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«La détérioration de la situation économique, un sérieux obstacle pour obtenir des crédits»
Badreddine Nouioua. Ancien gouverneur de la Banque d'Algérie
Publié dans El Watan le 15 - 10 - 2019

Endettement extérieur, la planche à billets, le marché parallèle et la situation financière du pays en général, l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie fait un constat sans concession de la situation du pays. Il analyse et donne des éclairages sur les dernières décisions prises dans le projet de loi de finances 2020 adopté avant-hier par le Conseil des ministres.
– Après plusieurs années d'opulence, près de 200 milliards de réserves de change, un Fonds de régulation des recettes (FFR) bien garni, l'équivalent de 77 milliards de dollars en 2013, l'Algérie se retrouve dans une grave crise économique. Comment peut-on «réussir» un tel échec ?
Le problème qui préoccupe le plus en ce moment une grande partie de la population, c'est la situation politique que l'Algérie est en train de vivre.
L'élection présidentielle constitue sans doute le moyen de sortir le pays de l'impasse où il se trouve. Mais il est indispensable de réunir les conditions en tenant compte des revendications populaires pour que les élections puissent se tenir d'une manière satisfaisante et aboutir au résultat recherché.
Si le futur Président n'est pas élu avec une forte majorité des électeurs inscrits et une forte majorité des votants, il risque de ne pas avoir l'adhésion d'une large partie de la population. Il ne serait pas en mesure d'imposer l'autorité de l'Etat pour mettre fin aux dépassements, au laisser-faire et au laisser-aller qui ont porté tellement de préjudices aux intérêts du pays. Il ne pourrait pas non plus appliquer la politique qui contribuerait à relever les défis auxquels nous sommes confrontés.
L'espoir demeure toutefois pour que des solutions soient trouvées avant la tenue des élections pour mettre fin aux incertitudes.
Ceci étant, la situation économique qui prévaut actuellement en Algérie n'est pas moins préoccupante, la crise économique s'aggrave de jour en jour, sans qu'aucune issue ne se dessine.
Il est exact que des fonds considérables existaient en 2013 en devises, 194,012 milliard de dollars de réserve du change et en dinars (5563,5 milliards de dinars représentant le solde du Fonds de régulation des recettes), ces fonds ont été gaspillés et ont servi à éponger les déficits de la balance de paiement qui ont commencé à être enregistrés à partir de 2014 et ceux du budget qui ont apparu à partir de 2009.
La diminution des recettes en devises à la suite de la chute du prix du baril de pétrole à partir du second semestre 2014 et l'incapacité d'adapter les importations de biens et de services à la nouvelle situation sont à l'origine des déficits de la balance de paiement. Les déficits du budget ont été provoqués par le maintien des dépenses publiques, celles du fonctionnement et celles de l'équipement à un niveau élevé sans pouvoir procéder aux ajustements nécessaires.
De ce fait, les avoirs du Fonds de régulation des recettes ont été épuisés en totalité dès 2017. Ceux des réserves de change ont été largement amputés et sont tombés à 79,88 milliards de dollars fin décembre 2018. En cinq ans, la diminution a atteint 115 milliards de dollars et s'est poursuivie en 2019 à cause, toujours, du solde négatif de la balance des paiements.
Ainsi, des ressources aussi importantes n'ont pu être préservées pour être utilisées à financer les investissements productifs, lesquels auraient engendré des richesses et créé des emplois.
A cause de la mauvaise utilisation de ces ressources, le pays se trouve entre autres démuni des moyens lui permettant de faire face aux conséquences de la crise économique et sociale. Il est maintenant contraint d'envisager le recours aux crédits extérieurs sans être sûr de pouvoir les obtenir, comme il est obligé de maintenir le financement non conventionnel ou plutôt le financement direct du Trésor par la Banque centrale malgré les risques.
Il est clair que c'est le résultat de la politique irresponsable et ruineuse suivie par les différents gouvernements qui se sont succédé durant ces années 2000. Ces gouvernements, sauf rares exceptions, n'étaient pas animés par le souci de servir l'intérêt général, de renforcer l'économie nationale, de mettre fin au sous-développement et de préparer l'avenir.
Ils étaient, par contre, mobilisés pour aider les détenteurs du pouvoir à le conserver aussi longtemps que possible, quels que soient les dommages subis dans tous les domaines. Plusieurs des mesures qu'ils avaient prises étaient destinées à conserver et à élargir le soutien de la population à ceux qui sont à la tête de l'Etat pour qu'ils y restent d'une manière indéterminée sans être contestés.
D'où les subventions directes et indirectes, l'attribution gratuite de logements, la bonification des intérêts, l'annulation des dettes des agriculteurs et leur prise en charge par le Trésor, l'augmentation des effectifs au niveau des administrations et des institutions publiques, au point de devenir pléthoriques dans certaines d'entre elles. L'augmentation des salaires et des primes sont accordées en même temps.
Les gouvernements en question tiennent également, d'une manière assidue, à offrir à la clientèle du pouvoir, constituée de prédateurs sans scrupules, des occasions de s'emparer des fonds publics et de s'enrichir davantage. C'est ainsi que les dépenses en capital qui sont affectées à la réalisation d'infrastructures économiques et sociales donnent lieu à l'octroi de gros marchés aux entreprises de ces prédateurs dans des conditions opaques. Ces marchés sont exécutés sans contrôle sérieux, sans respect des délais et des coûts, lesquels sont régulièrement réévalués.
Les montants alloués à l'application de toutes ces mesures font l'objet de hausses qui provoquent les déficits qui ont été mentionnés plus haut et induisent une dilapidation effrénée des fonds publics.
D'un autre côté, la bureaucratie paralysante, la généralisation de la corruption, les décisions contre-productives, telles que la règle 51/49, ont découragé les investisseurs éventuels, qu'ils soient nationaux ou étrangers.
Entre 2000 et 2018, l'Algérie a encaissé 850 milliards de dollars provenant de l'exportation des hydrocarbures. En dehors du remboursement anticipé de la dette extérieure qui a été effectuée d'ailleurs d'une manière contestable, le reste des devises a servi à constituer les réserves de change et à couvrir les dépenses d'importation de marchandises et de services effectuée de manière démesurée et les autres transferts.
Ces opérations ont ouvert la voie aux surfacturations, aux fausses importations et à tous les trafics qui ont favorisé la fuite de capitaux énormes. Sur les 850 milliards de dollars, les prélèvements au titre de la fiscalité pétrolière ont atteint en moyenne 65% qui ont été convertis en dinars et versés au Trésor pour alimenter le budget. Les autres 35%, convertis également en dinars, ont été reçus par Sonatrach.
Ces importantes recettes en dinars, revenant au Trésor et à Sonatrach, ont permis la réalisation des infrastructures économiques et sociales coûteuses et de mauvaise qualité (routes, hôpitaux et universités, etc). Comme elles ont donné la possibilité, notamment à Sonatrach et Sonelgaz, d'exécuter quelques projets aussi coûteux. Elles ont donné lieu, en fait et en grande partie au gaspillage, au pillage et au transfert des fonds vers l'étranger.
Elles n'ont pas servi à promouvoir un développement économique et sociale effectif qui se traduit par l'accroissement de la production des biens et des services, la création d'emplois, la distribution des revenus obtenus grâce au travail, au déploiement des efforts, à l'innovation. C'est pour ces raisons que le pays se retrouve avec une économie non consistante, vulnérable et déstructurée et reste dépendante des hydrocarbures et de l'étranger.
– Aucun gouvernement n'a réussi, ces dernières années, à se débarrasser de l'économie souterraine qui représente, selon certains, près de 60% de l'économie nationale. Ils ont échoué à faire entrer dans le circuit officiel toute la masse monétaire qui y circule, notamment la devise. Ou réside, selon vous, le problème ?
L'extension de l'économie informelle est due au laisser-aller, à la faiblesse de l'exercice de l'autorité de l'Etat et aux connivences entre le monde politique et les milieux pourris de l'argent. Elle est le centre des transactions qui sont conclues dans l'opacité et sont réglées par du numéraire pour ne pas laisser de traces.
Des tentatives ont été faites pour répandre les moyens de paiement scripturaux à travers les circuits bancaires et financiers sous forme de chèques, de virements, de cartes bancaires de paiement… en vue de réduire l'usage du cash, mais elles n'ont pas donné de résultats.
Un premier décret exécutif est pris le 14/11/2005 et qui fixe le seuil applicable avec paiement devant être effectué à travers les circuits bancaires et financiers à 50 000 dinars, a été remplacé par un autre décret exécutif daté du 13/07/2010 qui prévoit un seuil de 500 000 dinars, mais il n'a pas été appliqué.
Un nouveau décret exécutif est pris en 2015 et fait état d'autres seuils qui sont de 5 millions de dinars pour les achats de biens immobiliers et de 1 million de dinars en ce qui concerne les autres transactions. Cette mesure n'a été suivie d'aucun changement perceptible.
Il est temps d'adopter une loi relative aux modalités de paiement et de veiller à sa stricte application pour limiter les pratiques douteuses préférant l'utilisation du numéraire.
Il est à noter que la circulation fiduciaire (billets de banque et pièces métalliques) en circulation qui était de 25,9% de la masse monétaire en 2011 s'est élevée à 29,5% en 2018. C'est dire que le recours aux paiements cash a encore augmenté. On sait que l'économie informelle tend à favoriser entre autres la fuite des capitaux vers l'étranger et plus particulièrement l'évasion fiscale.
Pour lutter contre ce phénomène, il convient de renforcer les services des impôts par des éléments bien formés, intègres et engagés, comme il est important de les informatiser et de les doter des moyens matériels, équipements adaptés, locaux convenables, un nombre de véhicules suffisants, etc.
Il serait souhaitable, d'autre part, d'intégrer tous ceux qui disposent d'un registre de commerce dans le circuit informatique en même temps que les autres contribuables et suivre leurs activités pour asseoir l'impôt les concernant et procéder à son recouvrement. En fait, il faudrait une volonté politique pour agir et mettre de l'ordre dans ce domaine, mais une telle volonté n'existe pas à l'heure actuelle.
– Le gouvernement actuel a décidé de recourir à l'endettement extérieur auprès, dit-il, d'institutions internationales, comme la Banque mondiale (BM) et la Banque africaine de développement (BAD). Il n'écarte pas aussi la possibilité de recourir encore à la planche à billets. Quel impact pourraiet avoir ces deux moyens de financement dans le contexte de crise que vit le pays aujourd'hui ?
En vue de réduire les ponctions sur les réserves de change et éviter leur épuisement, le gouvernement a annoncé qu'il va recourir à l'endettement extérieur pour financer des projets rentables.
L'endettement extérieur était banni durant toutes ces dernières années et notamment au moment où le pays bénéficiait d'une aisance financière, laquelle aurait facilité l'obtention des crédits extérieurs. La détérioration de la situation économique va être un sérieux obstacle qui va empêcher l'obtention de ces crédits.
Il est question qu'ils soient affectés à des projets rentables. Est-ce que de tels projets existent ? Ont-ils fait l'objet d'études complètes couvrant les aspects techniques, économiques, financiers, environnementaux, etc. ?
Sont-ils susceptibles d'être acceptés par les institutions financières multilatérales qui veillent à ce que toutes les conditions nécessaires à leur exécution soient réunies avant de marquer leur accord ? En outre, ces institutions n'interviennent que lorsqu'elles constatent une stabilité politique et que si elles ont comme interlocuteurs des éléments compétents, intègres et crédibles.
Elles ne tolèrent pas, d'autres part, l'improvisation, le manque de rigueur et l'absence d'un contrôle minutieux. Les projets qui leur seront présentés, dans la mesure où ils existent, répondent-ils à toutes ces exigences ?
Quoi qu'il en soit, l'endettement extérieur ne doit pas être vu comme étant un expédient appelé à la rescousse pour faire face à une situation difficile.
Il doit être considéré comme étant un instrument de financement complémentaire à utiliser dans le cadre d'une stratégie globale de développement après avoir élaboré une règlementation qui détermine la nature des crédits à solliciter, leurs termes et conditions, leurs niveaux, leurs sources, etc.
Cette stratégie indique les secteurs qui en seront bénéficiaires et constitue à cet effet un portefeuille de projets sélectionnés et ayant fait l'objet d'études complètes et dont l'exécution peut être engagée sans aléas.
La stratégie en question ne se limite pas au recours à des crédits extérieurs, elle peut retenir aussi la possibilité de faire appel à des investissements financés par des partenaires étrangers et qu'ils réaliseront sans aucune restriction dans des zones franches à mettre en place dans la mesure où leurs productions seront destinées essentiellement à être exportées.
Quant au maintien du financement dit non conventionnel, c'est-à-dire le financement direct du Trésor par la Banque centrale comme cela a été déjà indiqué, il est inévitable compte tenu du déficit prévu du budget. Une des tâches essentielles de cette institution est de fournir des financements à l'économie en veillant à la stabilité interne et externe de la monnaie nationale. Les financements peuvent être accordés à travers les banques ou à travers le Trésor. Ils ne représentent pas en eux-mêmes des risques.
Les risques sont liés à leur mauvaise utilisation. Si le Trésor affecte les concours que lui octroie la Banque centrale à des investissements productifs, leur réalisation sera bénéfique pour l'économie. Le danger existe par contre si les concours sont employés à combler le déficit du budget, déficit résultant des dépenses improductives, non maîtrisées, non contrôlées. Cela va être probablement le cas.
– L'on ne comprend pas pourquoi le gouvernement ne fait rien pour lutter contre le marché parallèle de la devise et fermer la «Bourse du Square»…
Le marché parallèle des devises n'existe pas seulement au square port Saïd, où le nombre d'opérateurs est important, mais également dans presque toutes les villes d'Algérie, notamment celles qui sont près des frontières.
J'ai interrogé un jeune «dealer» du square, il m'a dit qu'il travaillait pour son propre compte, qu'il s'alimentait auprès de grossistes qui sont installés dans les alentours. Il a ajouté ceci : «Si ce marché existe et continue à fonctionner, c'est qu'il est entre les mains de personnes haut placées».
Ce qui est certain, c'est que ce marché a pris ces dernières années beaucoup d'ampleur. Tant qu'il y a des restrictions au niveau du contrôle des changes, il existe une demande de devises qui ne peut pas être satisfaite d'une manière régulière et s'oriente vers ce marché.
Il est regrettable qu'au moment où le montant des réserves de change était élevé, aucune décision n'a été prise pour assouplir certaines dispositions du contrôle des changes. Il était possible d'accorder une allocation de voyage plus consistante, de donner aux étudiants qui sont à l'étranger et qui n'ont pas de bourse un montant leur permettant de vivre, permettre à des malades de se soigner à l'extérieur, faute de pouvoir le faire sur place.
Mais à côté des besoins plus ou moins «légitimes», il y a ceux de toute une faune de spéculateurs, de trafiquants, de corrompus, de détenteurs de capitaux. Parmi eux, les uns veulent avoir des devises pour importer des produits qui ne sont pas autorisés, mais qu'ils réussissent toujours à faire entrer, d'autres qui cherchent à blanchir les fonds mal acquis, ou à placer leur argent dans des endroits qui leur paraissent plus surs, etc. Le problème est vraiment très complexe et sa solution est très difficile. L'action est à mener à plusieurs niveaux.
Il faut commencer par établir la confiance dans la monnaie nationale en assurant sa stabilité, ce qui n'a pas toujours été le cas malheureusement. Comme il faut renforcer le contrôle au niveau des frontières et des ports, donner la possibilité à ceux qui ont des capitaux acquis honnêtement de les fructifier localement, cela incitera les employés des banques à être plus vigilants, etc.
Il faut essayer, d'un autre côté, d'identifier les différentes demandes de devises et les différentes offres et agir pour les réduire progressivement. Sans volonté politique pour mettre fin au statu quo actuel, on ne peut entrevoir aucune solution.
– Le projet de loi de finances 2020 autorise l'importation de voitures de moins de trois ans. Quelles sont, selon vous, les implications de cette décision sur l'économie nationale ?
La proposition dans le projet de loi des finances 2020 d'autoriser l'importation des voitures de moins de trois ans est surprenante, le moins que l'on puisse dire. Certains pensent que ceux qui l'ont faite sont inconscients ou font de la démagogie étant donné ses graves implications.
Le parc automobile, tel qu'il est actuellement, pose de nombreux et graves problèmes contre la pollution. Les embouteillages font perdre du temps à tout le monde. Une étude de leurs conséquences fait apparaître les dommages énormes qui en résultent.
Les nombreux accidents provoquent tous les jours des décès, des blessures handicapantes, des drames au niveau des familles, des pertes financières énormes. L'entretien de ce parc est en plus coûteux et donne lieu à des trafics. Par ailleurs, une industrie de montage de véhicules comportant plusieurs unités a été installée et vise à faire cesser les importations de véhicules neufs ou d'occasion. Elle a été mal conçue, mal engagée, mais elle est là.
L'importation de voitures de moins de trois ans, si elle est autorisée, va induire une flambée du coût des devises sur le marché parallèle.
Dans les années 1980, l'importation de voitures sans paiement, c'est-à-dire sans l'attribution des devises, avait entraîné une augmentation du coût du franc français qui avait atteint quatre dinars sur le marché parallèle, alors que son coût officiel valait moins.
La mesure, si elle est appliquée, serait une aubaine pour ceux qui alimentent le marché et qui vont multiplier leurs bénéfices. Au lieu d'essayer de régler le problème du transport en commun, urbain et interurbain qui a été négligé, on présente une proposition qui risque de compliquer la situation.
– Le débat sur le changement de la monnaie pour régler la question de l'économie souterraine et sur la convertibilité du dinar est toujours d'actualité. Quel est votre point de vue ?
C'est un faux débat, la solution du problème de l'économie souterraine implique une multitude d'actions d'une autre nature, dont certaines ont été évoquées plus haut. Au début des années 1980, le retrait de la circulation d'un type de billet de banque qui faisait l'objet de trafic n'a donné que des résultats dérisoires.
D'autre part, le changement de monnaie n'aura aucun impact sur la convertibilité du dinar. Celle-ci ne peut intervenir que s'il y a une diversification des sources des rentrées des devises, laquelle implique une diversification de la production de biens et de services qui pourront être exportés en quantités suffisantes permettant de procurer un montant de devises qui couvrira le coût des importations.
Le changement de monnaie qui n'est pas une opération fiscale pourrait être envisagé pour établir un taux de change du dinar plus favorable. Mais pour obtenir un tel résultat, le changement doit être précédé par un grand nombre de mesures destinées à assainir et à renforcer l'économie nationale.


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