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Quand les chaînes algériennes se vautrent dans le populisme
Publié dans El Watan le 01 - 10 - 2015


Télévisions privées ou juges inquisiteurs ?
Pour gonfler leur audimat, certaines chaînes privées jouent un air connu et adoptent une posture familière : celle des présentateurs qui se vautrent dans les parfums du populisme, de la misogynie et parfois de la bigoterie. S'il existe quelques bons concepts d'émissions et des débats qui tranchent avec le style de l'ex-Unique, l'ensemble des programmes reste décevant. Zoom sur trois émissions qui dénient à ces chaînes toute prétention au sérieux.
Le tribunal : tous coupables ?
Le générique bourdonne, tadam, tadam…le plateau est sombre et l'ambiance austère. La présentatrice, chignon parfait et air pincé, fait mine d'hésiter pendant que les noms des invités potentiels défilent sur l'écran. Une fois dévoilé, l'invité jure de dire la vérité avant d'entrer dans la lumière. Après un bref portrait de l'intéressé, un gingle retentit, une voix annonce avec emphase : «Vous êtes accusé !» S'il y a une émission qui résume l'esprit des chaînes privées, ce serait bien celle-ci : dans «El Mahkama» (le tribunal), diffusée sur El Chourouk TV, les invités sont jugés coupables et doivent, tout au long du programme plaider leur cause. Parmi les personnalités ayant accepté de se prêter au jeu, figurent notamment Madani Mezrag, Rachid Nekkaz, Naïma Salhi ou Rachid Boudjedra.
L'émission a quelque chose de surréaliste. Face à Madani Mezrag, la présentatrice, qui s'évertue à camper le rôle de juge inquisitrice, verse dans le cabotinage. Le chef terroriste arbore un sourire en coin et prend aisément le dessus : «Vous faites erreur Madame, le port des armes n'a jamais été une faiblesse. Bien au contraire, depuis la nuit des temps, les armes représentent l'honneur suprême pour celui qui les porte et les utilise à bon escient.»
Face à Rachid Boudjedra, les questions posées sont du genre : «Et si votre fille était homosexuelle ?», «Est-il vrai que vous n'avez jamais mis les pieds dans un cimetière, pas même pour l'enterrement de votre mère ?» et, «Est-ce que vous croyez en Dieu et en son Prophète ?». L'auteur de L'escargot entêté s'avère un bon client, affichant un athéisme assumé et décrivant Ahlam Moustghanemi comme une «auteure pour adolescentes». «Pourquoi ne comprenons-nous pas vos écrits», interroge la journaliste. «Parce que vous n'en avez pas le niveau !», répond, avec simplicité, l'auteur.
«La ligne orange» dépasse les limites
Tout le monde est coupable, si l'on on croit certaines caméras. Il n'y a qu'à voir l'émission «La ligne orange» sur Hoggar TV pour s'en convaincre. Dès le générique du début, la direction de la chaîne tente de prendre des distances avec le programme tendancieux de «La ligne orange». «Ce qui est diffusé sur cette station, est-il noté en début d'émission, ne représente pas une opinion personnelle ou la conviction personnelle de la station ni du groupe de travail ni du présentateur du programme, mais une transmission objective des avis et des opinions contraires des intervenants.
Avec notre respect à tous ceux dont le nom est cité, positivement ou négativement, dans cette émission». Le problème réside dans le fait que, contrairement à ce qui est annoncé, l'avocate et la psychologue, qui interviennent dans l'émission, sont souvent du même avis Le programme, prévient-on, est interdit aux plus jeunes et aux âmes sensibles. Un numéro consacré aux «dangers de l'homosexualité en Algérie» donne à voir un pays au bord de la catastrophe à cause du comportement jugé «irresponsable» de quelques «inconscients». Pour étayer ces dires, les concepteurs de la chaîne n'hésitent pas à sortir violons, tambours et cymbales.
Et «El oustada» Zahra Fassi, à la fois sociologue et psychologue de l'émission, d'affirmer : «Nous pouvons dire que ce sont des personnes qui ne sont pas conscientes de la réalité, de leurs comportements ou de ce qui leur arrive.» Et l'imam d'ajouter : «Le Coran les a qualifiés de criminels et d'ignorants (…) Seul le diable peut permettre de s'éloigner de la ligne droite.» Et le présentateur de ponctuer chacune de ses phrases par un gingle menaçant. Une ombre présentée comme celle d'un homosexuel algérien raconte, de manière caricaturale, son entrée dans ce «monde» : sa main dessine des gestes outrageusement efféminés, la voix est exagérément fluette et le témoignage plutôt inintéressant.
Dans un numéro consacré aux filles-mères auxquelles Zahra Fassi refuse d'attribuer le qualificatif de «mère célibataire» car elles ne seraient, à ses yeux, «ni mères ni célibataires», l'émission tangue entre victimisation excessive et accusations. Et dans un numéro consacré aux codes vestimentaires des jeunes, il décrit le style vestimentaire des jeunes la mode en ces termes : «Rouge, jaune, rose sont les couleurs de leurs vêtements. Un hérisson, une crête de coq est la coupe de leurs cheveux.
Des chacals et des serpents sont tatoués sur leurs épaules… Les dénominations sont nombreuses mais l'objectif est le même : je veux être à la mode.» Cela aurait été sans doute plus crédible si le présentateur qui raille la mode des jeunes n'avait pas mis, ce jour-là, une ridicule cravate orange sur une chemise noire plutôt trendy.
"Derrière les murs" : la maman ou la traînée ?
«Derrière les murs», émission diffusée sur la chaîne Ennahar TV, on propose de laver le linge sale en public, en présence d'un avocat et du célèbre imam cathodique, cheikh Chamsedine. L'un des numéros ayant fait le buzz et véritable exemple des stéréotypes que véhicule la chaîne concerne l'histoire de Fatiha, jeune femme divorcée, dont le mari refuse de reconnaître la paternité de sa fille aujourd'hui âgée de cinq ans.
L'émission se déroule en deux temps, dans lesquels Fatiha passe du statut de victime, battue par son mari et rejetée par les siens, à celui de femme indigne. Elle raconte d'abord son divorce, le refus de son mari de reconnaître le fruit de leur union malgré les confirmations du test ADN, les coups qu'elle a reçus et les récriminations de ses proches qui, du fait de son statut de femme divorcée, l'accusent d'avoir jeté l'opprobre sur sa famille.
Fatiha se dit aujourd'hui sans ressources et menace de se suicider, avec sa fille de 5 ans, si elle n'obtient pas justice. «La justice l'a rendu coupable de coups et blessures. Il a été condamné à deux ans de prison. Lorsqu'il a fait appel, la cour a finalement jugé qu'il était innocent et cela malgré toutes les preuves médicales», affirme-t-elle. Cheikh Chamsou se met vite dans la position de celui qui en a vu d'autres. Il interroge : «Nous bâtissons notre point de vue sur vos déclarations. Croyez en Dieu et dites-nous la vérité. Cet homme vous a choisie pour s'unir avec vous, il était heureux de vous épouser. Comment expliquer son revirement ? Comment un homme peut-il renier le fruit de ses entrailles ?»
Le retournement de situation s'opère lorsque l'invité surprise de l'émission, qui n'est autre que l'ex-mari de la victime, intervient sur le plateau : il accuse son ex-femme d'avoir fréquenté les cabarets. S'ensuit un mélodrame, où le tragique le dispute à l'insensé. Fatiha voit pointer des doigts accusateurs de tous les présents du plateau. «Que faisais-tu dans les cabarets ? Mes parents m'ont mis à la rue, répond-elle». Et au Cheikh cathodique d'asséner : «Nous avons reçu une jeune fille qui a été rejetée par tout le monde, elle a passé ses nuits dans les rues près des commissariats n'a jamais les pieds dans un club !»
Pour se défendre, Fatiha se libère — un instant — de son visage larmoyant, elle élève la voix et harangue les présents sur le plateau. Faut-il donc qu'elle soit dans la position de la femme victime ou la femme vipère ? «Je demande mon droit et celui de ma fille», clame Fatiha. Lui jetant un regard sévère, Cheikh Chemsou tranche : «La garde de l'enfant, comme la pension, reviennent à la femme vertueuse !» La belle quitte le plateau en pleurs. Dans un sursaut de lucidité, l'ex-mari lance : «Arrêtez, nous ne sommes pas dans un tribunal !»


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