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«Il faut absolument désidéologiser l'enseignement»
Publié dans El Watan le 20 - 07 - 2014

-La ministre de l'Education nationale semble, dès sa prise de fonction, partir en «guerre» contre une école qui fait naufrage. Pensez-vous qu'elle a touché du doigt le mal de l'école algérienne ?
En l'entendant parler, en l'ayant rencontrée lorsqu'elle fut invitée, par le passé, par la Commission nationale des programmes, je commence à reprendre espoir pour l'éducation nationale. Je pense qu'elle met le doigt sur le mal qui ronge l'école algérienne. Et c'est en cela qu'elle dérange et que certains se sont vite mis à la critiquer. Je me suis mis à la défendre contre certains milieux qui l'ont attaquée, estimant qu'elle ne maîtrisait pas la langue arabe. Une aberration de la part de ces milieux alors qu'eux-mêmes ne parlent pas cette langue arabe classique. J'entends certaines personnes, dont l'ancien ministre Ben Mohamed, reprocher à Mme Benghebrit sa non-maîtrise de la langue arabe, alors qu'eux-mêmes ne l'ont pas parlée durant toute leur vie. En tant qu'ancien inspecteur de cette discipline, j'ai toujours dit qu'il fallait la travailler et l'améliorer pour qu'elle puisse devenir la langue scolaire, alors que les tenants de l'arabisation n'ont jamais apporté de contribution pour rénover cette belle langue. J'espère que la nouvelle ministre aura la voie libre pour mener à terme son projet ambitieux.
-De quoi l'école algérienne est-elle malade ?
C'est une question qu'il faut poser un éducateur-médecin. Vous savez, quand le président Mohamed Boudiaf était arrivé à la tête de l'Etat, il s'était intéressé rapidement à l'école qu'il avait qualifiée de «sinistrée». Il m'avait convié à la présidence de la République pour lui dire ce que je pensais du système éducatif. Je lui avais dit qu'en tant inspecteur de langue arabe, il fallait absolument changer la manière d'approcher l'arabe à l'école, parce qu'elle est la langue de l'enseignement depuis l'avènement de l'école fondamentale et la loi sur l'arabisation.
Et c'est partir de là que cela a commencé à mal marcher. Les enseignants n'étaient pas préparés. Nous avons hérité de beaucoup de choses de l'école française mais, alors que cette dernière revoyait sa manière d'envisager l'enseignement, d'appliquer l'approche par la compétence en renouvelant les programmes, nous, nous continuions à copier l'ancien modèle français. Il y a aussi l'évaluation des élèves avec une méthode ancienne, dépassée. L'évaluation, ce n'est pas seulement faire des devoirs et des examens à intervalles réguliers. Il faut rapidement passer à l'autoévaluation en leur donnant la parole. Le contrôle des élèves devrait se faire au quotidien, une évaluation en continu. Il faut absolument changer les méthodes d'évaluation.
-Mais un problème majeur reste : l'emprise de l'idéologie sur l'école et l'enseignement.
La politique et la pédagogie ne marchent jamais ensemble. La politique s'est toujours occupée de l'éducation nationale et, surtout, de manière plus que maladroite. Les ministres qui se sont succédé à la tête de l'Education nationale ne sont jamais arrivés en poste avec un programme dans leur cartable. Il faut absolument désidéologiser l'enseignement. La pédagogie est une science universelle, il n'y pas une pédagogie propre à un seul et unique pays. Il est temps de confier l'école à la science, aux hommes et aux femmes de science pour former de générations suffisamment et véritablement outillées pour affronter les défis et, surtout, former des citoyens au sens plein du terme.
-Qu'est-ce que l'approche par la compétence  ?
Si je résume, je dois dire qu'il s'agit d'enseigner dans toutes les disciplines et de faire acquérir à l'élève un savoir-faire, un savoir-être et, par la suite, un savoir-dire. Pour construire une compétence, il faut préconiser l'enseignement par projet qui est la répartition des programmes après une lecture très attentive. L'enseignant doit lire le programme officiel et, ensuite, faire le diagnostic de ses élèves au début de l'année scolaire. L'enseignant doit connaître les prérequis des élèves avant de dispenser son cours. Il est important de prendre connaissance du niveau des élèves. Si l'on continue à faire sans connaître, au préalable, le niveau des élèves qui arrivent en cours, on laissera une bonne partie d'entre eux sur le trottoir, même si M. Benbouzid essaie de les «aider» en introduisant le seuil parce que le baccalauréat obtenu avec un seuil n'a aucune qualité. La suppression du seuil décidée par la nouvelle ministre est une sage décision.
-Pourquoi la réforme de la commission de Benzaghou n'a-t-elle pas été appliquée ?
Le refus de l'application de la réforme Benzaghou est justement emblématique de la crise de l'école alors que ses recommandations étaient hautement nécessaires pour sortir l'éducation nationale du marasme. Huit mois de travail pour préparer un projet de réforme sérieux pour qu'au final, rien ne soit appliqué. La réforme n'a pas été appliquée pour des considérations politiciennes. Beaucoup de vérités dites sur l'école n'ont pas été du goût des décideurs politiques. La commission a cassé beaucoup de tabous, notamment en matière d'enseignement de la langue arabe. Elle avait dit que l'arabe était enseigné à l'école comme dans une zaouïa. Elle avait suggéré de retravailler cette langue.
-Pensez-vous que la qualité des programmes et ce qui est enseigné sont au diapason avec les évolutions scientifiques et permettent l'accumulation du savoir et des connaissances ?
Cette question me renvoie à certaines dérives dont j'ai été témoin. Du temps de Mohamed Cherif Kharroubi, il avait été décidé de supprimer l'enseignement de l'éducation technologique dès le cycle primaire. Un recul. La réforme Benzaghou avait proposé, à partir de la 2e année primaire, au moins deux heures d'éducation scientifique et de l'environnement. Cela a marché pendant une année puis, tout à coup, cela été supprimé. Le volume horaire de l'enseignement du dessin et de la musique, qui ouvre l'esprit de l'enfant, est drastiquement réduit au profit de la langue arabe. C'est une erreur de croire que c'est en augmentant le volume horaire de l'arabe que l'on va l'améliorer. C'est une énorme erreur. Et pour répondre à votre question, je dois dire que nous sommes très loin des standards internationaux, voire même régionaux. Les élèves sont tenaillés entre l'horaire fastidieux de l'enseignement de langue arabe 14 heures ─ durant les deux premières années du primaire, alors qu'il faut le ramener à 8 heures et 5 heures à partir de la 3e année. Cela permettra d'avancer l'enseignement du français à partir de la 2e année. C'est l'inflation des horaires au détriment des autres matières scientifiques et des langues étrangères.
-Faut-il introduire l'enseignement des langues étrangères dès le cycle primaire ?
Nous appartenons à un espace méditerranéen avec lequel nous devons communiquer et échanger. Nous pouvons et nous devons enseigner à nos enfants plusieurs langues. En plus de l'arabe, de tamazight et du français, il faut penser à introduire l'anglais dès l'école primaire. Je vais encore plus loin, il faut penser à enseigner les langues du pourtour méditerranéen. Nos élèves doivent maîtriser au moins trois langues.
-Ne pensez-vous pas que la méthode d'enseignement actuelle est basée plus sur ce que nous appelons communément «bourrage de crâne» ?
Absolument. C'est l'une des raisons de l'échec de l'école algérienne. Notre pédagogie n'a jamais été conçue de sorte à permettre à l'élève d'apprendre, de forger un esprit d'analyse, de synthèse, critique. Nous avons appris à l'élève algérien à lire un texte sans le comprendre. Nous n'avons pas appris à nos élèves à comprendre un discours oral. Il faut apprendre à l'enseignant à créer les situations d'apprentissage. Il faut préparer l'élève à apprendre non seulement en classe, mais aussi en dehors des cours. Nos nouveaux programmes préconisent d'enseigner le savoir, la compétence transversale, les valeurs de citoyenneté et de tolérance ouvertes au monde.
-On fait souvent le procès des enseignants en mettant en cause leur compétence, qu'en pensez-vous ?
C'est un faux procès dans la mesure où l'enseignant n'est pas fautif. Ce dernier a toujours voulu renouveler ses connaissances et s'adapter aux nouvelles méthodes. C'est la faute de la politique de formation. Au ministère, il existe bien une direction de la formation avec un budget énorme, mais qui est mise en veilleuse. La première chose urgente à faire c'est de réanimer cette direction. J'espère que la nouvelle ministre se saisira de ce dossier. Il ne sert à rien de rénover les programmes si la formation des enseignants n'est pas rénovée.
-Vous êtes en charge de l'enseignement de la langue amazighe, quel bilan faites-vous de cette expérience ?
Grosso modo, elle est enseignée en force dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira et dans quelques régions de Batna. Nous avons formé des centaines de professeurs de langue amazighe. Voilà en ce qui concerne l'implantation. Mais je dois dire que l'enseignement de cette langue n'a pas bénéficié de toute la considération nécessaire à son développement et d'un manque de soutien à la stratégie mise en place. L'Etat n'a pas mis les moyens nécessaires, alors qu'à notre niveau, nous avons mis en place une stratégie efficace.
L'un des gros problèmes a été de laisser l'enseignement de cette langue facultatif, alors qu'elle est devenue langue nationale. Il faut rendre l'enseignement de la langue amazighe obligatoire et cela passera par son officialisation. Tamazight doit être une langue officielle au même titre que la langue arabe. Il faut mettre l'Etat au pied du mur pour l'officialisation de cette langue. C'est un scandale de continuer à traiter les citoyens algériens de cette façon-là. C'est à travers l'école que nous inculquons aux Algériens les valeurs de citoyenneté. Et la première de ces valeurs est que tous les Algériens se sentent égaux, se reconnaissent dans leur Algérie. Il faut commencer par la récupération de notre histoire millénaire dans son intégralité et qui doit être enseignée.


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