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Le peuple vigilant face à l'intox
Publié dans El Watan le 05 - 04 - 2019

Depuis quelques jours, nous avons droit à un lot ininterrompu de rumeurs, intox, fake news… souvent suivis de démentis. Tantôt en faveur de certaines parties, tantôt pour d'autres. Ce déferlement de messages tous azimuts impose ainsi un climat «d'une guerre de clans» qui ne s'assume pas, mettant les Algériens dans une atmosphère de flou et d'incertitude.

Désormais, même les communiqués provenant de la présidence de la République ne sont plus crédibles pour les Algériens. Normal, puisque cette semaine encore, deux d'entre eux ont été suivis de démentis.
Le premier concernait le limogeage du chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah par le président de la République, qui a été démenti quelques heures après par un autre communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN). Le même soir, des rumeurs sur la perquisition du siège de la Télévision nationale par les forces de l'armée ont fait fureur sur les réseaux sociaux.
Le lendemain, tôt dans la matinée, un communiqué signé de Mohamed Ali Boughazi, conseiller du président, dénonce un coup d'Etat et appelle le peuple à soutenir les institutions légitimes contre les putschistes.
Ledit communiqué annonce aussi des mesures visant l'arrestation de ceux qui sont impliqués. Mais il a aussitôt été démenti par le MDN et Mohamed Ali Boughazi. Si sur les réseaux sociaux de tels dérapages d'intox sont possibles, les chaînes de télévision privées n'étaient pas en reste.
Ces dernières ne se gênent plus de prendre partie dans la guerre des clans, n'hésitant pas à balancer des informations d'extrême importance et induire l'opinion publique en erreur. Pour le Pr Belkacem Mostefaoui, directeur du laboratoire de recherche Médias, usages sociaux et communication (MUSC), les médias manipulés et instrumentalisés «deviennent quasiment et dangereusement la Norme, le modèle de travail.
Et, sans exagération, cela devient une pollution du métier, de l'espace médiatique et de l'espace public nouvellement ouvert à l'information croisée et vérifiée», déplore-t-il. «Cette dangerosité, hélas, risque d'être démultipliée à l'infini. Il y va du devoir d'abord des éditeurs de réguler…», poursuit le professeur.
Plus encore, le spécialiste explique que par respect aux principes d'éthique, un journaliste, un éditeur de média, devrait s'interdire d'être acteur participant aux débats. Selon lui, leur métier est de travailler pour chercher et établir les faits les mieux à même de nourrir l'opinion publique plurielle.
DéSINFORMATION
«Bien que chaque professionnel des médias a ses propres sensibilités, il ne faut pas que ces dernières prennent le pas sur la vraie information et servent de propagande. C'est exercice permanent de savoir faire du journalisme», conclut-il. A cet effet, Mustapha, la quarantaine, gérant d'une boîte d'événementiel explique : «Il faut composer avec la désinformation, car cela devient une guerre psychologique menée contre le mouvement citoyen.
Tous les moyens sont bons pour user les neurones des Algériens. D'où la nécessité de s'armer de patience et de redoubler de vigilance. La crise d'éthique d'une certaine presse connue pour les sales besognes qu'elle exécute, conjuguée à la manipulation qui est l'arme forte de ce système tyrannique et sa clientèle, ne doit pas venir à bout du mouvement».
Dans ce remue-ménage médiatique, nombreux sont ceux qui ont décidé de boycotter les chaînes télé et de suivre les nouvelles via les sites internet et les réseaux sociaux. C'est le cas de Narimene, 27 ans, qui avoue ne plus regarder les chaînes de télévision :
«Je trouve cela pas nécessaire de perdre mon temps à voir les infos relayées par ces chaînes. Elles ne véhiculent que les mensonges et chacun plaide pour ses intérêts. Le mieux est de suivre l'actualité via la presse écrite, et encore pas tous les journaux.
Les plus crédibles sont connus de tous.» Pour le sociologue politique Nacer Djabi, nous n'en sommes pas arrivés là par hasard. «A mon avis, le régime Boutfelika a voulu cela, en laissant la carte médiatique fonctionner de cette manière.
Il faut savoir que ces chaînes de télévision ne sont pas reconnues légalement, et considérer la télé de Haddad comme une boîte étrangère est une aberration ; en plus, la situation juridique de ces chaînes n'est pas en conformité avec la législation algérienne et n'affiche aucune structure de gestion…», avance-t-il. Pour le sociologue, il est essentiel de se poser des questions sur le volet financier de ces chaînes. «Il y a de réels doutes sur le financement de ces boîtes.
Comment elles payent les satellites ? Les impôts ? Leurs relations avec les imprimeries, le payement des journalistes…» A partir de là, Nacer Djabi évoque la situation «inadmissible» des journalistes. «Une situation de précarité qui ne les laisse pas libres. On ne peut pas demander à un journaliste qui n'a pas été payé pendant quatre ou cinq mois de faire son travail de journaliste, c'est très simple», explique-t-il.
MANIPULATION
Et pas que ! Le sociologue politique explique le climat de flou, de manipulation et de désinformation par la conjoncture actuelle du pays. Pour ce dernier, nous vivons une situation propice à la manipulation et aux fake news, soutenue par la situation d'irrégularité et de faiblesse de certains médias. «Quand une boîte média n'a pas un cadre juridique sain, qu'elle n'est pas gérée de manière transparente et n'a pas de structure de gestion, elle devient facilement manipulable, parfois par des forces occultes», relève Nacer Djabi.
Ce dernier donne un exemple sans citer de noms. «Quand la même boîte compte plusieurs chaînes de télévision, un journal, une revue… tous gérés par une seule personne, sans conseil d'administration, sans conseillers, ni structures de gestion… cela laisse penser que si ce gestionnaire dort quatre heures, toutes ces filiales se retrouvent sans gestion !
Cette boîte est donc facilement manipulable», explique-t-il. D'ailleurs, ce phénomène est constaté ces derniers jours. Le spécialiste souligne que dans la même journée, nous avons droit à plusieurs informations importantes et surprenantes.
Et dans un tel climat, il peut facilement y avoir de la manipulation. «Par exemple, après les plateaux de télévision qu'il y a eu cette semaine, travaillés par des forces occultes, présentant des ‘‘têtes bizarres'' comme invités et balançant des annonces incongrues, les gens ont eu peur de la suite des événements et de ce qui va se passer. Pour moi, le but de ces plateaux est clair : la manipulation de l'opinion publique», soutient Nacer Djabi.
Pis encore, ces boîtes peuvent même, poursuit le sociologue, être manipulées par des forces étrangères, pas seulement nationales. Cette possibilité est envisageable, notamment dans la conjoncture actuelle du pays. Car, selon lui, nous nous apprêtons à entrer dans une période de transition et il y a beaucoup de forces au niveau international qui ont l'ambition de manipuler l'opinion publique en faveur de leurs propres intérêts.
NORMES
Pour lui, et afin d'en finir avec ce phénomène, il faut faire un retour vers la carte médiatique audiovisuelle en Algérie. «Ce n'est pas normal que depuis 2011-2012, les chaînes de télévision les plus influentes sont hors cadre juridique.
Il faut que les changements politiques commencent par la régularisation de ces médias, leur encadrement juridique les obligeant à respecter la loi, connaître les dessous de leurs ressources financières, réorganiser leur gestion de l'intérieur selon les normes…», lance-t-il.
Ce dernier propose d'ouvrir les chaînes publiques et les radios locales car le mouvement populaire en a besoin. «On a plus d'une cinquantaine de radios locales, surtout dans l'Algérie profonde où ces stations peuvent être transformées en réels espaces de débat et de discussion pour échapper à la manipulation, échanger les vrais informations et éviter de tomber dans l'erreur…», propose-t-il.
Et d'ajouter qu'il y a aussi l'ouverture vers l'international. Le sociologue explique qu'il ne faut pas qu'on soit isolé de l'extérieur. Selon lui, il nous faut des journalistes étrangers, des chaînes étrangères pour avoir plus de visibilité et d'informations.
Il ne faut pas que l'on reste prisonniers de ces chaînes qu'on ne contrôle pas. Heureusement, ces tentatives de manipulation ne sont autres que des coups d'épée dans l'eau. Jusqu'à ce jour, le mouvement populaire et les Algériens restent très intelligents et ne se laissent pas induire en erreur.
A cet effet, Nacer Djabi assure que les chaînes en question sont connues pour leurs méthodes de travail et ce n'est pas nouveau. «Elles ont fait la même chose en 2014 ; depuis qu'elles ont investi le paysage médiatique, elles ne font que manipuler ou essayer d'induire en erreur l'opinion publique ; seules les méthodes ont changé. Elles sont plus dangereuses aujourd'hui puisqu'on a des défis à relever par rapport aux années précédentes», conclut-il.


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