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Abdelkader Taieb-Ezzraïmi. Président de la Semoulerie industrielle de la Mitidja (SIM)
« Vers un partenariat SIM-Nestlé dans l'agroalimentaire »
Publié dans El Watan le 11 - 04 - 2005

Des semouleries de la Mitidja, vous êtes passé à six filiales. C'est quoi la Semoulerie industrielle de la Mitidja (SIM) aujourd'hui ?
Le 4 novembre 1990 est née la SIM. C'était la première fois depuis l'indépendance qu'un privé investit dans ce domaine de la minoterie et de la semoulerie. Il y avait un déficit énorme en produits semoule et farine. L'Algérie à cette époque-là, de 1990 à 1996, importait des blés des Etats-Unis, du Mexique et du Canada et le donnait à des minotiers tunisiens et marocains pour le moudre. Cela parce que les capacités des unités installées à l'époque ne suffisaient pas à combler la demande. Depuis la création de la SIM, avec son petit moulin de 150 tonnes, nous avons plus au moins atténué ce manque, mais c'était encore dans les limites de la Mitidja. Puis on s'était rendu compte qu'on pouvait aller au-delà de la Mitidja. On a augmenté nos capacités par un autre moulin de 450 tonnes. Il y avait des manques en Algérie en semoule et en farine. L'Algérie faisait du processing avec des Turcs, des Marocains, des Tunisiens et des Italiens. Tous ces pays écrasaient des blés pour envoyer des produits finis en Algérie. M. Ambrosio, un Italien, que j'ai connu en 1995, avait un moulin de 450 tonnes, le même que le mien, et qui travaillait à 100% pour l'Algérie. M. Ambrosio m'a fait visiter, dans le sud de l'Italie, un très grand moulin de 800 tonnes destiné pratiquement à l'Algérie. Je vous assure quand il m'avait dit ça, j'avais des larmes aux yeux. Et c'est de là que j'ai prié Dieu pour qu'Il exauce mon vœu de réaliser ce moulin. Puis il y a eu un troisième moulin, un quatrième et ainsi de suite. Aujourd'hui, la SIM a 7 moulins et produit quelque chose comme 2400 tonnes de semoule et de farine par jour. La SIM produit aussi 350 tonnes de pâtes et couscous et, depuis le 4 juin 2004, nous sommes le deuxième producteur mondial de couscous après Ferrero (un français né à Blida), qui produit 150 tonnes, et nous, nous produisons 125 tonnes. En Algérie, nous sommes à plus de 50% de parts de marché dans le couscous et autour de 68% dans les pâtes alimentaires. En semoule et farine, nous sommes à 22% de parts de marché. Le groupe a commencé à s'élargir en réalisant une clinique médico-chirurgicale à la Chiffa de 82 lits. Nous avons aussi créé une filiale promotion immobilière à Blida. Une autre filiale en partenariat avec une firme italienne, une société mixte algéro-italienne, qui exerce depuis 1997, et récemment une filiale eau minérale, puisque nous avons acquis les eaux minérales de Mouzaia et Benharoun. Et nous venons depuis trois mois de créer une filiale éducation. Il y a aussi la filiale énergie. Nous avons créé avec Sonatrach et Sonelgaz une société dans les énergies renouvelables en 2002. Le groupe SIM est aujourd'hui à 6 filiales.
Quel est le secret du développement de votre groupe ?
Ce sont plusieurs choses qui sont venues à la fois et qui ont fait que le groupe se développe. Avant le terrorisme, il y avait ce vide dans le pays. La SIM a été la première entreprise privée à investir dans le domaine de la minoterie en 1990. Nous avons bénéficié, durant six ou sept ans, des avantages que l'Etat donnait au secteur public. Ce sont des facilités que donnait l'Etat au secteur public, et moi, au milieu, j'en bénéficiai. A l'époque, comme maintenant d'ailleurs, ces entreprises d'Etat sont déficitaires et à chaque fois qu'elles remettaient des bilans déficitaires, l'Etat leur augmentait les marges. Et moi, je bénéficiais de cette marge, d'autant plus que les prix sont décrétés par l'Etat. Durant cette période, que je qualifie de mascarade, tous les mois, on recevait du ministère du Commerce les prix à appliquer durant le mois. Et vu les déficits des Eriad, on prenait des marges tellement importantes à tel point que j'avais, croyez-moi, l'impression de voler les gens. Je vous assure qu'en 1994-1995 nous étions arrivés à avoir des marges de 40%. Cela dit, j'aurais pu acheter une belle villa à Barbela ou acheter un hôtel je ne sais où, mais non, j'ai préféré les réinvestir. Ce qui explique le développement.
Le groupe s'est lancé aussi dans la biscuiterie...
La sauce tomate oui, mais les biscuits non. Il n'en a jamais été question. Les Eriad nous ont sollicités pour la reprise de la biscuiterie de Cherchell, mais je n'ai jamais été intéressé par ça. Le gros du groupe reste encore l'agroalimentaire. Nous sommes en train de développer ce secteur. En perspective, nous sommes en train d'étudier l'éventualité de la production de la sauce tomate en Algérie en partenariat avec une firme étrangère. Dans l'année à venir, le projet peut se concrétiser et ouvrir ainsi une filiale pour les sauces et peut-être même aller vers les jus de fruits et d'autres boissons, puisque nous avons les eaux minérales. Nous avons aussi le projet d'une filiale d'emballage en PET pour les eaux minérales dans un premier temps pour notre groupe, puis pour la commercialisation en général. C'est un grand projet d'investissement qui risque d'être imminent, c'est-à-dire durant l'année en cours. Nous sommes en phase de négociation, en outre, avec Perrier. Au début, c'était pour la reprise des équipements Perrier (une filiale de Nestlé), qui est en difficulté en France. Puis il y a maintenant d'autres propositions, notamment la production de farine pour lait infantile. Donc ça va vers un partenariat SIM-Nestlé dans l'agroalimentaire, notamment dans la production de farine infantile, probablement aussi, nous ferons avec eux, le petit déjeuner, genre Kerox, ou du blé soufflé qui fait fureur actuellement aux USA. Avec Nestlé, nous voulons le mettre en place ici en Algérie, par le biais d'une belle usine, et puis faire la distribution sur toute l'Afrique du Nord. Par contre, je n'accepterai jamais un partenariat sur les eaux minérales.
Qu'en est-il des unités de Mouzaia et Benharoun après un mois de leur reprise par votre groupe ?
Tout le monde appréhende la reprise par le privé de ces deux unités par la compression des effectifs. Je vais vous dire ceci : nous sommes en train de tourner avec deux équipes, soit 2x8. Nous allons recruter 45 personnes pour mettre en place la troisième équipe et fonctionner en 3x8. Donc, c'est tout le contraire qui se passe : de la crainte de compression d'effectifs, nous sommes passés à de nouveaux recrutements. Quant à la production, elle a quadruplé, en attendant de nouveaux investissements. Pour l'instant, nous sommes en phase d'installation de nouveaux équipements, et la deuxième chaîne sera fonctionnelle à partir du 1er mai.
L'Algérie vient de ratifier l'accord d'association avec l'Union européenne (UE). Comment appréhendez-vous l'étape de création de la zone de libre-échange ?
Notre approche est simple et se justifie par l'irréversibilité du processus enclenché par l'Algérie pour la libéralisation, selon les règles européennes, de son économie. Le secteur de la PME/PMI se doit de s'approprier cette vision des choses et rechercher les meilleures stratégies offensives. Bien évidemment, notre propos n'est pas d'occulter une situation trop bien connue, et qui se caractérise par le niveau insuffisant de compétitivité des produits algériens, du fait des insuffisances technologiques et managériales de la majorité des PME, et ce, malgré la prise de conscience des chefs d'entreprise et des investisseurs qui, par manque de visibilité, n'ont pas encore entrepris grand-chose pour garantir et pérenniser la présence de leurs produits sur le marché. Pour tirer un meilleur profit de ce processus, une dynamique doit être engagée et dont les forces agissantes doivent avoir la même direction et le même sens. A la rentrée sociale, une grande réflexion sera organisée, dont le but est d'identifier les mécanismes permettant au secteur de la PME/PMI de jouer son rôle dans une société au niveau de laquelle l'Etat, après son désengagement de la sphère marchande, se consacrerait au plan économique à ses missions régaliennes, d'orientation et de régulation.
Y a-t-il amélioration de l'environnement économique de l'entreprise en Algérie ? Qu'en est-il des zones industrielles ?
Aucune amélioration. C'est le statu quo. Les industriels, étant à l'étroit aujourd'hui, ne savent plus s'ils doivent investir ou réinvestir. Les investisseurs sont dans l'expectative. Notre souhait étant que les entreprises dissoutes à privatiser seraient reprises par ces industriels à l'étroit qui veulent augmenter leurs capacités de production ou investir. Il n'y a pas eu de création de nouvelles zones industrielles. Et quand nous demandons des terrains pour investir, ils nous proposent les zones les plus reculées. Sans oublier qu'il n'y a pas eu de prise en charge des zones industrielles existantes. La gestion des zones industrielles est une catastrophe. Je suis en train de préparer un dossier à soumettre au chef du gouvernement. Sachez que dans cette zone, à Ain Romana, c'est moi qui fais tout : l'eau, l'électricité, l'éclairage public... Même l'eau potable n'existe pas dans cette zone. Elle n'a jamais existé depuis 20 ans. Pourtant, nous payons environ 500 000 DA par an de taxe à la commune pour l'enlèvement des déchets industriels, en plus d'autres taxes. Je n'ai jamais vu les agents de l'APC venir ici ramasser même un clou. Nous plaidons la privatisation de la gestion de ces zones industrielles. C'est pour cela que nous voulons, avec le Forum des chefs d'entreprise (FCE), établir tout un dossier sur ces problèmes.
Comment appréhendez-vous le paiement des allocations familiales par l'employeur tel que décidé durant la dernière tripartite ?
C'est une décision acceptée par des représentants de patronat qui n'ont pas plus de trois à quatre employés à charge. La plupart d'entre eux sont des importateurs ou d'anciens patrons et qui ne sont plus rien maintenant. A travers une telle décision, ils pénalisent le père de famille. Les gens vont frauder en recrutant des célibataires et laisser partir ceux qui ont des enfants. Déjà la quote-part de l'employeur est élevée à 27% de charges, et ils lui rajoutent les allocations familiales. C'est une décision antiéconomique qui va pénaliser davantage l'emploi et qui va à contresens de ce que veut le président de la République, dont le leitmotiv reste l'emploi et la production. Au lieu de diminuer les charges patronales pour que nous puissions recruter et combattre le travail au noir et donner des salaires justes aux employés, c'est tout le contraire qu'on nous sort. Beaucoup de patrons privés ont vu leurs affaires prospérer sur le dos de l'Etat. Avec les échéances à venir et le désengagement de l'Etat de la sphère économique, est-ce que le privé algérien est prêt à affronter cette nouvelle phase faite de concurrence et à voler de ses propres ailes ? Le manager privé algérien a compris aujourd'hui qu'il doit retrousser les manches. Qu'il doit mettre son entreprise à niveau et qu'il lui faut une formation continue. Je crois que ça existe dans la mentalité du manager algérien maintenant. Il a compris qu'il doit se mettre sur le devant de la scène, et il communique mieux aujourd'hui. Quant au facteur risque, ceux qui ont investi en Algérie ont pris conscience depuis longtemps et ceux qui n'ont pas pris conscience, ce sont ceux qui sont partis. Un manager qui ne prend pas de risque ne peut aller loin et se développer. Et j'ai beaucoup de respect pour tous ceux qui sont restés ici et qui ont pris des risques parce que nous sommes condamnés à développer notre pays.
Y a-t-il eu un écho pour votre appel à l'union des organisations patronales algériennes ?
On s'est aperçu que quelque part les organisations patronales agissent en rangs dispersés. Je crois que le moment est arrivé pour que ce patronat s'unisse et devienne une force de propositions. Avec certaines organisations, nous n'avons pas été sur la même longueur d'onde, et nous n'avons pas le même langage. Mais aujourd'hui, avec cette proposition, nous allons nous connaître un peu plus, engager des actions communes et faire un peu de chemin ensemble. Avec ça, on arrivera un jour à une alliance. Avec le FCE, le dialogue est déjà entamé. Les allers et retours du Medef à Alger n'ont pas donné grand-chose pour l'instant... Je l'ai toujours dit : tant que l'opérateur économique étranger ne verra pas l'Algérien retrousser les manches, il ne viendra pas. Je ne cesserai pas de le dire : commençons d'abord par travailler. Je vous cite un exemple. Ce matin, j'étais hors de moi quand j'ai appris que l'une des banques avec laquelle nous travaillons - une petite agence à Kadiria - au fin fond du bled. Celle-ci refuse la signature du directeur de l'unité que nous avons achetée. Les responsables de cette banque lui ont dit qu'ils ne reconnaissent que la signature de l'ancien directeur. Vous imaginez un étranger se faire rabrouer par un petit chef d'agence bancaire ! Cela prouve qu'il y manque de professionnalisme. Et nous sommes en 2005 ! Nous n'allons pas passer toute notre vie à parler de manque de professionnalisme, que nous allons faire ceci et cela... Il faut agir !
Vous êtes connu pour vos actions caritatives. Est-ce par piété ou par calcul ?
Ce que je fais dans ce domaine, je le fais pour Dieu. Et c'est pour cela que je ne communique jamais mes aides pour les autres. Sinon ça devient du commerce et de la publicité. Moi je pars d'un principe : puisque je mange à ma faim et que, autour de moi, il y a des gens qui ne mangent pas à leur faim. Alors je me dis tout simplement : je peux aider une personne à manger à sa faim, c'est pour Dieu et uniquement pour Dieu. Dans la vie, on ne peut pas vivre en marge de la société, l'entraide est nécessaire. Alors ce que nous faisons, si l'homme ne nous le rend pas, Dieu nous le rendra.


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