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Deux hommes, deux itinéraires, un seul combat
Publié dans El Watan le 04 - 05 - 2017

Son père, Smaïn Bourghoud, cheminot, s'était intéressé très tôt aux courants du mouvement nationaliste, dont le PPA et les Oulémas. Il a élevé ses cinq garçons et trois filles dans la dignité et le respect des traditions. Il les scolarisa tous, sans aucune distinction, par respect aux recommandations de Cheikh Abdelhamid Ben Badis. Après l'ex-école Jules Ferry, à Sidi Djeliss, et des cours à l'école coranique de Sidi Fethallah, à Rahbet Essouf, Si Azzouz sera admis après la sixième au lycée d'Aumale, où il aura comme enseignant Belaïd Abdesslam.
Suite à son échec à la première partie du bac et pour réaliser son rêve d'être médecin, son père l'envoya à Grenoble, en France. Il obtiendra son bac et entamera des études de médecine à Châlons-sur-Marne, avant de se spécialiser en psychiatrie à l'hôpital de Nancy. Il avait pour amis et camarades Bachir Mentouri, Aït Abdesselam, Mecheri et Abdelhafidh Boudjemaâ. Membre actif au PPA et à l'Ugema en France, son retour en Algérie coïncidera avec son engagement dans les rangs du FLN en 1956.
Il sera l'un des premiers médecins algériens à s'installer à Constantine. En plus de ses nombreuses missions entre Constantine et des maquis de la Wilaya II, pour soigner les moudjahidine, et acheminer armes et médicaments, Hacène Bourghoud avait fait de son cabinet médical de la rue Larbi Ben M'hidi, un véritable relais pour les membres du réseau du FLN, ce qui lui causera de sérieux problèmes avec les services militaires et la police française.
Le Dr Bourghoud, qualifié par les services français de responsable d'intendance de la mintaka 25 (ville de Constantine), sera arrêté le 28 novembre 1960, après l'exploitation par les Français de documents saisis lors d'un accrochage à la place de la Brèche et qui a vu tomber en martyr le défunt Abdellah Bouhroum, responsable de la nahia du centre-ville.
Son neveu, Kamel, lycéen à l'époque, très proche de lui, et qui l'accompagnait au maquis, se rappelle encore de cette nuit d'automne, où son oncle fut arrêté dans sa maison à Bab El Kantara. «C'étaient des parachutistes accompagnés d'agents des services de renseignements qui avaient certainement des preuves de son activité militante. Il fut conduit sans ménagement vers la prison militaire de la Casbah, où il fut incarcéré sans aucun procès.
La semaine d'après, des manifestations éclatèrent dans plusieurs quartiers de Constantine, réclamant sa libération», témoigne-t-il. Durant cette période, tous ses neveux ont été chassés des écoles et des lycées, à cause des activités de leur oncle. «Une fois libéré, il continua de plus belle ses activités en soignant des blessés qu'il gardait en convalescence dans le grenier aménagé dans sa maison», poursuit Kamel. Après un séjour en prison de 1960 au 12 mai 1961, Si Azzouz reprendra encore une fois son activité sans relâche.
Dans la nuit du 1er au 2 décembre 1961, alors qu'il se trouvait avec Bachir Bennacer dans une maison à Faubourg Lamy (actuel Emir Abdelkader), il sera encerclé par les militaires français, probablement informés de sa présence. Après un violent accrochage, Bachir Bennacer tombera l'arme à la main. Grièvement blessé, Hacène Bourghoud sera arrêté et amené à la ferme Améziane où il subira les pires affres de la torture, mais il résistera. Libéré après le cessez-le-feu, il sera la cible de l'OAS, échappant à trois attentats à la bombe.
L'une fut placée sous sa voiture (une Ami 8) et explosa une demi-heure avant son arrivée, et une autre a été actionnée dans son cabinet de la rue Ben M'hidi qu'il n'avait pas rejoint, alors qu'une autre bombe avait ciblé sa maison parentale à Bab El Kantara. Après l'indépendance, et en plus des ses activités médicales, il s'impliquera dans le domaine sportif, où il fut président du CACC et président de la Fédération des chasseurs.
Tous ceux qui l'ont connu évoquent un homme discret, dévoué, désintéressé, humain et humaniste. Une personne généreuse et d'une grande modestie, qui a consacré sa vie à son pays et aux démunis de la ville de Constantine, qu'il soignait gratuitement dans son cabinet de la rue Larbi Ben M'hidi. «Il auscultait ses patients à la radioscopie, surtout que la tuberculose était très répandue à l'époque, sans porter le tablier de plomb en raison du grand nombre de patients qui affluaient vers son cabinet, ce qui lui aurait causé la maladie qui finira par l'emporter», dira son neveu Kamel. Hacène Bourghoud décédera en 1970 à l'âge de 42 ans, suite à une longue maladie.
Durant cette période très courte dans la vie d'un homme, Si Azzouz a accompli un parcours hors du commun. Pour ses neveux et nièces, qui continuent toujours de l'appeler Sidi Azzouz, par respect pour sa mémoire, il continue d'être encore un modèle à suivre et une source d'inspiration, par la voie qu'il leur a tracée de par ses qualités et sa personnalité. C'est l'exemple à suivre par la jeune génération de l'indépendance.
Bachir Bourghoud, un long parcours de militant
Dans la même famille des Bourghoud, on connaîtra un autre homme qui s'est distingué par son long parcours de militant. Frère de Hacène, son aîné de cinq ans, Bachir Bourghoud est né le 5 février 1933, dans la même maison de Sidi Djeliss, avant que la famille ne déménage vers sa nouvelle demeure à Bab El Kantara. Le jeune «Bacher», comme aimaient à l'appeler ses proches, était plutôt un garçon à caractère calme, connu par sa bonhomie et son sens de l'humour.
Comme son prédécesseur, il entamera ses premiers pas à l'école Jules Ferry, où il fera son enseignement primaire et secondaire, parallèlement à l'établissement Madrassat Essalem dans le quartier d'Essayeda. Une école qui fut un foyer du nationalisme, fondée par Si Cherif Saighi Adjali, un homme qui a beaucoup œuvré pour l'enseignement des jeunes Constantinois. L'école Jules Ferry, qui a vu défiler les futurs cadres de l'élite, était dirigée par M. Tahrat, un homme de caractère de l'UDMA qui fut aidé par Attouche, Richard, Maire et autres.
Le jeune Bachir montrera dès sa jeunesse un grand intérêt pour le football, dont il ne ratera pas les rencontres à l'ex-stade Turpin (actuel Benabdelmalek Ramdane). Elève studieux et apprécié par ses enseignants, Bachir réussira à passer avec succès les épreuves du BEPC. Un diplôme qui lui ouvrira les portes de la seconde puis de la première au collège moderne de jeunes garçons (actuel lycée Youghourtha) dans le quartier du Coudiat.
Il connaîtra encore le succès en réussissant aux épreuves du baccalauréat 1re partie pour être admis au célèbre lycée d'Aumale (actuel lycée Redha Houhou), où il obtiendra sa deuxième partie du baccalauréat option sciences expérimentales. Curieux et avide de connaissances, très attiré par les écrits de presse, Bachir s'intéressait dans sa jeunesse à la lecture des journaux comme L'Algérie libre édité par le PPA-MTLD. Des lectures qui forgeront encore plus sa personnalité et enrichiront sa culture de jeune militant, avant de s'organiser en association avec d'autres jeunes encadrés et formés par d'anciens militants de PPA-MTLD, engagés dans le FLN.
Lors du déclenchement de la Révolution de 1954, Bachir, qui avait à peine 21 ans, commençait déjà à prendre conscience du rôle qu'il aura à jouer dans ce mouvement, à l'instar de tous ces lycéens et étudiants qui répondront massivement à l'appel de la grève de mai 1956, lancée par l'Ugema. Sa participation aux manifestations mènera à son arrestation par la police française. Une phase qui finira par lui apporter la ferme conviction pour rejoindre le maquis. Il y fera le chemin avec ses deux compagnons, Mohamed Tahar Adjali et Borhane Kahli, futurs officiers de l'ALN, ainsi que Abdellah Chaouche.
Après 1956, étant parmi les rares moudjahidine lettrés au maquis, le jeune Bachir progressera dans la hiérarchie militaire de la Wilaya II historique. Il prendra la responsabilité d'un secteur puis d'une nahia. Les dures épreuves vécues au maquis seront marquées surtout par la fameuse opération «Pierres précieuses», lancée par l'armée française. Pour y faire face, une réorganisation décidée par l'état-major de la Wilaya II aboutira à la création en novembre 1959 de la Mintaka 5 à Constantine.
Des officiers de l'ALN, dont Bachir Bourghoud, seront affectés pour organiser des réseaux dans la ville. Bachir sera ainsi désigné comme coordonnateur entre les différents groupes et cellules dans la ville pour mener une action militaire contre l'armée française. C'est ainsi qu'il entrera en contact avec Daoudi Slimane dit Hamlaoui et Meriem Bouattoura pour harmoniser les actions et renforcer l'encadrement des responsables. Une mission qui se poursuivra non sans risques, jusqu'à la nuit fatidique du 7 au 8 juin 1960. Les forces françaises, sur renseignement, sont parvenues à localiser le refuge du groupe situé dans un immeuble à la rue Cahoreau, en plein centre-ville.
Après l'encerclement des lieux, un combat sera engagé vers 7h15, avec le recours aux blindés pour la première fois dans la ville. Lors du bombardement du refuge, Hamlaoui et Bouattoura y laisseront leur vie. Grièvement blessé, Bachir Bourghoud sera retiré des décombres, pour être acheminé vers la prison militaire de La Casbah. Après neuf jours de grève de la faim, il sera évacué vers un camp de prisonniers.
Libéré à la fin de la guerre, sur décision du conseil de la Wilaya II, il a été nommé sous préfet de Constantine. Une mission qui lui donnera l'occasion de prouver ses compétences d'administrateur dévoué et humaniste. En 1962, il sera le premier président du CSC. En 1982, il sera installé à la tête de l'ENA, avant de partir à la retraite en 1986. Avec le sentiment du devoir accompli et d'avoir servi les idéaux de la Révolution, il tirera sa révérence le 4 février 1999, soit la veille de son 66e anniversaire.


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