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Portrait d'une femme rurale : Khalti Aïni, une vie de labeur et de malheurs
Publié dans El Watan le 08 - 03 - 2010

Sa vie durant, elle s'est pliée sous les fagots de bois qu'elle revend pour de maigres pitances, à confectionner des tapis d'alfa, à faire le ménage chez les autres, à couper du foin et du blé.
Nous l'avons longtemps cherchée sous les frondaisons des arbres à travers les oliveraies qu'elle écume chaque jour, en compagnie de son âne et de son troupeau de chèvres, et nous avons fini par tomber sur son chien maraudant dans les buissons. A suivre le cabot, on a fini par tomber sur sa maîtresse occupée à manier la faucille au milieu de hautes herbes. Elle, c'est khalti Aïni, originaire de Boudjellil (Béjaïa), une montagnarde comme nos campagnes en connaissent encore. A 74 ans, le corps décharné et le cœur brisé par mille épreuves, elle continue à survivre comme elle a toujours vécu : en gardant les chèvres en toutes saisons ou en ramassant du bois et des olives.
Khalti Aïni, c'est une vie de labeur et de malheurs à s'épuiser à des tâches ingrates pour élever ses enfants. Sa vie durant, elle s'est pliée sous les fagots de bois qu'elle revend pour de maigres pitances, à confectionner des tapis d'alfa, à faire le ménage chez les autres, à couper du foin et du blé. A un âge où toutes les femmes aspirent à prendre une petite retraite bien méritée, khalti Aïni continue de hanter les fourrés et les vergers. Cette femme pourtant vient de sortir de l'hôpital où elle a passé une semaine pour des ennuis cardiaques. Si elle reste à la maison, ses bêtes n'auront rien à manger. Son petit troupeau se compose de deux brebis, deux chèvres et quelques chevreaux. Il a fallu s'associer à une connaissance pour constituer ce maigre capital. La part qui lui revient se compose d'une chevrette et de ses deux petits. Son seul bien véritable est l'âne, cadeau d'un paysan qui n'en voulait plus. Aujourd'hui, elle ne voit plus que d'un œil, l'autre étant presque perdu. Le médecin qu'elle a consulté lui a demandé deux millions de centimes pour une opération. Idem pour son bras droit dont le coude est retenu par une broche en métal.
Mère 17 fois
Son mari, tâcheron et berger, a été emporté par un cancer une vingtaine d'années auparavant. A défaut d'une pension, il lui a laissé une flopée d'enfants. Mariée à 17 ans, khalti Aïni a enfanté 17 fois et perdu 10 enfants. Elle accouchait souvent seule entre deux tâches ménagères. La seule fois où elle fut admise à l'hôpital, c'était le jour où les jumeaux qu'elle portait se sont retournés dans son ventre. Ce jour-là, elle avait manié la faucille toute la journée. Une autre fois, elle est partie ramasser les olives comme à l'accoutumée, ne sachant pas vraiment que sa grossesse était presque arrivée à terme. Lorsque les premières contractions l'ont surprise, elle s'est délivrée seule, sous un olivier. Le soir, elle est rentrée avec son nouveau-né dans un couffin. « Tiens, voilà ton garçon », a-t-elle dit à son mari, en lui tendant l'enfant. Là, elle a eu droit à un repas princier : un plat de tripes. A 42 ans, khalti Aïni voit enfin la providence sonner à sa porte.
Elle est engagée comme femme de ménage dans la polyclinique du village. Aujourd'hui, ses 18 ans de bons et loyaux services lui permettent une petite pension mensuelle de 6000 DA, tout juste de quoi ne pas mourir de faim. Dernièrement, une lettre est venue lui annoncer un rappel. Partie pleine d'espoir à la poste, khalti Aïni s'est entendue dire qu'il s'agissait d'un rappel de 400 DA. Généreuse Algérie qui se ruine pour assurer une vie digne à ses citoyens ! A écouter khalti Aïni, ses ennuis de santé ne sont rien à côté des soucis que lui cause sa maison qui tombe en ruine. Le toit fuit de partout et les murs menacent de s'effondrer. Dans la chambre où elle dort, elle s'est réfugiée dans le seul coin qui ne goutte pas. L'autre jour, le sac de semoule qu'elle avait laissé près de la cheminée est devenue une pâte immangeable tout juste bonne pour les poules. « Je prie chaque jour pour qu'il ne pleuve pas », dit-elle.
Elle a beau frapper à la porte de la mairie de son village, elle se fait éconduire à chaque fois. Il faut croire que la commune est presque aussi pauvre qu'elle. Khalti Aïni tient tout de même à délivrer un message à l'adresse de ceux qui tiennent les rênes du pays, comme elle tient la bride de son compagnon à quatre pattes : « J'ai perdu deux frères, chouhada pour ce pays. Si vous ne pouvez pas me donner un toit, emmenez-moi en prison. Là au moins je pourrais avoir un toit au-dessus de ma tête et un repas », tient-elle à leur dire, la voix cassée par les sanglots.


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