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Festival de Cannes. Au fil des projections : Sunlights planétaires
Publié dans El Watan le 22 - 05 - 2010

La plus prestigieuse rencontre du cinéma mondial demeure, malgré la crise ambiante, un lieu magique de découvertes.
Des Hommes et des Dieux, film français de Xavier Beauvois sur la vie des moines trappistes de Tibherine, près de Médéa, en pleine montagnes du Titteri, a été projeté mardi en compétition au Festival de Cannes. Le film reconstitue essentiellement les derniers mois de cette communauté chrétienne, qui vivait depuis des décennies en Algérie, en contact avec la population, intégrée, reconnue et acceptée par les autorités algériennes. Selon les préceptes de leur confrérie, les moines pratiquaient une entraide active (soins médicaux, démarches administratives…) et vivaient de l'exploitation de leur verger et de la production de miel qu'ils vendaient au marché. Ils répondaient du mieux qu'ils pouvaient aux sollicitations de la population, notamment le moine-médecin du monastère qui recevait en consultation jusqu'à cent malades par jour et leur fournissait gratuitement les médicaments disponibles. Cette communauté de moines trappistes croyait fermement à une entente fraternelle et spirituelle entre chrétiens et musulmans. Mais un jour, la région de Médéa, comme le reste du pays, bascule dans la violence terroriste.
Le wali de Médéa, alors en poste, soucieux de la sécurité des moines, s'était rendu au monastère pour leur proposer une protection de l'Etat algérien, leur affirmant qu'il mettrait tout en œuvre pour les aider et les protéger. Les moines avaient refusé catégoriquement cette offre, sous prétexte de leur neutralité religieuse. Dans cette situation impossible à gérer, grave et inconnue, le refus des moines était incompréhensible. Un peu plus tard, le même haut représentant de l'Etat avait réitéré sa démarche, le film le montrant très digne, très persuasif, très convaincant pour prier les moines trappistes de se replier sur Alger, où ils seraient plus en sécurité. Hélas, nouveau refus des intéressés de quitter le monastère. Ils étaient naïvement convaincus que leur foi les protégerait de tout danger.
Après le wali de Médéa, un officier, commandant une unité de l'ANP, revient à la charge, en demandant aux occupants du monastère de quitter les lieux. Le film montre que ce même officier soupçonne les trappistes de contacts avec le GIA. On voit d'ailleurs une scène où le père supérieur des moines serre la main d'un émir barbu, tandis que le médecin porte secours à un terroriste blessé par balles. L'armée ne réussit pas plus que le wali à faire partir les moines. On connaît aujourd'hui la suite tragique de cette terrible affaire : leur kidnapping par le GIA et leur mort atroce. Le film de Xavier Beauvois signale, en générique final, que plusieurs thèses circulent en France sur les circonstances de leur mort. La communauté des moines trappistes de Tibherine connaissait l'Islam, lisait le Coran, entretenait des relations fraternelles avec la population locale musulmane et, de ce fait, pensait sincèrement que là résidait son salut et sa protection, par la force de son exemple et, sans doute, la foi qui l'habitait.
Or, en raison de son obstination à refuser de partir, même momentanément, comme le leur avait demandé le wali, les moines sont tombés sur une bande de terroristes sanguinaires sans foi ni loi. C'est ce tragique malentendu qui a amené la perte de ces hommes attachés à l'Algérie. Il faut souligner que le film de Xavier Beauvois raconte toute cette affaire avec respect et sobriété. Dans la même section officielle, est passé Copie Conforme, du réalisateur iranien Abbas Kiarostami, avec la délicieuse Juliette Binoche en actrice principale. Tourné en Toscane dans des paysages à couper le souffle, le film suit le début d'une affaire amoureuse entre une belle française, directrice d'une galerie d'art, et un écrivain anglais venu en Italie pour une tournée de conférences. Intrigue savoureuse, mise en scène très brillante. On ne sait plus si c'est une histoire vraie ou si tout a été inventé. Abbas Kiarostami a filmé là un conte oriental transposé en Toscane, un récit déroutant et imprévisible. Submergés d'images, cheminant au creux de mille fictions, vivants aux côtés de stars éclatantes de rondeurs, ici, pourtant, dans le plus prestigieux rassemblement mondial du cinéma, il s'en trouve certains pour songer déjà aux matches de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, très proche, il faut le reconnaître.
Même le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux, passionné du ballon rond, avoue que son cœur balance entre Orson Welles et Diego Maradona... ! C'est le même génie créateur, le même chaos fier et hautain. Pendant ce temps, le tchadien, Mahamat Saleh Haroun, a présenté son film Un Homme qui crie et a ainsi marqué un beau but dans la compétition. Film sombre, fort, dérangeant, dépourvu du moindre espoir. C'est une histoire déchirante qui se passe au Tchad en pleine guerre civile, exode, misère et désespoir. Adam, employé d'hôtel, perd son travail et voit son fils unique pris de force par le gouvernement pour « l'effort de guerre » contre la rébellion. C'est un film lent, cohérent et très bien fait. Il n'y a pas de choses inutiles. Tout est rigoureux dans le travail de mise en scène et la présence forte des personnages à travers une juste expression de leurs sentiments et de leurs troubles intérieurs. Tout ce qui fait la cohésion sociale de la société tchadienne est éclaté, déchiré, émietté. Poussé au bout de son malheur, Adam commet un acte fatal en sacrifiant son fils. Ce faisant, il se détruit lui-même. Que peut-il faire d'autre, sinon pousser un cri et sombrer dans la folie ? Les Africains sont-ils seulement les jouets de l'histoire ou reprendront-ils un jour leur destinée en mains ? Mahamat Saleh Haroun nous laisse ruminer cette question.
Point commun entre Un Homme qui crie et Biutiful, le film du mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu est la facture désespérée de la vie des personnages. C'est un récit très sombre également où l'excellent acteur espagnol, Javier Bardem, entre dans le personnage d'un homme tiraillé, mourant de cancer, errant dans les bas-fonds de Barcelone, cité vouée à la violence et au trafic en tous genres. Cité de déclassés aussi, émigrés arabes, africains, chinois sont pourchassés par une police corrompue. Force et vitalité d'une œuvre qui a marqué la compétition. Tout autre chose s'est profilé avec le fastueux film de Bertrand Tavernier : une histoire d'amour au XVIe siècle. La Princesse de Montpensier est une jeune femme déchirée entre son devoir et son désir amoureux. Ce douloureux dilemme se pose à elle à l'époque de la Saint Barthélémy, soit au paroxysme des guerres de religion en France. Le réalisateur français a signé une œuvre de passion, où le jeu des rivalités domine, mais le tout dans une grande poésie et finalement d'une grande beauté. Sur la Croisette, c'est la rencontre de toutes les générations et de tous les univers : on peut y rencontrer le même jour Woody Allen venu présenter sa nouvelle comédien You will meet a tall dark stranger (hors compétition) et aussi les jeunes réalisateurs algériens invités au Short Film Corner (espace réservé aux courts métrages) : Yasmine Chouikh, Mounès Khamar et Yannis Koussim.


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