Il était militant de la cause identitaire, Mohamed Dahmani, originaire de la daïra de Boghni, dans la wilaya de Tizi Ouzou, s'est éteint, mercredi, en France, suite à une longue maladie qui l'a cloué au lit durant plusieurs mois. Le défunt était aussi l'un des fondateurs du congrès mondial amazigh et l'une des personnes qui ont préparé l'Assemblée générale constitutive de cette organisation internationale non gouvernementale, les 27-30 août, à Tafira, dans les îles Canaries. La mort de Mohamed Dahmani intervient dans un contexte marqué par la propagation de la pandémie du Covid-19, ce qui empêche les militants et autres compagnons de combat à rendre un dernier hommage au regretté. Mais en dépit de cette situation, plusieurs personnes ont honoré la mémoire de ce militant des causes justes. «J'ai connu Mohand Dahmani lors de la réalisation de mon documentaire sur le Congrès mondial amazigh. J'ai découvert en lui un homme sincère, un vrai militant qui aime sa terre et sa culture. J'ai appris, à travers son témoignage, mais aussi celui des autres membres fondateurs, que sans lui, le CMA n'aurait pas vu le jour. Il a, lui-même, organisé le prè-congrès de Saint-Rome-de-Delon. Dahmani a participé à la préparation du Congrès de Tafira qui a vu la naissance du CMA. Déçu par le déroulement de ce dernier, Mohand a préféré se retirer de cette organisation. Je l'ai interviewé aussi, ces dernières années, sur un livre qu'il préparait sur la Kabylie face au colonialisme français», nous raconte le journaliste Mohand Kacioui. «Tous les membres fondateurs du CMA que j'ai fait parler dans mon documentaire, reconnaissent son implication et son rôle important dans la création du Congrès. C'était un homme cultivé qui avait une analyse objective et autocritique sur le mouvement Amazigh et le congrès en particulier. S'il a choisi de rester discret ces dernières années, ceux qui le connaissent savent qu'il continuait à porter la culture berbère dans les veines. Il était un artiste aussi. Il faisait de la poterie. Il a choisi de vivre dans un petit village, en Lozère, afin de reconstituer un environnement qui ressemble à sa Kabylie natale. Enfin, mes pensées vont à sa famille, en particulier à son frère Arezki, économiste et, lui aussi, militant de la démocratie. Aujourd'hui, je me sens privilégié de l'avoir interviewé pour mon documentaire sur le CMA que je diffuse d'ailleurs lundi 20 avril. Cette diffusion sera avant tout un hommage pour ce grand militant amazigh», nous a-t-il ajouté. Ali Harcherras, un militant de la cause amazigh, au Maroc, estime que le décès de Dahmani est une grande perte pour Tamazgha et tous les Amazighs. «Les jeunes le connaissent, peut-être moins, alors qu'il est l'un des acteurs les plus actifs, les plus déterminés et les plus déterminants du Mouvement amzigh, depuis les années 1970. Il est le président fondateur de l'Association Internationale de Solidarité Berbère (ASIB)», a-t-il écrit en guise d'hommage. «Mohend (que j'appelle parfois Chikh Mohand et parfois Ssi Mohand), en plus d'être un grand connaisseur de l'Histoire de Tamazgha, se distingue également par sa connaissance de ce pays, sur le terrain : il l'a parcouru de long en large et en connaît quasiment toutes les villes et tous les villages. Amoureux de la montagne, il parcourt le Haut et l'Anti Atlas et, amazighe dans l'âme qu'il est, il distribue des habits et des vivres aux nomades et aux bergers qu'il rencontre… Il y a tant d'autres choses à dire sur notre Mohand, Muend-nne», a-t-il ajouté. Mohand Dahmani reposera désormais, en paix aux côtés d'autres militants qui ont marqué la genèse de la revendication identitaire amazighe.