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La chronique de A. Merad : Gare à l'infiltration islamiste !
Publié dans El Watan le 06 - 06 - 2019

A l'intérieur du hirak, il y a une vie politique. Intense. Inflexible. Fusionnelle. On y vient pour renforcer les rangs, nourrir l'esprit, irriguer les veines de la révolution. Sourire aux lèvres comme une carte de visite. Signe d'un plaisir partagé de retrouver, avec la même ferveur, des membres de sa famille, des amis ou des compagnons de lutte de fortune avec lesquels on a appris, sur le tas, à se forger une âme militante.
Les jeunes sortent du lot avec une présence féminine impressionnante. Ce sont eux qui font le plus de bruit, donnent de la voix pour que la tonalité des clameurs qui sortent des tripes soit à son plus haut niveau de résonance. En ordre de bataille impeccable, notre jeunesse offre les contingents les plus dynamiques au mouvement, avec sa légion d'étudiants, de travailleurs, de chômeurs, d'artistes, de sportifs.
La palette des forces montantes est complète et rassurante. Car ces jeunes sont tout simplement admirables par leur cran et le travail d'animation qu'ils effectuent. Ils font tout avec une ténacité inextinguible. Ils marchent, ils scandent les slogans anti-pouvoir, ils se mettent en première ligne contre les forces de sécurité pour protéger les manifestations.
Ils sont au cœur de l'action et à leurs côtés les anciennes générations se sentent à l'aise. «Ce sont nos enfants, nous sommes fiers d'eux en ces moments où l'avenir de l'Algérie se joue», dit un sexagénaire qui a deux de ses fils adolescents perdus dans l'immense foule. Le hirak se vit en famille et en toute liberté dans les espaces publics, avec prolongement de la fête dans les foyers.
C'est de l'inédit 100% algérien qui sera sûrement un jour enseigné dans les écoles. Pour prendre en main son destin, le peuple est sorti de son long sommeil pour dire basta à l'injustice, à la hogra, à la rapine et à l'incompétence. A l'unisson à travers tout le pays, il a parlé le même langage, formulé les mêmes revendications pour le changement, adressé le même message au pouvoir. Il veut un système démocratique dans un Etat de droit.
Pour ce faire, il a inscrit dans son agenda hebdomadaire le hirak comme moyen de lutte pacifique. En célébrant les cent jours de sa révolution joyeuse, il peut estimer que le chemin parcouru est aujourd'hui très positif, bien que la bataille pour l'objectif final reste encore longue et périlleuse. Mais pour parvenir à désintégrer graduellement l'ancien système, il a fallu que le mode d'organisation et d'animation soit sans failles, fonction vitale que les réseaux sociaux ont tenue à merveille.
De larges foyers de communication ont ainsi été libérés spontanément. Des débats passionnés ont été ouverts au plus grand nombre pour que la participation et l'implication populaire soient dans les lignes les plus étendues. La rue est devenue dans ce contexte d'échange et de transmission le lieu de prédilection de la résurgence citoyenne.
A travers l'ambiance festive qui réunit le monde bigarré des marcheurs de la semaine, le mardi pour les étudiants et le vendredi pour la grande masse des citoyens, on aime par dessus tout se rencontrer aux endroits névralgiques pour replonger dans l'ambiance frénétique du combat collectif. Les points de chute dans les grandes villes, comme la Poste centrale d'Alger sont devenus les repères symboliques les plus ardents de la mobilisation. Ces agoras sont toujours saturées. Il faut venir de bonne heure pour s'y faire une place.
C'est dire que leur occupation est toujours prise comme un défi offensif qu'il ne faut jamais lâcher. Des citadelles à défendre et à partir desquelles la flamme révolutionnaire ne doit pas s'éteindre. Au demeurant cette flamme est restée vive depuis la première étincelle et continue à ce jour à exalter la fureur révolutionnaire. Le mois de Ramadhan a été, dans cette optique, l'occasion pour les Algériens de tester leurs capacités d'endurance, leur détermination, alors que les tenants du système avaient misé sur une courbe déclinante du soulèvement.
Pari tenu. Avec cette particularité qui fait la grandeur du mouvement : rester toujours aussi vigilant qu'à la première heure. Une règle, une orthodoxie, une question de survie. Car le danger le plus redoutable vient du fléchissement, de l'éparpillement des forces, de la démoralisation. Mais également des velléités d'infiltration de la part des groupes islamistes pour détourner la protesta de son cours.
A plusieurs reprises, des groupes épars représentant le FIS dissous ont essayé, avec des slogans et des banderoles qui nous rappelaient les tragiques épisodes de la décennie noire, d'avoir un effet entraînant, mais en vain. La réplique des militants de la cause démocratique a été cinglante. «Dégagez, vous êtes les semeurs de la fitna». D'ailleurs, cette crainte de voir les intégristes récupérer les marches donne des sueurs froides au pouvoir militaire qui ne veut absolument pas retomber dans la tragédie des années 1990.
Etre fidèle au rendez-vous du hirak est devenu dans ce cas un acte patriotique naturel qui demande à chaque étape plus de motivation individuelle pour rendre l'engagement démocratique des masses encore plus impressionnant, lui donner plus de volume et de caractère. Il est sûr que la mobilisation acharnée contre le système pourri a été un puissant facteur de rapprochement et d'unification, mais sans la prise de conscience politique qui a déferlé comme une traînée de poudre, affectant particulièrement les esprits de nos jeunes, elle n'aurait jamais atteint la dimension qui la rend si singulière aujourd'hui.
C'est dans ces longues processions humaines que l'on se découvre et qu'on découvre l'autre. C'est dans ces espaces réduits que les échanges d'idées et d'opinions se développent, s'élargissent pour aboutir à des réflexions concrètes concernant la marche à suivre, les positions à prendre.
La hirak aide à comprendre les situations politiques ambiguës, à décrypter les enjeux majeurs, à donner un sens à la lutte qu'on mène. Sur ce plan, on peut dire sans risque de se tromper que le mouvement insurrectionnel a beaucoup gagné en maturité politique et en expérience concernant la mobilisation pacifique.
En trois mois, le rituel de contestation s'est déroulé sans violence pouvant provoquer des dégâts humains ou matériels, en dépit des multiples tentatives de répression «musclées» des services de sécurité pour intimider les manifestants. C'est un point miraculeux à inscrire dans l'histoire des révoltes populaires comme une vraie performance.
Il demeure cependant que c'est l'obstination du pouvoir à ne pas reconnaître la réalité de la force populaire émergente et à lui dénier sa souveraineté et ses légitimes aspirations qui pose problème en mettant le pays dans l'engrenage. «Pourquoi le pouvoir militaire refuse-t-il d'entendre la voix de la raison ?» C'est ce qui tourmente le plus le hirak, alors que les solutions à la crise paraissent si faciles à envisager, si la lucidité et le discernement sont pris en considération.


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