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Himeur Djamel hérite d'un scénario Le Faucon blanc sur l'émir Abdelkader : «J'interpelle les professionnels du cinéma, les producteurs, les réalisateurs…»
Himeur Djamel, 58 ans, administrateur principal de l'urbanisme et des équipements au niveau de la mairie de Sidi M'hamed, à Alger, a poussé la porte de la rédaction d'El Watan pour révéler un secret, dévoiler un trésor. Un précieux document. Un scénario inédit sur le combat de l'Emir Abdelkader, dont il a hérité du journaliste français, Serge Michel, anticolonialiste, ayant contribué et œuvré pour la cause du FLN (Front de libération nationale). Un manuscrit, dactylographié, jauni par l'usure du temps, datant depuis les années 1970, intitulé Le Faucon blanc, un legs, voire une mission testamentaire pour Himeur Djamel. Honnêtement, c'est la toute première fois que nous traitons un sujet de telle nature. Un manuscrit, un scénario tout fait et surtout d'une teneur et valeur inestimables. La première et brûlante interrogation est aussitôt : «Comment un scénario inédit, ficelé, achevé d'un film portant sur la vie et la lutte armée anticoloniale française du père de l'Etat algérien, a-t-il atterri entre les mains de ce 'col blanc' de la mairie de Sidi M'hamed ?» C'est un concours de circonstances. Le jeune cadre de l'ENA, Himeur Djamel, alors exerçant à la mairie d'El Madania, en 1985, avec son premier édile avec lequel il travaillait, le regretté Lyès Derriche -ayant abrité chez lui à El Madania, la réunion des 22 historiques peu de temps avant le déclenchement de la guerre d'Algérie 1er Novembre 1954, cette date, est devenue historique pour l'Algérie-, le hasard aidant, a connu Nasreddine Abbas – un ancien responsable de la Fédération de France -, le neveu de Ferhat Abbas, le leader nationaliste et grand homme politique et d'Etat. On l'appelait «Didine». Il fréquentait un restaurant dont son frère était le gérant, à Riadh El Feth. Nasreddine Abbas vivait en France, et quand il avait des formalités administratives à accomplir, Himeur Djamel s'en occupait. Jusqu'à sa mort en France, il y a quelques années, il avait gardé avec lui des liens d'amitié. Ils étaient devenus des amis intimes. Il connaissait toute sa famille, sa fille, son épouse, il l'invitait chez lui. Chaque fois qu'il venait en Algérie, il lui rendait visite. Serge Michel m'avait avoué «qu'il ne pouvait rien faire avec ce scénario... » Himeur Djamel ne connaissait pas le journaliste, écrivain et militant anticolonialiste, Serge Michel. Au début, il l'avait croisé deux ou trois fois en compagnie de Nasreddine Abbas au fast-food cité préalablement. Donc, il avait un ami en commun. «J'ai même rendu service à Serge Michel. Il m'avait demandé des documents pour acheter des billets d'avion en dinars au lieu de le faire en devises. Un jour, à la fin des années 1980, lors de l'ouverture politique en Algérie. Il rentrait de Djanet. Il était descendu à l'hôtel Alleti, à Alger, si ma mémoire est bonne. Nous avions déjeuné. Il m'avait demandé si je pouvais lui trouver un véhicule pour l'accompagner à l'aéroport. Pour rentrer en France. Donc, nous sommes montés dans sa chambre pour préparer ses affaires. Et c'est là, dans sa chambre, qu'il m'a remis son manuscrit Le Faucon blanc en m'avouant : 'Qu'il ne pouvait rien faire avec ce scénario'.» Non sans frustration. Comme si tout ce long, laborieux et précieux travail ne servait plus à rien. «Il a été honnête et fidèle dans son ouvrage» Ce scénario, Le Faucon blanc, Michel, a commencé à l'écrire à partir de 1972 ou 1973, et ce, jusqu'à la fin 1970-80. A cette époque-là, des changements, au niveau politique, commençaient à s'opérer. A l'issue de la mort du président de la République, Houari Boumediène, la crise économique, la dissolution des instances chargées du cinéma, surtout l'ONCIC (l'Office national pour le commerce et l'industrie cinématographique). Ce document, ce scénario, Serge Michel l'a rédigé pour le compte du gouvernement des années 1970. On avait toute la confiance en lui. Il a été honnête et fidèle dans son ouvrage. A cette époque-là, le pouvoir en place ne pouvait accepter n'importe quoi. On ne pouvait guère se moquer de l'Etat algérien. On ne pouvait non plus écrire n'importe quoi sur l'Emir Abdelkader. C'est grâce à l'Emir Abdelkader que nous sommes, vous et moi, assis là, en train de discuter librement. C'est le premier qui a signé la naissance de l'Etat algérien. Il faut savoir que Serge Michel est un sympathisant, un militant, un ardent défenseur de la cause algérienne avant même le déclenchement de la Révolution anticoloniale française de Novembre 1954. Il était sympathisant de l'UDMA, il connaissait Ferhat Abbas. L'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) est un parti politique algérien créé par Ferhat Abbas en 1946. C'est pour cela qu'il a gardé ses relations avec la famille de Ferhat Abbas. Même après l'indépendance... «C'est comme une terre fertile en jachère» Himeur Djamel reviendra à propos des circonstances ayant entouré ce présent inespéré, ce legs émanant du scénariste français Serge Michel, de la valeur de ce cadeau, d'un tel poids, de telle envergure, la lourde responsabilité de détenir un scénario inédit : «J'ignorais, sincèrement, la valeur exacte de ce legs, de ce scénario Le Faucon blanc de Serge Michel. Lorsque j'étais étudiant j'étais un grand cinéphile. Avec des amis, nous hantions les salles de cinéma d'Alger, notamment celle de la Cinémathèque...Ce scénario évoquant le combat anticolonial français datant de plus de 45 ans. C'est comme une terre fertile en jachère, n'attendant qu'un cultivateur pour lui redonner vie, la faire revivre. C'est cela le sort de ce scénario, aujourd'hui...» Avançant dans l'âge, 58 ans, Himeur Djamel ayant atteint une maturité, il décidera de franchir le pas, partager, révéler et participer à un projet culturel. Car ce document historique commençait à prendre de la valeur à ses yeux et grandement. Il motive cela en soulignant que «chaque peuple a sa cause. A travers les siècles, il y a histoire du peuple algérien. Celle de l'Emir Abdelkader. C'était le premier à combattre les Français comme envahisseurs». Quelle serait donc l'urgence ? Qui interpeller ? Qui solliciter à propos du précieux scénario Le Faucon blanc de Serge Michel retraçant le combat de l'Emir Abdelkader ? Himeur Djamel s'adressera directement : «J'interpelle les professionnels de cinéma, les producteurs, ce scénario, ce projet nécessite beaucoup de moyens, les réalisateurs... Il faut qu'il y est une volonté politique.» Le regretté Rabah Saâdallah disait dans l'un de ses ouvrages : «Le peuple algérien fait l'histoire mais ne l'écrit pas. Il ne faut pas falsifier l'histoire... On peut réaliser quatre, cinq films sur l'Emir Abdelkader. Et là, on n'arrive même pas à faire un seul film sur lui. Pour moi, lorsque Serge Michel a écrit ce scénario Le Faucon blanc lors d'un contexte politique de l'époque (les années 1970) ne permettait pas de réaliser et de tourner un film sur l'Emir Abdelkader. Pourquoi ? Une conception de la légitimité historique avant et après la Révolution de 1954. Si l'on va vers la période de l'Emir Abdelkader, on va perdre cette légitimité historique...» Donc, l'appel est lancé pour un éventuel film sur l'Emir Abdelkader, et cette fois-ci, plus sérieusement, avec la contribution du détenteur du scénario Le Faucon blanc, Himeur Djamel. Advertisements