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L'opération : «Faire taire les armes» vue par les médias d'Afrique du Nord
Point de vue
Publié dans El Watan le 21 - 10 - 2020

Les dirigeants africains ont adopté, en 2016, la feuille de route de Lusaka pour mettre fin aux conflits et se sont engagés à ne pas léguer le fardeau des conflits à la prochaine génération. Ils ont lancé l'initiative «Silencing the Guns» et au moment de la déclaration, les acteurs étatiques et non étatiques en Afrique ont mené environ 630 conflits armés entre 1990 et 2015.
L'Afrique est toujours aux prises avec la violence armée non étatique, le gangstérisme et la criminalité transnationale organisée ; les acteurs non étatiques représentaient plus de 75% des conflits dans le monde.
Les civils africains possèdent plus de 40 millions d'armes légères et de petit calibre. Malgré les efforts de l'Union africaine et de la Commission Paix et Sécurité, les conflits étatiques, les tensions ethno-religieuses, les conflits sociaux, économiques et politiques persistent toujours.
La crise Libyenne
Depuis 2011, la Libye est une plaque tournante du commerce des armes.
Les armes pillées dans l'arsenal militaire, estimées à 23 millions, circulent librement parmi la population et entre les mains des groupes armés et des milices.
Les pays du Sahel, tels que le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad, qui subissent des assauts et des attaques de groupes armés, souffrent des répercussions de la crise libyenne. En somme, la situation est source d'instabilité et de chaos, aggravée par les interférences militaires étrangères
En tête de l'agenda politique et médiatique, les dirigeants mondiaux se sont réunis à Berlin et ont convenu d'un embargo sur les armes pour la Libye.
Cependant, certains pays, sont accusés par le secrétaire général de l'ONU de violer l'embargo et de continuer à fournir des armes pour le conflit. L'Union européenne lance l'opération «Irini» pour faire respecter l'embargo sur les armes sur la Libye, mais les critiques soutiennent qu'elle ne contribue pas à une solution au problème libyen ni à l'embargo
Les Médias de la Paix
Les médias en Afrique du Nord ont préconisé des solutions pacifiques à travers des articles et des reportages.
Nous avons tous en mémoire le rôle effroyable de Radio des 1000 collines dans le génocide rwandais en 1994. Bien que les concepts de «Peace Media» et «Peace Journalism» soient tout nouveaux dans la culture de cette région, mais dans la pratique, ils gagnent en terrain et en compréhension.
Des articles et des commentaires sont publiés, des émissions télévisées et radiophoniques avec des experts et des politiciens sont diffusées pour attirer l'attention du public sur les répercussions dangereuses de ce conflit sur la paix et la sécurité dans la région.
Pas assez de lumière sur l'initiative «Silencing the Guns»
Quoi qu'il en soit, les dirigeants de l'Afrique du Nord ont été actifs pour parvenir à une solution pacifique en Libye. Cependant, les médias de la région n'ont pas donné assez de lumière sur l'initiative «Faire taire les armes», car ils n'ont peut-être pas été suffisamment informés sur cette question.
Dans les médias algériens par exemple, la situation en Libye est régulièrement rapportée et les impacts sécuritaires largement couverts, y compris le trafic massif d'armes le long des frontières. Probablement, les médias sous-estiment le STG, le considèrent même étrange et trop détaillé, alors que «le diable est dans les détails». Après tout, les médias jouent un rôle de sensibilisation et d'explication du danger au grand public. Ainsi, avoir même une petite arme est toujours un danger public et une attaque contre la paix et la sécurité des personnes.
Propositions pour un rôle plus percutant de la campagne médiatique sur STG
Ainsi, avoir même une petite arme est toujours un danger public et une attaque contre la paix et la sécurité des personnes. Au niveau continental, le côté éducatif et instructif à travers les outils de médias sociaux, les conférences de presse et les communiqués de presse semble être sous-développé. L'une des propositions est d'établir une liste de contacts des médias africains de toutes sortes.
Puis procéder à l'alimentation avec les documents nécessaires. Relancer les pools régionaux pour une circulation rapide de l'information sur tout le continent. Les récits doivent être plus pertinents et plus percutants en mettant en évidence les vertus de l'état de paix comme une opportunité pour le développement, la sécurité et la prospérité
De l'Afro Optimisme
En amont de l'agenda 2063, notre continent doit s'engager à mettre fin aux images de conflits, de privations et de violence. Une Afrique unie et forte grâce au respect des valeurs démocratiques, de la justice sociale et de la liberté de la presse, sont les meilleures politiques pour faire taire les armes et lancer une nouvelle ère d'optimisme afro. Mais plus important encore, les pays au «complexe industriel et militaire» ont le devoir et l'obligation de respecter pleinement les embargos sur les armes. En déversant des armes en Afrique, ces pays autorisent le langage des armes à feu pendant si longtemps (…) aux dépens de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans le monde.

Par le Dr Laïd Zaghlami
Enseignant de journalisme à l'université d'Alger. Contribution exposée lors du webinar du 8 octobre 2020 organisé par la commission de paix et sécurité de l'Union africaine
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