«J'espère de tout cœur que les nouveaux sites seront mieux pris en charge», relève Farid, habitant la cité AADL des Bananiers depuis 2006. Pour sa part, Ammi Krimou, un sexagénaire, habitant la cité depuis 2006, nous déclare : «Cela fait plus de vingt jours que je n'ai pas rencontré la vieille dame du 14e. Même Mohamed le voisin du 10e n'a pas donné signe de vie depuis plusieurs jours, lui qui a le pied dans le plâtre suite à un accident. Il y a quelques jours, alors qu'il devait passer des radios, il a mis trente minutes, avec l'aide des voisins, pour monter les dix étages et a failli se casser l'autre jambe en trébuchant ! Et je ne parle pas des enfants de 6 à 10 qui sont obligés, eux aussi, cartable sur le dos, d'escalader 2 à 3 fois par jours les interminables marches de cette tour. » «Tel est notre quotidien depuis plus de 20 jours», rajoute Saïd, cadre retraité et président de l'association Tour 23. «Nous avons posé le problème au gérant du site, et nous sommes même partis à la direction générale de la gestion immobilière de Aïn Naâdja. Nous avons également contacté la direction chargée de la gestion à Boumati, mais tout cela sans résultat ! Nous avons eu pour seule et unique réponse : ‘‘Nous n'avons pas de pièces de rechange''. Nous ne savons plus quoi faire avec un ascenseur en panne depuis plus de 20 jours, et l'autre hors service depuis plus de 2 ans» nous déclare Saïd. Et d'ajouter : «Quand on aborde l'épineux problème des ascenseurs avec l'AADL, on se retrouve à chaque fois dans une impasse : d'un côté l'AADL ne dispose plus de pièces de rechange en stock, et nous envoie des techniciens avec comme seuls outils de travail une pince et un tournevis, et d'un autre côté, nous n'avons pas le droit de faire intervenir, à nos frais, une entreprise spécialisée sous peine de poursuites judiciaires…» Mokhtar, juriste et habitant de l'immeuble, nous précise que le problème se trouve dans le contrat de location-vente signé par les locataires lors de la remise des clés. Pour lui, c'est une véritable forteresse, érigée pour protéger l'AADL même en cas de défaillance de celle-ci ! «Avec une moyenne de 2500 DA/ mois de charges par locataire, et si on compte les 64 locataires de chaque tour (il y en a 26) aux Bananiers, sur la décennie on arrive au vertigineux montant de plus de 40 milliards de centimes», nous déclare notre juriste. Et d'enchaîner : «N'aurait-il pas été plus judicieux, dès le départ, de dédier une enveloppe pour la maintenance et faire appel à des professionnels ? Sachant qu'aux Bananiers, plus de 50% des ascenseurs sont en panne ! Et les 50% restants sont tous bricolés et sujet à des pannes répétitives (plusieurs fois par jour) ! Ce qui nous conduit à un taux de fonctionnement ne dépassant pas les 30%. On est loin des 80% annoncés sur une chaîne de télévision par un haut responsable de l'AADL.» Exaspérés, les habitants ont décidé de faire comme certains de leurs voisins des autres tours : organiser une collecte -la somme de 150 000 DA est nécessaire cette fois-ci – dans le but d'acheter eux-mêmes les pièces de rechange. Tout en s'acquittant de sa quote-part, Mokhtar s'interroge : «A quoi servent les charges que nous payons chaque mois ?» Un autre point et non des moindres, mais qui hélas s'apparente plus à un caprice qu'à une nécessité, est le problème de l'environnement ! Cette cité continue toujours d'abriter en son sein un terrain délaissé par l'AADL et qui se transforme en véritable décharge publique. Situé juste en face du nouvel hôtel, non loin du centre commercial. Les clients de l'hôtel auront une vue imprenable sur une véritable poubelle à l'air libre. Saïd, le président de l'association, déclare à ce sujet : «Nous l'avons dénoncé à maintes reprises, par des courriers, sur les journaux, nous avons même vu avec le P/APC de Mohammadia, qui a néanmoins envoyé une équipe pour le nettoyage et pour dresser une palissade.» C'est ce genre de solution à l'emporte-pièce qu'il faut éviter !», Commente un riverain. C'est une intervention draconienne qu'il faut et non pas de la poudre aux yeux. Si les pannes répétitives et le ‘‘bidouillage'' des ascenseurs pour des tours de 14 à 16 étages est inacceptable, l'absence d'espaces verts et le développement d'une décharge à ciel ouvert dans une cité de plus de 1600 logements, située à quelques encablures de la future Grande Mosquée, ne sont pas non plus tolérables. Ce laisser-aller et cette indifférence de la part des gestionnaires et des autorités s'apparentent à une volonté de ghettoïsation visant à installer la mal-vie – au sein d'une population qui a déjà bien du mal avec les tracas quotidiens.