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Empreinte
Issiakhem, un génie algérien
Publié dans El Watan le 17 - 03 - 2005

je considère la peinture comme l'accident le plus grave que j'ai jamais subi, après celui de ma naissance, qui n'est somme toute et après tout qu'un accident », déclara Issiakhem quelques mois avant son décès, avec l'ironie féroce qui le caractérisait et la dérision innée qu'il affichait.
Comme s'il répondait ainsi à une profession de foi que Picasso avait souvent répétée quant à ce côté « accidentel » de la peinture : « je n'ai jamais pu peindre ce que j'avais décidé de peindre. Dès que je commence à réaliser un projet, il se dérobe à moi et je me mets à peindre toute autre chose que l'idée de départ. C'est comme un accident. En effet, une toile est un accident, ou plus exactement, c'est une sorte d'accident en quelque sorte. » Issiakhem faisait comme Picasso. Il écrivait quotidiennement son autobiographie, avec comme support la toile et comme instrument le pinceau. Mohamed Issiakhem était quelqu'un de la souffrance et il la déposait cette souffrance sur la toile comme pour « soigner ses blessures symboliques », selon le mot de Bruno Bettelheim, quand il expliquait les raisons qui poussaient les artistes à créer. D'autant plus que Issiakhem était manchot. Terrible paradoxe pour un peintre ! On a souvent classifié Issiakhem dans la catégorie des peintres réalistes, voire anecdotiques, alors qu'il était loin de tout réalisme. Il avait sa propre vision du réel qui transcendait la réalité immédiate, la déformait et lui restituait non pas son essence, mais un état d'âme qui n'appartenait qu'à lui. Une douleur et un pathétisme qui lui étaient propres. Dans ses premiers tableaux, il peignait des visages fermés, noués et sans expression. Il démantibulait les corps et barattait les formes. Un peu à la façon de Rouault. Chaque tableau de cette période était une « pietà » vouée à la tristesse et au désespoir. Il avait peint la misère et le côté minéralisé des Algériens qu'il avait côtoyés, très jeune, à Azzefoun d'abord, à Relizane ensuite pendant la période coloniale. Puis il y eut la série des réfugiés fuyant vers la Tunisie ou le Maroc pendant la guerre d'Algérie. Des cohortes de réfugiés avec des yeux et des visages qui exprimaient une terreur indicible. Mais cette période était, déjà, un métaréalisme. Avec l'indépendance du pays, la peinture d'Issiakhem, sans rien perdre de sa férocité, va devenir plus sereine et aller vers une abstraction lyrique de plus en plus grandiose, sans jamais cesser de peindre des toiles à la manière de sa première période. Ce va-et-vient entre deux techniques est une constante qui révèle une certaine fidélité à la mémoire : celle de l'enfance et celle de la guerre. Mais en fait, et sans jamais faire la synthèse entre ces deux périodes, Issiakhem se frayera une troisième voie, celle de la période de sa longue maladie qu'il a vécue d'une façon exemplaire, avec une sérénité et une force de caractère qu'il puisait dans ce rapport passion-dérision qu'il avait avec lui-même, le monde et les autres. Cette période, qui est en fait une continuité de ce qui a préexisté chez Mohamed Issiakhem, qui ne fera qu'amplifier le trait, accroître la tonalité ou l'atténuer jusqu'à ce que la couleur devienne une non-couleur que va rendre plus véhémente une abstraction qui ne se voit pas de prime abord, tant l'art du mixage, du touillage et de l'effaçage va renforcer ce tremblement, ce lancinement de la matière plaquée à même la toile, comme si derrière il n'y avait aucune idée préconçue. Peinture à la fois tellurique et comme recouverte de tulle ou de vapeur d'eau, celle du bain maure paternel à Relizane. Peinture - aussi - de l'ombre épaisse, concrète et solidifiée, comme un cliché photographique brouillé, sciemment raté. Certaines toiles de la dernière période installent une transparence et une translucidité phénoménales, couleurs de boues délavées, d'ocres à la limite du sonore et de safrans éclaboussants, mais sans aucune brillance. Sans aucune matitude. Quelque chose qui n'appartient qu'à lui. Les bleus d'Issiakhem, aussi ! Comme velus, veloutés ou laineux. On ne peut pas dire... Toutes ces couleurs donc accaparent la toile, pour finir dans un gris majestueux et lumineux. Comme des traînées de ciels, des lambeaux de vies, des pans de tissus vergiturés. Fugaces... En fait, l'abstraction lyrique chez Issiakhem est paradoxalement une réinvention de la spiritualité jusqu'à l'étourdissement et l'installation d'une réalité plutôt pressentie, comme un brouillard diaphane, un gribouillage du monde dont la spontanéité est remarquable. Parce que de son vivant, il a pratiqué la dérision comme une ascèse ; son œuvre, depuis sa mort, est debout, sculpturale et innommable. Au point qu'elle déborde le monde et le dévore dans une consomption d'un zénith qui n'appartient qu'à lui.

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