionnaires de Sa Majesté, labouré par un mois de grève, est en passe de la lâcher. Une question de jours, d'heures. Sa grève se poursuit, dans le parking d'autobus de l'aéroport de Lanzarote, dans l'archipel des îles Canaries, dans le brouhaha médiatique, dans le silence complice des grandes puissances. Cela ne semble pas trop la perturber. Sa pensée va d'abord à son peuple, à ses deux enfants, Mohamed et Hayet. C'est sa deuxième grève de la faim après celle de 2005. Une première grève, observée avec d'autres militants sahraouis, dans la sinistre prison « noire » de Laâyoune, qui a duré 52 jours. Aminatou Haïdar nous livre, dans cet entretien, ses impressions, sa version des faits. Son appel à la communauté internationale, à l'Algérie, aux Algériens. Une petite voix. La voix d'une « juste » dont l'écho résonne encore aux quatre coins du globe. Dans cette interview à El Watan, Aminatou Haïdar parle de son peuple. De ses souffrances. Elle parle du droit inaliénable de son peuple à l'autodétermination. Un droit bafoué, ignoré de la communauté internationale. Celle qui est surnommée la « Gandhi sahraouie » s'oublie, s'efface devant les drames vécus par les siens. Son peuple, contraint à l'exil, à la survie dans les camps de réfugiés, à hanter, comme elle, les patibulaires prisons marocaines ou les halls feutrés des aéroports occidentaux. Pourtant, elle a une histoire de souffrance, tout comme les milliers de Sahraouis. Un mental de fer. Une détermination à toute épreuve qui force l'admiration.
Tout d'abord, comment se porte la Gandhi sahraouie ?
J'ai un tas d'ennuis de santé. J'ai un ulcère qui ne me facilite pas la tâche. J'ai tout le temps des nausées. Je ressens une grande faiblesse. Il m'est ainsi impossible de me mettre debout toute seule. J'ai aussi une hernie discale… mais qu'à cela ne tienne : je garde malgré tout un très bon moral. Cela m'aide à résister. Pour les jours à venir, je ne réponds de rien. Si je me porte plus ou moins bien maintenant, dans un quart d'heure, je ne saurais dans quel état je serai… A ce stade de la grève, j'en suis à mon trentième jour, le cœur, les reins… peuvent lâcher à n'importe quel moment. J'espère que non…
Nous l'espérons tous… Depuis le début de votre grève, les grandes puissances, les pays de l'UE, les Etats-Unis notamment, gardent un silence complice. Elles ne semblent pas prêtes à exercer une pression sur le Maroc et l'Espagne, pour les amener à trouver une solution à votre situation. Hier encore (lundi, ndlr), la rencontre Moratinos-Clinton n'a pas donné lieu, tel qu'espéré, au dénouement tant attendu. Dans le communiqué final ayant sanctionné cette rencontre, il est dit que l'Administration Obama et le gouvernement Zapatero « allaient travailler de concert pour amener Aminatou Haïdar à arrêter sa grève ». Une telle réaction vous déçoit-elle ? Ou était-elle prévisible ?
Moi, je l'ai senti, vécu dès le départ. Les pressions qui, normalement, devraient être exercées sur le Maroc, ces puissances me les font subir à moi. Je prends cela comme un test. Je suis et reste déterminée. Ma résolution est ferme. Je m'en rends compte depuis que j'ai entamé cette grève, en Espagne, un pays des droits de l'homme, de la prééminence des intérêts économiques. Ces derniers sont décidément supérieurs aux idéaux sacrés des droits de l'homme. De toutes les façons, j'ai une confiance totale en la solidarité internationale. Je reste donc persuadée que la mobilisation des sociétés civiles à travers le monde donnera certainement de bons résultats.
Vous disiez que le Maroc voudrait vous voir disparaître à jamais…
Oui, certainement. Aucun doute là-dessus. Le Maroc veut ma mort. C'est ce qu'il veut. C'est sa gloire. L'entêtement du Maroc, sa fuite en avant ne peuvent être interprétés autrement. Il n'en est pas, à vrai dire, à son premier forfait du genre. En 2005, avec et 6 activistes connus des droits de l'homme et 30 autres détenus politiques, avons observé une longue grève de la faim à la prison Noire. Après 52 jours de grève, nous étions persuadés que le Maroc ne voulait qu'une chose : nous pousser au suicide collectif. Nous n'avons mis fin à notre mouvement que suite aux appels des associations et organisations de défense de droits l'homme, les associations marocaines y compris, qui nous exhortaient d'arrêter et de préserver, dans l'intérêt du peuple sahraoui, la vie de ses activités des droits de l'homme.
Vous invitiez, il y a quelques jours, la communauté internationale à ne pas rester impassible ou à camper dans le rôle de spectateur. Vous avez appelé la communauté internationale à faire pression sur le Maroc, à ce que des garanties soient données par ce dernier qu'il allait organiser un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux résolutions des Nations unies...
Ce qui est en train de se passer ici, à l'aéroport de Lanzarote, n'est qu'un vague aperçu de la situation dramatique, alarmante qui prévaut dans les territoires occupés au Sahara occidental. Cela reflète la situation de tout un peuple divisé en deux parties. Une partie qui vit sous le joug de l'occupation, l'autre qui vit des conditions difficiles dans les camps, à Tindouf. Des réfugiés qui survivent grâce à l'aide humanitaire internationale. Je trouve que le silence de la communauté internationale est allé au-delà de toutes les limites. Le peuple sahraoui ne peut plus le supporter. La communauté internationale ne doit pas rester indéfiniment, impassible, les mains croisées, spectatrice, devant une situation de viol caractérisé du droit international. Je pense qu'il est temps que la communauté internationale assume sa responsabilité quant au respect du droit international dans le cas de la cause sahraouie. Une cause de décolonisation. Toutes les violations commises par le Maroc renvoient en réalité au déni d'un droit fondamental, le droit à l'autodétermination. Pour mettre fin à cette souffrance, la souffrance de tout un peuple, il faudrait que les Sahraouis aient ce droit. Un droit inaliénable qu'ils doivent pouvoir exercer à travers un référendum libre et juste. Et que le peuple sahraoui décide enfin, lui-même, de l'avenir qu'il veut avoir.
Le droit de retourner dans votre pays que vous revendiquez, tout comme le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui ne sont pas indissociables ni étrangers l'un à l'autre… Le gouvernement marocain, pour justifier du retrait de votre passeport, prétexte le fait que vous ayez renié votre « nationalité marocaine ». Avez-vous, un jour, été marocaine ?
Le Maroc excelle dans l'art de la diversion. Il fuit constamment la réalité, nie le droit international. Le Sahara occidental est un territoire non autonome. Nous, comme peuple, nous n'avons pas encore décidé du destin qu'on voudrait avoir. La fiche de débarquement, telle que je l'ai remplie le 13 novembre dernier à l'aéroport de Laâyoune, ne diffère en rien de toutes les fois précédentes. La case « nationalité », je la laisse creuse, vide. Pour ce qui est de l'adresse, je mettais toujours : Laâyoune, Sahara occidental. Visiblement, après le discours royal (discours du trône, le 6 novembre), les choses prennent une autre tournure. A ce propos, relevons les nombreuses contradictions contenues dans l'attitude marocaine. Le Maroc accepte, à Laâyoune, la mission de la Minurso sous le titre de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental. Le Maroc reçoit toutes les résolutions du Conseil de sécurité, les rapports des Nations unies, sous ce titre. Il en est de même pour les rapports d'Amnesty International, Humans Rights Watch, etc. Comme gouvernement, le Maroc est à la table des négociations avec le Polisario, sous ce titre également… Je pense que c'est juste un prétexte pour nous faire taire, pour réduire au silence les voix libres, les voix discordantes du Sahara occidental. Le gouvernement marocain se trompe car il ne pourra jamais faire taire les activistes des droits de l'homme qui deviennent encore plus forts dans les situations de répression.
Le gouvernement marocain parle d'une machination, d'un complot ourdi par le Polisario et l'Algérie. Qu'en pensez-vous ?
Pour camoufler ses crimes, le Maroc s'est toujours défaussé de cette manière. S'il existe un complot, il ne peut être que maroco-espagnol. L'Espagne a accepté mon expulsion de Laâyoune, alors que celle-ci est illégale et contraire au Pacte des droits civils et politiques des Nations unies, en l'occurrence contraire à l'article 12. Pour nous, les Sahraouis, le 14 novembre est plus qu'une simple date. Le 14 novembre 1975 se tenait à Madrid la tripartite où le Maroc, l'Espagne et la Mauritanie se sont entendus sur le partage des territoires sahraouis. Le 14 novembre 2009, nous avons eu une bipartite Maroc-Espagne. Le Maroc a toujours cultivé le déni du problème sahraoui.
Les Marocains ont toujours dit que c'est une création algérienne, que les Sahraouis qui sont sous son administration sont « pour la marocanité du Sahara ». Or, notre génération à nous démontre, chaque jour, le contraire. Maintenant, ils ne savent plus de quoi nous accuser : nous sommes tantôt des agents de l'Algérie, tantôt des agents du Polisario. Je pense que ce discours est distillé d'abord au peuple marocain, peuple maintenu volontairement dans la peur et la crainte d'aborder ce sujet tabou ; l'élite marocaine n'ose même pas en parler. Ces allégations, ces accusations sont infondées. Je profite l'occasion pour saluer les efforts du peuple et du gouvernement algériens qui tendent à faire triompher la cause sahraouie. Pour le soutien inconditionnel, illimité qui nous apportent. Un soutien politique, humanitaire… j'ai dit presque la même chose lors de mon interrogatoire à Laâyoune. Orgueilleuse, je ne peux qu'être fière de ce que je suis, une Sahraouie, qui plus est fière que mon peuple se prévaut de sentir à ses côtés son grand allié, l'Algérie.
La presse internationale vous compare à Gandhi…
(Rires) J'espère pouvoir soutenir la comparaison !
Vous avez, à ce titre, toujours adopté des moyens de lutte pacifique. Dans la situation de blocage actuelle dans laquelle se retrouve le processus onusien pour l'autodétermination, comprendriez-vous que le Front Polisario recourre, de nouveau et dans un cas extrême, aux armes ?
Pour moi, comme vous l'avez signalé, j'ai choisi, comme d'autres militants des droits de l'homme, la voie pacifique, la lutte non violente. C'est ma conviction. Une question de principe. Je n'espère pas que le Front Polisario reprenne les armes, parce que la guerre n'arrange ni les intérêts du peuple sahraoui ni ceux du peuple marocain. Le peuple marocain en est aussi victime. Ceci dit, la décision définitive de recourir ou pas aux armes revient au Front Polisario, le seul et unique représentant légitime du peuple sahraoui. Moi je lance un appel à la communauté internationale pour trouver, de toute urgence, une solution pour mettre fin à ce conflit et pour ne pas pousser le Front Polisario à reprendre la lutte armée.
Un appel à lancer à l'Algérie, aux Algériens…
L'Algérie, les Algériens nous soutiennent déjà. Ils le font depuis toujours car ils sont nos frères. Ils savent la place qu'ils occupent auprès de nous. Je voudrais toutefois lancer un appel à l'Algérie pour qu'elle intensifie, accentue les efforts pour accélérer le processus de paix. Le Conseil de sécurité tergiverse et nous tous savons que c'est la France qui est derrière les blocages répétitifs. L'Algérie a, dans ce contexte, une carte à jouer. Une carte importante, une carte primordiale. La France doit être amenée à respecter la légalité internationale.


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