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Le pacte des lâches
Publié dans El Watan le 06 - 06 - 2015

Et leurs assauts meurtriers ! Palmyre, cité antique riche de par son patrimoine architectural ou ce qu'il en reste, tombe entre les mains de Daech comme si elle tombait dans la broyeuse de la désolation. Il y a peu, le musée Bardo, à Tunis, fit les frais d'une incursion terroriste dont les détonations nous rappelèrent que les fanatiques n'apprécient guère les Beaux-Arts.
Une démonstration de plus après leur vénéneuse ruade sur Tombouctou, où des monuments répertoriés au patrimoine universel s'écroulèrent sous les coups de boutoir d'une haine irascible.
A Tombouctou, toujours, des manuscrits ayant résisté à l'ingratitude des hommes finirent par disparaître entre les flammes…
La bêtise humaine a la malice de s'exprimer pernicieusement, sans discontinuer, avec ou sans préavis ! L'hydre terroriste qui avait mis l'Algérie à feu et à sang refuse de rendre son dernier soupir. Au plus fort de son diktat, elle interdisait aux enfants de prendre le chemin des écoles. Mieux, les fanatiques prenaient un malin plaisir à incendier et détruire les enceintes scolaires. Cependant, on se contente vite des victoires de la veille pour relâcher béatement notre vigilance.
Baghdad du temps de sa splendeur, au moment où elle rayonnait encore avec son «Beyt el-Hikma» (Maison de la Sagesse), fut déjà un foyer des porteurs de la décadence. Pour exister, dominer et sévir, ils commencèrent par vider la cité de ses livres et de ses fervents penseurs, exilés ou assassinés. Le temps a passé. Le pillage de la bibliothèque de Mossoul eut lieu juste après la chute de Saddam, en 2003, et cela a recommencé en juin 2014 quand Daech fit main basse sur la ville où brûlèrent des livres séculaires ! Il y a plusieurs siècles, la bibliothèque d'Alexandrie connut un désastre pareil et les historiens supputent un possible crime culturel.
Et, puisque nous y sommes, le 7 juin 1962, un commando de l'OAS, ivre de haine et convaincu de l'impunité de son funeste acte, assiégeait la Bibliothèque de l'Université d'Alger. «Les singes sanglants de l'OAS», disait celle qui vient d'entrer au Panthéon : je nomme Germaine Tillion. Après une semaine d'accalmie dans la capitale, les sbires de Salan et Zeller repartirent à l'attaque. La sinistre politique de la «terre brûlée» ne devait rien épargner. Les hommes. Les édifices. Et les livres.
S'attaquer à une bibliothèque était tout un symbole. «Tel acte, telle idéologie !», aurait dit Goethe. L'autodafé eut lieu à midi quarante, raconte Yves Courrière. Des bombes entreposées dans l'enceinte universitaire rompirent la trêve décrétée quelques jours plus tôt. Puis la touffeur de cette journée fut aggravée par les flammes dévorant des rangées de livres, documents et tout un fonds archivistique irremplaçable. «600 000 volumes», annoncèrent les quotidiens France-Soir et Le Monde.
Et on pouvait lire dans un entrefilet paru dans Le Figaro du lendemain : «La chaleur dégagée par le foyer était telle qu'on ne pouvait approcher à moins de cent mètres». Tandis qu'Yves Courrière encore précisait : «Et l'on criait de joie !». Après 132 ans d'un colonialisme abject, la der des der revint aux fanatiques contre le sanctuaire du Savoir. En clair, l'OAS refusait de voir l'Algérie indépendante, niait les Accords d'Evian, allait à rebours de la logique de l'Histoire, tentait de gâcher la fête de la victoire ! «Un mémoricide», clame enfin l'écrivain Amin Zaoui.
Dans chaque livre qui voit le jour, il y a au moins une idée qui permet de mieux appréhender la vie et d'apprécier davantage notre passage terrestre. Le livre a ses vertus et les mots leur virtuosité. Ils caressent nos sens, remuent nos méninges, traquent la vérité et lorgnent le meilleur pour l'individu et la collectivité.
Cet agréable chatouillement de nos sens hisse le livre au rang de compagnon à part entière, silencieux mais riche en propos. Les autres vivent dans la haine de leur prochain. Leur seul livre est ce que leur dicte leur vanité. Comme en Europe auparavant quand, par exemple, des Allemands attaquèrent, en 1914, la Bibliothèque de Louvain, en Belgique. L'attaque fit perdre à la ville et à l'humanité un pan important de son patrimoine. «Dans les rues, sur tous ces débris qu'il faut escalader avec peine, et plus loin jusque dans la campagne, le vent a disséminé des feuilles de livres et de manuscrits à moitié consumés», témoignaient les survivants.
Le siège de Sarajévo dura quatre ans, de 1992 à 1996. Plusieurs édifices étaient ciblés. Le Parlement de Bosnie en premier lieu fut incendié. Puis des lieux de vie : bâtiments, routes, villages… Puis les sièges culturels goûtèrent aux assauts des milices de Slobodan Milosévic. Détruire est toute une inculture ! En Afghanistan, en 2001, les Bouddhas géants de Bamiyân furent dynamités sans état d'âme.
Les Inquisitions catholique, islamiste ou matérialiste logent sous le même toit et abhorrent la réflexion, l'art et la beauté. Les unes et les autres ont un dénominateur commun : elles sont dépositaires d'une haine – et son corollaire, la violence – qu'elles se transmettent en héritage disgracieux. Elles prétendent détenir la vérité absolue. Aux autres donc d'écouter et d'obéir !
Tout ce qui peut améliorer la condition des hommes leur reste aux travers de la gorge
Le livre continue malgré tout à faire ses preuves dans la transmission de la pensée et des expériences de la vie. Il parle aux sens, s'adresse au cœur, remue l'âme. Il est une fenêtre qui donne sur l'inconnu, lève le voile du merveilleux. T. D. * Romancie


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