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Mohamed Ghrib. Ancien ministre du Travail dans le gouvernement de Mouloud Hamrouche : « L'affranchissement avec le pouvoir n'est pas encore effectif »
Publié dans El Watan le 03 - 04 - 2010

En 1990, Mouloud Hamrouche signe une circulaire portant ouverture du champ médiatique. A votre avis, quelles étaient les motivations des pouvoirs publics de l'époque ?
Les motivations étaient évidentes. Il s'agissait d'abord d'élargir les champs d'exercice des libertés des Algériens, de consolider leur droit d'accès à une information multiple et variée, à l'expression libre de leur opinion, et enfin au débat libre entre eux, sans tutelle réelle ou masquée de la bureaucratie d'Etat et des pouvoirs occultes. En faisant émerger de nouveaux instruments et outils de communication et de débat, M. Hamrouche faisait le pari de l'émergence d'une opinion publique libre, informée et participative, qui ne pouvait être qu'une alliée naturelle des réformes parce que, précisément, les réformes se déclinaient d'abord en émergence de la société dans le champ politique économique et social et en construction négociée et assumée par la société. Evidemment, il ne faut pas dissocier cette libération du champ médiatique de tout le programme de réformes, à commencer par la Constitution de février 1989, les actes fondamentaux de la restructuration de l'agriculture, la restauration de l'autonomie de l'entreprise publique et la reconnaissance de sa commercialité ; la réforme du crédit et de la monnaie, celle du foncier et de l'urbanisme, le nouveau code du travail, la levée des monopoles, la libération du mouvement associatif.
D'aucuns estiment qu'il n'était pas facile de convaincre les décideurs pour opérer un tel changement. Quelles étaient donc les difficultés rencontrées pour la mise en place des instruments proposés par M. Hamrouche ?
Trois obstacles majeurs s'étaient dressés à l'époque. Le premier avait trait à la difficulté de faire admettre aux régisseurs que la liberté d'expression et d'opinion remplace valablement le pouvoir de la manipulation occulte de l'opinion publique et que la société peut trouver progressivement sa voie dans le bon usage de ses libertés, lorsqu'elle est assurée que cette responsabilité lui revient et qu'elle est respectée. Le deuxième avait trait aux journalistes qu'il s'agissait de convaincre du fait que ce n'était pas une énième manipulation du pouvoir et de les persuader que le risque valait la peine d'être pris pour un exercice digne de la profession. Je suis témoin que les opinions étaient très variées, allant de ceux qui voulaient seulement une multiplication de titres publics dont ils deviendraient des « chefs » à ceux qui voulaient surtout négocier la rente la plus consistante possible sans prise de risque, à ceux enfin qui ont décidé de s'inscrire spontanément dans l'esprit des réformes en prenant le risque de faire paraître leur journal, y compris sans attendre l'aide des pouvoirs publics, comme ce fut le cas du Soir d'Algérie. La troisième difficulté avait trait aux aides à accorder aux journalistes pour se lancer dans leur projet de création de nouveaux titres. L'Algérie ne disposait alors pas de 160 milliards de dollars de réserves et ne s'était pas encore lancée dans les folies meurtrières des importations « off shore » en autoroutes, en buildings et même en mosquées de prestige, excluant toute implication algérienne non rentière dans le processus d'accumulation. Elle prenait conscience de sa dépendance de la manne pétrolière et elle tentait de s'assumer dans la dignité, avec des finances publiques en faillite et des réserves réelles de 160 millions de dollars (1000 fois moins qu'aujourd'hui) en s'appuyant et en stimulant les initiatives sociales d'émancipation économique et sociale. L'ingénierie participative associant les journalistes, les banquiers et des experts algériens (dont les irremplaçables Hamid Aït Saïd et Boumediène Derkaoui) aura finalement permis, avec moins de 200 millions de dinars d'aide publique, de couvrir l'ensemble de l'opération de libéralisation de la presse. En sus de la Maison de la presse, mise à disposition des nouveaux titres sous forme locative.
Mais alors, quelles sont vos appréciations des résultats obtenus sur le terrain par la mise en œuvre de cette circulaire, notamment en ce qui concerne les premières années de son application ?
La réussite de la presse indépendante supposait que quatre conditions essentielles soient réunies. Primo, sa libéralisation par rapport au pouvoir, ce que M. Hamrouche était décidé à respecter. Secundo, sa libération par rapport au pouvoir d'argent (et il comptait sur les journalistes pour se battre). Tertio, sa professionnalisation (il était question d'associer les associations professionnelles et les structures de perfectionnement du service public) et, en dernier, l'adoption et la mise en œuvre par les professionnels de règles éthiques et déontologiques. Sur aucun de ces quatre plans, le pouvoir n'a exprimé une réelle volonté politique de débattre avec les professionnels, préférant recourir, selon le cas, à l'application de mesures coercitives, à la manipulation ou à l'octroi de rentes négociées dans l'ombre. Visiblement, cette situation perdure et il y a peu de chances qu'elle se modifie à court terme.
Une dernière question. Vingt ans après, quelle évaluation faites-vous par rapport à cette circulaire et plus particulièrement du champ médiatique en Algérie ?
Je ne vous donne que mon opinion personnelle, qu'il faudra sérieusement relativiser parce que je suis très peu informé des développements récents de la situation. Je ferai donc trois commentaires. En premier lieu, je constate que l'affranchissement de la presse indépendante de la relation ombilicale avec le Pouvoir n'est pas encore entièrement effectif dans la mesure où il n'a pas encore conduit à une rupture de dépendance par rapport à la totalité des clans du pouvoir. En deuxième lieu, la presse indépendante est encore très peu impliquée dans l'investigation et la production d'informations et ceci est d'un grand dommage pour la société qui a de plus en plus l'impression d'être plus manipulée qu'informée. En troisième lieu, ce qui est livré au lecteur traite le plus souvent des jeux de pouvoir que des réalités et préoccupations de la société. Ce sont souvent des opinions tranchées qui sont livrées au lecteur, sans les informations indispensables pour les comprendre et les analyser.
Elles laissent très peu de place à la réflexion et au débat et éloignent dangereusement les acteurs sociaux de l'implication sociale. En gonflant les désordres de la société sans précaution, on éloigne les lecteurs de la réalité et de la responsabilité sociale. Cela conduit au nihilisme, au mépris de soi, à l'extrémisme et à l'acceptation de l'exercice autoritaire du pouvoir. Ceci, au moment où, tous les jours, dans l'anonymat le plus total, s'accomplissent des actes parfois héroïques qui font que le pays tient, que nous avons de l'eau, de l'électricité, un minimum de service public et une envie de construire une société libre, prospère et solidaire.


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