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Pris à la gorge, les éleveurs brûlent leurs poussins
Publié dans El Watan le 08 - 04 - 2016

«Je préfère brûler les poussins que de les faire grandir pour les vendre à perte.» Jaafar est éleveur de poulet de chair (destiné à la production de viande) et de poules pondeuses en Kabylie. Depuis 2013, il a choisi l'aviculture pour vivre, une activité peu répandue dans la région. Aujourd'hui, en raison de la baisse des ventes et de l'augmentation de la production du poulet, Jaafar vend à perte et ne peut plus prendre en charge ses poussins.
Il raconte. «Je n'ai pas eu de problèmes pour me lancer. Mais cela n'a pas duré. Après deux ans d'activité, j'ai constaté que je ne gagnais plus comme avant, et cela à cause du recul des ventes et la baisse des prix. Aujourd'hui, je me retrouve à vendre le poulet
à 100 DA/kilo !» Selon Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection et orientation du consommateur (Apoce), ce n'est pas la première fois que le secteur est exposé à une telle crise : «On a déjà connu ce phénomène il y a trois ans.
Face aux ventes qui stagnent et la production qui augmente, en l'absence de chiffres officiels, les éleveurs brûlaient leurs poussins.» Nadir Alloui, vétérinaire et professeur au service des sciences avicoles à l'université de Batna, rappelle les chiffres du secteur : «L'aviculture algérienne produit entre 350 et 475 000 tonnes de viande de volaille (soit environ 240 millions de poulets par an) et plus de 3 milliards d'œufs de consommation. Elle est constituée de 20 000 éleveurs, emploie environ 500 000 personnes et fait vivre 2 millions de personnes. Elle importe 80% des 2,4 millions de tonnes d'aliments (maïs, tourteau de soja et complément minéral vitaminé), 3 millions de poussins reproducteurs, des produits vétérinaires et des équipements».
120 DA le poussin
Pour le Pr Akli Moussouni, ingénieur agronome, il est probable que «les éleveurs brûlent leurs poussins pour parer à la dégringolade des prix du poulet sur le marché. Beaucoup d'éleveurs ont payé les frais de l'anarchie qui caractérise cette filière au moment où une nouvelle production de poussins arrive sur le marché, dont le prix actuellement ne dépasse pas les 30 DA. L'aberration réside dans le fait que le poussin à 100 DA était très recherché il y a de cela quatre mois.
Et en ce moment, à 30 DA, il ne trouve pas acquéreur ! Curieusement, on parle d'exporter la pomme de terre et on passe sous silence le poulet, la tomate et l'oignon. Un poussin de 30 g qui coûte jusqu'à 120 DA génère quatre mois plus tard 2 kilos de viande blanche au même coût, au prix de 120DA/kilo vif après avoir consommé 300 DA d'alimentation ! Un déficit dévastateur pour toute la filière».
Le cas de Jaafar n'est pas isolé. Dans plusieurs régions du pays, des propriétaires de poulaillers affichent des prix très bas pour encaisser l'augmentation de la production et booster les ventes. Si 240 DA/kilo est un prix estimé raisonnable par les consommateurs, surtout après une augmentation qui a fait flamber le poulet à 400 DA/kilo en décembre 2015, les éleveurs, eux, sont pris à la gorge. A Bordj Bou Arréridj, Mokhtar élève des poulets de chair depuis plus de dix ans. Cette dernière année, la production de son poulailler a presque doublé.
Problème : il n'en voit pas les retombées sur les revenus. Il témoigne : «Il y a un an, j'ai investi dans le renouvellement de l'équipement de mon poulailler avec de nouveaux matériaux et cela a permis une augmentation considérable de la production qui a quasi doublé. Cependant, les ventes n'ont pas changé malgré la baisse des prix jusqu'à 100 DA le kilo vif. Je n'ai jamais affiché un prix pareil, même pendant les périodes de froid !»
Prêts Ansej
En effet, selon les explications de Mokhtar, le recul des prix du poulet de première main n'est pas une raison suffisante pour que les prix du détail baissent chez les marchands. «La quantité du poulet vif que je vends n'a pas beaucoup varié avec le changement des prix. Vu que je ne fais pas de l'abattage, les revendeurs achètent le poulet vivant, l'abattent, le nettoient et le revendent avec des prix plus élevés sans que toutes ces opérations soient contrôlées», explique-t-il. A l'est du pays, la situation est sensiblement la même. Elias, 31 ans, est un jeune éleveur de poulets de chair et de poules pondeuses. Grâce au prêt Ansej, il a contribué à couvrir une partie de la demande de l'Oranie en viandes blanches et oeufs de consommation.
Pour lui, «depuis l'ouverture des prêts Ansej aux jeunes, plusieurs petites entreprises d'aviculture et élevage de volaille ont vu le jour. Ce qui a contribué à l'augmentation de la production et permis la couverture de la demande nationale en viande». Sur le marché, Hakim, un marchand de poulet et œufs à Bab El Oued, reste positif : «On a enregistré une amélioration de la production depuis quelques mois, ce qui nous a poussés à baisser nos prix du détail.
A mon avis, cette augmentation est due aux jeunes agriculteurs qui s'intéressent de plus en plus à l'élevage de volaille et au secteur avicole.» Hakim achète le poulet vif des éleveurs à 155 DA, le revend complet à 185 DA/kilo ou nettoyé et vidé à 215 DA/kilo. Pour lui, «il n'est pas possible d'augmenter les prix du détail si les prix chez les éleveurs sont revus à la baisse, car au final, le consommateur est la seule victime. On a entendu parler de plusieurs rumeurs disant que le poulet est malade et impropre à la consommation.
Mais durant toute l'année, on travaille avec des certificats quotidiens des vétérinaires.» En effet, le secteur privé représente respectivement 92 et 73% des capacités de production nationale en viandes blanches et en œufs de consommation. D'après Akli Moussouni, l'évolution positive de la production du poulet de chair est effective du fait qu'il y a eu une production de la poule parentale (élevage de poulettes futures reproductrice de l'œuf. Une poule reproductrice générera des dizaines de poules commerciales), une première en Algérie, assurée par deux opérateurs dont l'un est dans la région de Aïn Oussara (Djelfa) avec la souche ISA et l'autre à l'ouest du pays avec la souche Arbor Acres.
Informel
«Ces opérateurs ont permis à certains éleveurs d'augmenter le nombre de bandes de production de 4 à 6 en une année. Ajouté à cela l'entremise de l'aliment granulé dont la composition est plus contrôlée à travers une machinerie plus sophistiquée et d'une capacité industrielle. Cette configuration de l'aliment est capable de générer une production de 3 kg de viande en 40 jours. Mais ironie du sort, en l'absence de la planification des productions et de la maîtrise de la distribution en l'absence d'un marché normalisé, cette augmentation de la production est en elle-même contreproductive», justifie l'agronome.
Pour leur part, les experts expliquent la principale cause de la dégradation de ce secteur par la propagation du marché informel et le non-contrôle du secteur. En effet, selon Mustapha Zebdi, «80% des éleveurs sont des aviculteurs non agréés et couvrent 50% du marché. Ce qui est plus grave. Il faut alléger le cahier des charges et agréer les éleveurs pour pouvoir contrôler au maximum ce secteur et fixer un prix d'achat afin de stabiliser les ventes.
Cela va rendre service au consommateur, à l'économie nationale et pourra sauver les éleveurs», propose-t-il. Concernant les abattoirs, le spécialiste et ancien haut cadre du secteur avicole, Laala Boukhalfa, affirme que «les abattoirs agréés ne peuvent couvrir qu'environ 20% de la production nationale en viandes blanches. Plus de 70% de notre aviculture opère dans l'informel». Pour lui, «l'Algérie peut relever le défi dans tous les secteurs d'activité, notamment agricole. Seulement elle doit faire confiance aux experts et professionnels du secteur afin de trouver des solutions adéquates au profit de notre agriculture».
Par ailleurs, pour régulariser le marché, «il suffit de maîtriser la distribution du facteur reproducteur. Connaissant la population qui est estimée à 40 millions d'habitants, à raison de 15 kg/hab/an, nos besoins en viandes blanches sont de l'ordre de 600 000 tonnes par an.» Pour Nadir Alloui, «la forte dépendance du marché extérieur en intrants, surtout pour les aliments concentrés, demeure le principal handicap au développement de l'aviculture algérienne ; par ailleurs, les difficultés rencontrées par les éleveurs influent sur la commercialisation et le prix de revient des produits finis».
Ajoutant que le prix des matières premières importées (maïs et soja) connaissent sur les marchés internationaux des fluctuations et se répercutent sur la production. Pendant les périodes de fortes demandes, la plupart des aviculteurs privés rencontrent des difficultés d'approvisionnement en facteurs de production. Force est de constater aussi souvent des défaillances dans l'application des techniques d'élevage, notamment le non-respect des règles d'hygiène élémentaire, ce qui entraîne des pertes de volaille dues en partie à des maladies infectieuses.


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