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L'envers du décor brésilien (2ème partie)
Rio la belle n'arrive pas à masquer les centaines de favelas qui l'entourent telles des plaies purulentes
Publié dans El Watan le 22 - 12 - 2009

Tout n'est pas beau dans le meilleur des mondes. Le Brésil n'échappe pas à cette règle, malgré son extraordinaire vitalité, la gentillesse et l'hospitalité de son peuple. Si tout le monde est d'accord pour dire que le Brésil est la nouvelle Californie sinon plus, certains connaisseurs du pays, par contre, n'hésitent pas à être très critiques.
Certes, le Brésil n'est pas un pays du tiers-monde, « on peut y vivre très bien », disent-ils. Mais ils reconnaissent que les inégalités sont criantes. Il existe bien une institution pour la protection du consommateur appelée Procom. Les droits des petits employés sont respectés et la justice est vraiment au service du justiciable. Les femmes sont biens protégées et il y a même des commissariats qui ont été créés à cet effet. Toutefois, les inégalités sont criantes. Le système de santé publique est catastrophique. Les hôpitaux fonctionnent très mal. La médecine y est certes gratuite. Malheureusement, il faut avoir de l'argent pour pouvoir se soigner.
A cela s'ajoute une bureaucratie extrêmement paralysante. A cause de la paperasse exigée, il faut par exemple une année pour pouvoir se marier. L'école publique n'échappe pas au délabrement. L'enseignement privé est de qualité, mais n'est pas à la portée de n'importe quelle bourse. Un résident de Brasilia nous affirmé qu'il paye 1200 dollars/mois pour la scolarité de sa fille. La sélection est rude. L'école est classée en 5 catégories : A, B, C, D et E. Lula s'est bien battu pour favoriser le renforcement de la classe C, c'est-à-dire les couches moyennes. Mais les classes D et E restent les laissés-pour-compte du système.
Même l'agriculture pose problème. La terre appartient à ceux qui la travaillent, mais la commercialisation des produits agricoles est sous le contrôle des multinationales. Heureusement que pour soutenir les plus pauvres, l'Etat subventionne le riz, les haricots, le sucre, le lait et le pain, qui sont des aliments de base. Un diplomate européen rencontré chez un ami est, lui, très réservé à l'égard du Brésil. « Il faut voyager à l'intérieur du pays, dit-il. Vous verrez que ce pays est encore sous-développé. Rio de Janeiro et Sao Paulo ne reflètent pas le Brésil réel. » Il cite l'exemple d'un ami à lui qui s'est fracturé la main : « Il a attendu 5 jours pour recevoir les soins nécessaires. Moi-même je n'ai pas pu avoir les soins adéquats à l'hôpital militaire où j'ai été me faire soigner en tant que diplomate. Je considère que le Mexique est plus développé. » « C'est vrai que Lula a beaucoup de charisme, reconnaît ce diplomate. Il est intelligent. Il a beaucoup fait pour les pauvres. Mais il y a beaucoup de taxes. La pauvreté alimente la criminalité. »
Pour ce diplomate, les taux d'intérêt bancaire sont exorbitants et reflètent le sous-développement du pays. Il sont de 3% par mois et de 15%/an, ce qui n'est guère fait pour assurer un décollage économique sûr. La faute, explique-il, incombre aux militaires qui ont abandonné le pouvoir en laissant derrière eux une inflation de 50% et ont lancé des projets qui n'ont jamais abouti. Malheureusement, les autorités ont échoué contre les inégalités, pour ne pas dire qu'elles entretiennent certaines d'entre-elles. Qu'on paye ! Le Sénat compte 81 membres. Ils ont un salaire à vie de 15 000 dollars/mois, sans compter d'autres indemnités aussi exorbitantes. Un universitaire a constaté que le Sénat emploie 8 travailleurs pour un sénateur, entre femme de ménage, serveurs et autres. Une aberration à laquelle personne ne songe à remédier.
Démission de l'état
Est-ce là que se trouve le talon d'Achille du Brésil ? Les iniquités peuvent-elles être source de colère, de corruption et de violence ? Car, autant l'Etat se consolide sur les plans économique et politique, autant il est incapable de faire face aux fléaux qui gangrènent la société. C'est vrai que Lula a hérité des écuries d'Augias en la matière et ce n'est pas de sitôt que le grand nettoyage sera fait. Le pourrissement a atteint certaines institutions à l'époque du pouvoir des militaires. Aujourd'hui, la moitié des policiers sont liés au grand banditisme. Une étude très sérieuse a montré que 50% des policiers sont en réalité des bandits. Des militaires, des pompiers, des flics jouent aux miliciens dans les favelas. Ils prélèvent à leur profit des taxes sur l'eau, la télévision et d'autres choses encore à une population qui ne bénéficie d'aucune protection de l'Etat. Rio la belle, avec ses magnifiques plages, n'arrive pas à masquer les centaines de favelas qui l'encerclent telles des plaies purulentes.
Chaque favela (elles sont plus d'un millier) est dirigée par un gang, lequel désigne une sorte de « maire » assisté de truands pour faire la loi. Ils sont si puissants et influents que l'Etat n'a pas pu imposer une loi interdisant la vente libre des armes. Ils possèdent même des armes lourdes. Cela a été vérifié récemment lors d'une guerre entre deux gangs à Rio. Un hélicoptère de la police a été abattu et quatre de ses occupants tués lors de l'opération. Aucun coupable n'a été arrêté. Il n'est pas question pour un touriste ou un journaliste de visiter une favela. C'est strictement déconseillé. « Vous pouvez y entrer, nous a-t-on dit, mais vous n'en sortirez jamais, sauf si vous êtes pris en charge par un gang. » Ainsi, la prospérité brésilienne n'arrive pas à être accompagnée par une lutte réelle contre le bandistime. Le pays a fini par s'accommoder de 50 000 morts par armes à feu par an.
Le gouvernement est-il ligoté par un quelconque phénomène ? Il se dit que les écoles de samba sont financées par la mafia. Et sans la samba, il n'y a pas de carnaval de Rio. Un carnaval prestigieux qui attire des millions de fans du monde entier et que personne ne voudrait voir disparaître.Tout le monde y trouve son compte, y compris les touristes auxquels l'association brésilienne de l'industrie hôtelière recommande dans une brochure distribuée à chaque visiteur les conseils suivants : « Ne portez pas votre passeport sur vous. Il n'y a pas besoin de le faire, emporter la photocopie suffira. » « Changez toujours votre argent pour la monnaie locale, le real. Evitez l'utilisation des guichets automatiques hors des centres commerciaux ou des banques. » « Evitez de porter de grandes sommes d'argent. Les cartes de crédit sont très répandues et acceptées. » « Ne portez pas de bijoux ou de montres de valeur. Gardez vos bijoux et objets de valeur dans le coffre de votre chambre. » « Pour votre sécurité, en cas de perte des clés, informez immédiatement la réception. » « En sortant, portez vos appareils photo ou vidéo dans un petit sac. » « A la plage, ne jamais laisser vos objets personnels. » « Pendant la nuit, promenez-vous sur le trottoir. Ne marchez pas au bord de la mer. » « Pour les taxis, demander toujours à la réception de l'hôtel. »
Malgré ces conseils de prudence, une personne de passage à Rio, Sao Paulo ou Brasilia n'a pas du tout l'impression d'être en situation d'insécurité. Jamais on ne remarque une quelconque agressivité chez le Brésilien. Il est toujours affable, souriant. Les chauffeurs de taxi, contrairement à ce qu'on voit ailleurs dans le monde, ne sont pas des arnaqueurs. Comme le Christ qui ouvre les bras du haut du Pain de Sucre à ceux qui débarquent à Rio, le Brésil reste une terre d'accueil pour tous ceux qui s'y rendent.


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