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Sages-femmes au bord de la crise de nerfs
Publié dans El Watan le 12 - 03 - 2010

Mettre plus de 30 bébés au monde chaque jour. Affronter les familles stressées. Gérer les futures mères angoissées. Les sages-femmes sont au bord de la crise de nerfs. Alors qu'un nouveau statut est en cours d'adoption pour leur corporation, El Watan Week-end a suivi le quotidien d'une sage-femme de garde…
10h30. Hôpital Parnet d'Hussein Dey, bloc de gynécologie-obstétrique. Soumia (*) a enfilé sa tenue bleue et ses sabots blancs et rejoint les trois autres sages-femmes qui assurent la garde avec elle. Autrement dit, Soumia arpentera les longs couloirs de son service jusqu'à 10h30 demain matin. Enfin, peu importe la charge de travail. Au même titre que ses collègues qui n'assurent pas de garde, elle touche moins de 25 000 dinars après douze ans de service. Mais espère que sa situation s'améliorera avec le nouveau statut que l'Union nationale des sages-femmes algériennes est en train de négocier avec le ministère de la Santé. Un nouveau statut pour un meilleur salaire, une meilleure formation et de meilleures conditions de travail. Car à Parnet comme dans d'autres hôpitaux algériens, la charge quotidienne dépasse les 30 accouchements. Accouchement, assistance à césarienne, réanimation du bébé, contrôle pré-accouchement et post- accouchement… non seulement la charge de travail est supérieure aux normes de l'OMS, qui limite 100 accouchements par sage-femme, mais les sages-femmes sont les seules responsables devant la loi.
10h35. A peine arrivée, Soumia est déjà interpellée par des cas d'urgence. Des femmes sur le point d'accoucher. Problème : il n'y a que trois salles pour les accueillir. Sereine, Soumia ausculte ses patientes l'une après l'autre pour évaluer l'état d'avancement du travail et décider de leur admission en salle de pré-accouchement. Une salle d'environ 20 mètres carrés où se serre une vingtaine de futures mamans angoissées et en pleines contractions. Sur chaque lit, trois femmes sont assises. Impossible pour elles de se coucher, il n'y a pas assez de lits. « Nous sommes obligées d'admettre toutes les femmes enceintes parce qu'elles représentent des cas d'urgence, mais vous voyez que nous n'avons pas les moyens de les accueillir ! », témoigne Soumia, agacée. Mais elle doit garder son calme. Finalement, il y a pire qu'une femme enceinte.
Il y a… son mari ! « Certains prennent évidemment la défense de leur épouse en nous criant dessus. Nous sommes obligées de les supporter et de supporter leurs commentaires. Vous savez, ils disent que nous sommes inhumaines parce qu'on hurle pendant l'accouchement. Et Dieu sait, c'est pour le bien de la mère et de son bébé ! », témoigne-t-elle. Deux autres sages-femmes, de garde avec Soumia, confirment. Elles sont convaincues que leur profession n'est pas bien acceptée par la société, qu'elles souffrent d'une mauvaise image. Mais elles continuent d'exercer leur profession. Un rêve d'enfance. Midi passé. Quatre bébés ont déjà été mis au monde par Soumia. Pas le droit d'être épuisée. Déjeuner relève de l'impossible. Elle est interpellée de partout, court entre le bloc, la salle de pré-accouchement et son bureau. A peine trouve-t-elle cinq minutes pour remplir les documents administratifs des nouveaux-nés que la voilà à nouveau convoquée au bloc opératoire pour assister une césarienne. « C'est une femme qui présente des complications, explique-t-elle en marchant d'un pas rapide. Vous voyez, contrairement aux idées reçues, jamais l'équipe médicale ne passe à la chirurgie sans raison. Nous faisons cela dans l'intérêt de la maman et de son bébé. »
14h. Soumia contrôle une femme à terme. A son passage, elle vérifie l'état de santé des deux femmes qui viennent d'accoucher, installées sur leur chariot… dans le couloir. Une solution provisoire. Il faudrait vite libérer les chariots pour les autres, car, comme les lits, il n'y en a pas suffisamment pour tout le monde. En enfilant ses gants, elle est demandée au bureau pour rectifier le nom d'un nouveau-né. Le nom ne plaît pas à son oncle et Soumia doit également gérer cette situation. « Une fois, une femme avait donné le nom de sa défunte mère à sa fille, et pour se protéger de son mari furieux, elle lui a fait croire que c'était mon choix. A vous d'imaginer les insultes que j'ai entendues. C'était presque une agression ! », se souvient-elle en riant. Puis elle repart voir la malade laissée sur la table d'accouchement.
15h. Les coups de fil des familles pleuvent sur Soumia qui répond, patiente, à chacun d'entre eux. Plus la journée avance, plus les femmes arrivent. Il n'y a plus de places et plus de couveuses. L'hôpital est obligé de prendre la décision de ne plus admettre les femmes enceintes sauf extrême urgence. « On le fait à contrecœur », se sent-elle obligée de préciser. Entre-temps, elle surveille les femmes pour qui l'accouchement a été provoqué et celles… qui mangent en cachette alors qu'elles sont programmées pour une césarienne. « Il ne faut pas manger, c'est interdit avant une opération, cela peut être fatal à ta santé et à celle de ton fœtus », répète-t-elle à longueur de journée. Parfois, elle avoue s'énerver un peu devant les patientes qui préfèrent écouter les conseils de vieilles. « Nous avons plutôt des problèmes avec les femmes qui n'ont jamais eu une éducation prénatale », déplore t-elle. 16h. Soumia s'accorde un peu de temps pour manger des spaghettis et des lentilles faits maison. Sa chambre de garde, dépourvue de frigo et de lavabo, est équipée d'une table, de trois chaises, d'une armoire et d'un matelas en fin de vie. Mais le répit ne dure pas : un flux d'étudiantes vient lui demander de l'aide. Après avoir fait la vaisselle, elle se refait une beauté. Un trompe-l'œil pour les malades, « pour leur dire que je ne suis pas fatiguée ».
19h. Deux accouchements se déclenchent en même temps. Elle court dans le couloir, quand un collègue l'intercepte : « Madame, je veux de l'aide. Ma femme n'arrive pas à tomber enceinte. Que dois-je faire ? », lui demande-t-il. « On en parlera plus tard, j'ai des urgences », lui répond-elle en gardant son calme. Elle finit ses deux accouchements dont un représente un risque et enchaîne avec césarienne. 21h. Tournée chez les femmes dans la salle de pré-accouchement pour contrôler l'activité cardiaque du fœtus. Mais l'infirmière n'a pas de tensiomètre ni de thermomètre. Une malade nécessite un enregistrement du rythme cardiaque fœtal en urgence mais ne trouve pas de place où s'allonger. L'appareil est déjà occupé par une autre malade. Le temps que Soumia cherche une alternative, une femme enceinte asthmatique arrive en urgence pour accouchement. L'équipe l'installe sur la table d'accouchement, le mari s'inquiète déjà et harcèle Soumia à la porte. Minuit. La vraie garde… commence. D'après les sages-femmes, les bébés naissent surtout la nuit. Pas question de fermer l'œil jusqu'au lendemain 10h30. Soumia ne regrette pas son choix de vie mais espère des jours meilleurs. Si aucune augmentation n'est décidée, elle finira sa carrière à 30 000 dinars…
(*) Le prénom a été changé


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