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Première célébration nationale du 19 mars 1962 à Paris
Publié dans El Watan le 27 - 03 - 2016

19 mars 1962. Il y a 53 ans, plus d'un demi-siècle déjà ! A midi précise, le cessez-le-feu entrait en vigueur en Algérie. Il avait été décidé d'un commun accord, la veille même, par les deux délégations qui négociaient à Evian, au nom du gouvernement français et au nom du Front de Libération Nationale algérien.
Cette décision de faire taire les armes, elle arrivait après sept ans et cinq mois d'une guerre féroce qui opposait l'armée française et les combattants nationalistes algériens. Ces derniers avaient proclamé, dès le déclenchement de la lutte en 1954, «qu'ils luttaient pour la libération d'un pays occupé depuis 124 ans par un Etat français oppresseur et colonisateur».
La France avait aussitôt répondu «qu'elle défendrait l'unité de son territoire national dans les départements français d'Algérie, en luttant contre le terrorisme du FLN, inspiré par des puissances étrangères».
Lors de sa visite à Alger en décembre 2012, François Hollande a tenu à dire, au nom de l'Etat français, combien la conquête puis l'occupation et la colonisation de l'Algérie, de 1830 à 1962, avaient coûté de souffrances et d'indignités aux populations de ce pays, et particulièrement lors de la guerre de l'indépendance. Il a dit aussi combien, durant cette longue période historique de 132 ans, l'Etat français avait sans cesse piétiné, sur le sol algérien, les plus hautes valeurs de notre pays, celles-là mêmes qu'il a érigées en devise : la liberté, l'égalité et la fraternité.
Le président français a également dit à Alger, devant le gouvernement et le Parlement algériens, que ce n'était pas au peuple français d'aujourd'hui d'assumer la responsabilité de cette longue tragédie. Mais qu'il fallait que cela fût dit et reconnu, de la manière la plus solennelle, par celui qui, par fonction, incarnait la continuité de notre Etat : le président de la République.
Fidèle à ce devoir de vérité et de mémoire, François Hollande avait aussi précisé que cette terrible responsabilité de l'Etat français ne saurait davantage rejaillir sur les populations européenne et juive de l'Algérie coloniale qui ont été, elles aussi, les victimes de ce système inique.
Victimes, elles l'ont été parce que placées par l'Histoire dans une situation où elles incarnaient de fait, pour les Algériens, l'insupportable domination de la France, source de tension permanente et de révoltes récurrentes et meurtrières.
Nombre de ces Français d'Algérie, même s'ils sont restés minoritaires, ont pourtant tenté, à travers les décennies, de réformer de l'intérieur le régime colonial, en prenant appui sur des dirigeants français d'envergure comme le furent Napoléon III en 1867, Georges Clémenceau en 1919, Léon Blum en 1936 ou Charles de Gaulle en 1944.
C'est pourquoi, lors d'une visite faite à Alger en 2006, celui qui n'était encore que le premier secrétaire du PS s'est incliné sur la tombe de l'un de ces «libéraux» : l'ancien maire d'Alger, Jacques Chevallier, ministre de Pierre Mendès France, qui n'a pas quitté l'Algérie jusqu'à sa mort en 1971. D'autres ont incarné plus fortement encore leur rejet du système colonial en rejoignant les rangs des nationalistes algériens. François Hollande a rendu hommage à l'un d'entre eux, le jeune mathématicien Maurice Audin, enlevé et torturé par l'armée française en 1957. Il l'a fait, en décembre 2012, au nom de la République française, en déposant une gerbe sur la place qui porte aujourd'hui à Alger, le nom de ce jeune Pied-noir.
Victimes du système colonial, ces populations françaises d'Algérie ont aussi souffert dans leur chair de la guerre d'indépendance à laquelle les populations algériennes payaient pour leur part, bien plus lourdement encore, un terrible tribut. Comment ne pas évoquer ici cet appel angoissé à la trêve civile, lancé par Albert Camus, fils éminent de cette terre d'Algérie, à toutes les forces combattantes, en présence de dirigeants indépendantistes comme Amar Ouzegane et Ferhat Abbas ? C'était à Alger, en janvier 1956, il y a 60 ans !
Mais ces populations françaises d'Algérie allaient connaître épreuve plus douloureuse encore, lorsque, épuisées par cette guerre et tenaillées par la peur de l'inconnu, elles furent collectivement arrachées à leur terre natale, dans les terribles convulsions de 1961 et 1962.
Et c'est précisément ce qui nous ramène à cette célébration du 19 mars 1962, à laquelle la République vient enfin de donner, de manière solennelle, le caractère national qu'elle n'avait pas jusqu'ici.
Car nul ne l'ignore, le point d'achoppement qui a entraîné dans notre pays des querelles incessantes tellement regrettables à propos de cet anniversaire, se traduit par la question suivante : le cessez-le-feu du 19 mars 1962 peut-il être considéré comme marquant la fin de la guerre d'Algérie ? Il l'a été, incontestablement, pour les
400 000 soldats français, qui se trouvaient alors en Algérie, engagés dans des combats dont il convient de rappeler qu'ils furent, entre 1958 et 1962, les plus violents et les plus meurtriers de la guerre.
Et ce soulagement intense, comment douter qu'il ait été partagé, au total, par les quelque deux millions de jeunes Français qui furent appelés sous les drapeaux de 1954 à 1962 ? Par ces deux millions de soldats mais aussi par leurs familles ? Cela mérite, tout de même, d'être pris en considération !
Et il n'est donc pas étonnant que ce soit la FNACA, c'est-à-dire l'association la plus importante en nombre des anciens combattants, qui ait porté depuis 1962 cette revendication, relayée par de très nombreux élus territoriaux : que le 19 mars soit célébré en France comme le jour national du souvenir et du recueillement marquant la fin de la guerre d'Algérie. Face à cette position qui est désormais celle de la République, d'autres positions insistent sur le fait, indéniable, que la paix n'a pas régné du jour au lendemain sur la terre meurtrie de l'Algérie, entre mars et juillet 1962. Ce point de vue est légitime et respectable, pour peu bien sûr qu'il ne soit pas instrumentalisé par l'extrême droite, héritière de l'OAS.
Cette organisation terroriste n'eut de cesse, en effet, depuis l'échec du putsch des généraux en avril 1961 jusqu'au dernier attentat contre le général de Gaulle en août 1962, de saboter la paix en multipliant les meurtres d'Algériens et d'Européens libéraux, en assassinant à la veille du cessez-le-feu six enseignants des centres sociaux créés par Germaine Tillion : trois Français dont Max Marchand et trois Algériens dont l'écrivain Mouloud Feraoun. Comment oublier, en outre, l'assassinat collectif des dockers du port d'Alger, l'incendie de la bibliothèque universitaire d'Alger et tant d'autres forfaits ? Entendre ces tueurs et ces pyromanes déplorer que la paix ne soit pas revenue le 19 mars est proprement insupportable !
Mais d'autres voix méritent d'être entendues. Elles soulignent à raison que rien ne fut simple aussi du côté algérien. Après 132 ans d'une colonisation implacable et presque 8 ans de guerre et de répression, après les milliers de mechtas incendiées, après le déplacement de près de deux millions de ruraux algériens dans des camps de regroupement dénoncés à l'époque par un rapport de Michel Rocard, le soulèvement général que beaucoup craignaient ne s'est pas produit après le cessez-le-feu, alors même que l'OAS faisait tout pour le provoquer. Pour autant, tous les observateurs ont pu relever les exactions auxquelles se sont alors livrés des militaires ou des civils algériens : enlèvements et assassinats d'Européens ou de supplétifs algériens de l'armée française, culminant avec la «chasse à l'Européen» du 5 juillet 1962 à Oran, là même où l'OAS s'était montrée la plus meurtrière envers les Algériens.
Même si elles ont été condamnées et combattues par les responsables algériens, tant ils craignaient la dégradation, aux yeux du monde, de l'image de l'Algérie nouvelle, ces dérives ne peuvent être niées et elles permettent de comprendre pourquoi celles et ceux qui les ont traversées et qui en ont réchappé sont en droit de considérer que la guerre d'Algérie ne s'est pas arrêtée le 19 mars 1962.
La longue et tragique Histoire de l'humanité nous apprend pourtant qu'aucune guerre ne peut s'arrêter ainsi, du jour au lendemain, alors même que les souffrances et les ressentiments sont encore vifs. Mais c'est aussi quand des hommes et des femmes responsables, au plus haut niveau, décident ensemble que les hostilités doivent cesser, que le processus de la paix peut enfin s'enclencher.
Et c'est précisément pour cela qu'il convient de saluer cette décision historique d'ériger au rang de commémoration nationale la date du cessez-le-feu en Algérie, le 19 mars 1962.

Par Georges Morin


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