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La Nation et ses militaires
Publié dans El Watan le 28 - 02 - 2016

L'actualité internationale n'a de cesse, ces derniers temps, de nous interpeller, d'une manière directe ou indirecte, sur la place qu'il conviendrait de donner à l'armée et au rôle à lui assigner au sein de la nation, d'une manière générale, tant les défis sécuritaires présents, de par leur nature, transcendent les moyens traditionnels affectés par les Etats à cet effet. Chez nous, certains discours politiques, autant que certains événements ne sont pas sans placer, tout autant, cette institution au cœur de l'actualité nationale. Quoique les formes diffèrent, le lien causal est présent.
De l'interrogation sur la nature de l'Etat national au traitement dont font l'objet certains officiers remis à la vie civile. Il en est ainsi du cas d'espèce que représente l'internement du général Benhadid Hocine et de sa décision d'observer une grève de la faim. A plus d'un titre et, en toute logique, cette situation n'est pas de nature à laisser indifférent qui que ce soit, civil ou militaire, cadre ou ouvrier. A fortiori, ses camarades, qu'ils soient en activité de service ou à la retraite, qui ont tous en partage certaines valeurs inculquées par le métier des armes et, quoique à des degrés divers, l'obligation de réserve.
Les officiers à la retraite sont certes soumis à cette obligation, mais garder le silence, au moment où un frère d'armes est en train de mourir à petit feu, parce qu'on lui a refusé le droit d'être entendu et jugé comme le stipulent les lois de la République, ne serait-il pas un déni à ces valeurs qu'ils ont fait leurs en tant qu'anciens officiers en faisant de l'honneur et de la solidarité entre frères d'armes la pierre angulaire de leur premier serment ?
Ne devons-nous pas nous rappeler que les officiers, aujourd'hui à la retraite, ont été les actifs d'hier, comme ceux, en activité aujourd'hui, seront les retraités de demain.Telle est la règle universelle qui régit les armées et tel est le destin de ceux qui, par vocation, conviction et engagement ont embrassé la carrière militaire, souvent à un âge où les choix fondamentaux n'étaient pas évidents. Il en est ainsi du général à la retraite Benhadid Hocine qui, à 17 ans, prit son destin en main et, comme tant d'autres moudjahidine et martyrs, est allé rejoindre la valeureuse Armée de libération nationale (ALN). Dans les rangs de son héritière légitime, l'Armée nationale populaire (ANP), il a participé, à l'instar de ses compagnons, à toutes les missions de défense de la Patrie, de lutte contre les hordes intégristes, d'édification nationale et d'éducation des jeunes générations.
Ils ont, avec à leurs côtés les véritables patriotes que compte la Nation, au prix de leur sang et de leur sueur, fidèles au serment qu'ils ont fait à la Patrie, au nom de nos chouhada, fait rempart à tout ce qui était de nature à menacer notre intégrité territoriale, les institutions de la République et les valeurs de Novembre. Il en a été ainsi hier, il est de même aujourd'hui et il en sera ainsi demain. Tel est l'authentique message de Novembre 54 et – une certitude –, ils lui resteront fidèles, advienne que pourra.
Que ceux qui se sont convertis au nationalisme au rabais, profitant du confort que la sécurité désormais retrouvée leur offre, méditent sur ce qu'aurait pu être cette Algérie sans ces hommes, de la trempe de l'interné d'El Harrach et de tant d'autres, qui, par l'humilité et par la décence qu'ils ont érigées en culture – autant dire en état d'être –, ont choisi de faire profil bas et de se taire, laissant faire les amnésiques… Ils se sont tus.
Il s'agit d'une option. Ils ne veulent pas voir leur pays en ruine. Les images de la décennie noire les hantent et celles de la Libye, de la Syrie, du Yémen et de l'Irak, pour ne citer que ceux-là, sont là pour leur rappeler, au quotidien, qu'ils ont fait le bon choix.
Toutefois, face aux voix, qui s'élèvent d'un peu partout, pour vouer aux gémonies, d'une manière systématique et particulière, tout ancien officier qui, d'une manière ou d'une autre, ose faire preuve d'outrecuidance, souvent à bon escient, pour dénoncer un fait, un geste, a fortiori, une politique, leur silence ne peut que prendre les allures d'un manquement à leur propre code d'honneur, voire les contours d'une trahison.
La parole critique, au-delà de ses formes, parfois éthiquement condamnable et de son objectivité relative, ne saurait, quel que soit le motif, admettre autant de vindicte et d'opprobre, encore moins autoriser un usage aussi abusif de la force. Et ce n'est pas parce que le pouvoir politique en dispose en toute légalité qu'il faille aller jusqu'à pousser ses contradicteurs à recourir au suicide, en leur refusant ce que la loi fondamentale de la République leur garantit.
A contrario, à ses thuriféraires, tout est permis, y compris l'insulte de ceux qui ont fait du service de la Nation un sacerdoce. C'est à tort que les premiers soient catalogués ennemis. Ils ne le sont ni ceux du pouvoir, encore moins de la Nation. Il leur arrive tout juste d'exprimer un avis parfois divergent en tant que citoyens, dans les formes qui sont les leurs. Que l'on ne focalise pas sur la manière… L'armée les a ainsi forgés ou, pour faire plus soft… formatés.
A défaut, une question se pose.
L'exercice de la politique serait-il devenu le monopole de ceux qui, pour s'être abreuvés aux auges de la rente, n'ont d'autre choix que de louer les mérites de leurs maîtres du moment ? Ce serait insulter l'intelligence de ces derniers que de croire qu'ils ne sont pas sans savoir que ces laudateurs feront de même, demain, avec les nouveaux arrivants. Telle est leur nature.
L'horizontalité est leur posture, et le jappement leur mode d'expression. Même lorsqu'ils tentent l'ascension, ils empruntent aux reptiles leur mode de locomotion. Rien n'est de trop pour contenter le maître de céans. Le strapontin est leur idéal. Ils sont aux tenants du pouvoir ce que le lierre est au chêne. Pour autant, le pouvoir a-t-il besoin d'abattre tous les chênes pour que, de sa hauteur, il puisse admirer le lierre. Il lui suffit de baisser bien bas les yeux, le parterre en est jonché.
La pensée est par définition dialectique.
D'où qu'elle émane, elle ne saurait ne pas admettre sa mise en débat. Et c'est parce que le peuple l'a revendiquée que la liberté d'expression a été constitutionnellement consacrée. A l'évidence, il ne pouvait en être autrement, s'agissant de descendants de Gaïa, de
Massinissa et de Jugurtha ; d'un peuple qui a enfanté Novembre 54 et d'une Nation enfantée par Novembre 54. Alors, pourquoi s'acharner contre un général qui, somme toute, a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas ? Est-ce pour faire taire toute la corporation d'officiers retraités ? Lorsqu'on voit la liberté que prennent certains parvenus sur la scène politique nationale pour critiquer et les individus et les institutions, nous sommes en droit d'affirmer qu'il s'agit bel et bien de ça. Pourquoi ce qui est permis aux autres devient subitement illicite lorsqu'il s'agit de cette catégorie de citoyens ? Interrogeons-nous alors sur le sens à donner à la citoyenneté et à leur égalité constitutionnellement consacrée.
En tout état de cause, si l'intention des décideurs est de leur imposer le silence, un seul général, même mort de faim dans sa cellule d'El Harrach, ne saurait atteindre le résultat escompté. Qu'il me soit permis de dire à tous que les officiers de la République, fussent-ils à la retraite, ne sauraient, en aucune manière, être assimilés à un produit marchand politique. Que ceux qui ont fait de la politique un métier, par vocation ou par effraction, sachent que les généraux auxquels ils s'en prennent aujourd'hui ont été là, jeunes officiers, debout, lorsque l'Etat et la République démocratiques vacillaient et, qu'à l'horizon, pointaient le khalifat et le salafisme. Sans eux, et sans le front nationaliste qu'ils ont contribué, dans une large mesure, à fonder avec tous les Patriotes de ce pays, d'aucuns n'auraient pas vécu assez pour pouvoir à présent verser dans leur lexique politique des termes, pour, pensent-t-ils, mieux haranguer les foules qu'ils croient asservies et amnésiques. Il en est ainsi de l'euphémisme «Etat civil».
Est-ce pour ne pas dire «dictature» qu'ils y ont recouru, sachant pertinemment que le peuple est conscient qu'il n'en a jamais été ainsi en Algérie ? Les chouhada d'hier et d'aujourd'hui ne se sont pas sacrifiés pour que l'Algérie indépendante le soit et les moudjahidine qui, depuis le recouvrement de l'indépendance nationale président aux destinées du pays, ne l'auraient jamais permis. Sur un plan théorique, dans la philosophie politique, on n'oppose pas «Etat civil» à «Etat militaire». Pour s'en convaincre, la compulsion de l'œuvre monumentale de John Locke est fort indiquée à ces apprentis politiciens pour que les concepts auxquels ils pourraient avoir recours soient mis à l'endroit.
Que la rente fascine, ceci relève d'une lapalissade, car ce qui est valable chez les autres, l'est aussi chez nous, quoique les formes et les niveaux diffèrent.
Néanmoins, que ceux qui en ont fait une source de revenu et une raison de vivre sachent que son bénéfice induit une contrepartie qui, souvent, n'est d'aucune compatibilité avec les règles les plus élémentaires de la morale, de l'éthique et de la dignité humaine. Qu'ils la pratiquent à leurs aises, mais qu'ils laissent l'Armée Nationale Populaire en dehors de leur champ de prédation. Qu'on ne confonde pas Etat et régime, et armée et milice.
L'Algérie, depuis le recouvrement de son indépendance, n'a jamais autant ressenti le besoin de disposer d'une armée forte et unie.
La préservation de cette institution passe inéluctablement par celle de sa composante humaine – en activité et à la retraite – dont les officiers constituent la colonne vertébrale. C'est en effet vers eux que, lorsque la Nation aura besoin de tous ses fils, que son regard se portera. Inéluctablement, ils répondront présent à son appel, y compris ceux qui, parmi cette cohorte, à l'instar du général Benhadid Hocine, sont privés de leur liberté.
Que la raison l'emporte sur les passions.
Les hommes passent. Nous sommes tous mortels. Aucun cavalier n'a été enterré sur le dos de sa monture, dit le proverbe.


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