En avançant le taux de 45%, on se rend compte que même si les mois défilent, le taux d'avancement des travaux demeure pratiquement le même depuis au moins une année. C'est l'amer constat que nous avons fait à l'occasion d'une visite organisée par la wilaya le 6 juin sur la portion jijelienne du chantier de la pénétrante autoroutière Djendjen- El Eulma, longue de 110 km et qui traverse la wilaya de Jijel sur 45 km. Pour beaucoup avec qui nous avons devisé, c'était la douche froide. Un sentiment qui contraste avec le dynamisme du chantier similaire, enregistré du côté de Béjaïa, couronné par un feu vert du conseil des ministres de la semaine écoulée, pour terminer les travaux. En juillet 2020, lors d'une visite sur le chantier organisée par les membres de l'APW, il nous avait été donné un taux d'avancement global de 42%, et un autre de 45% pour le tronçon de la wilaya de Jijel. Au mois d'octobre 2020, lors d'une réunion au siège de la wilaya en présence de la presse, le directeur du projet de l'ADA (agence des autoroutes), Ali Berbas, avait affirmé que «pour le moment, le délai est fixé pour 2023 pour réaliser les 60% des travaux restants». Mais lors de notre visite du chantier conduite par le wali de Jijel Abdelkader Kelkel, les prévisions les plus optimistes avancent une livraison de l'autoroute vers la fin de l'année... 2024. Ça sera certainement un record: 110 km en près de 130 mois ! En février dernier, devant les membres du Conseil de la nation, l'ex-ministre des Travaux publics, Farouk Chiali, avait déclaré que le taux d'avancement de la pénétrante avait atteint 42,5%, alors que le creusement du tunnel était à 64%. Jusqu'à présent, et après plus de 7 années depuis la notification de l'ordre de service pour démarrer les travaux, pas le moindre kilomètre n'a été livré, et le seul tronçon de 13 kilomètres devant être réceptionné, ne le sera, selon le directeur du projet, que d'ici... mars 2022. Un délai expiré en 2020 Le directeur des travaux publics, Salem Nouacer, a rappelé à ce propos au wali, qu'à l'issue d'une réunion avec une délégation ministérielle, le groupement algéro-italo-turc s'était engagé à livrer cette section en décembre 2021, ajoutant qu'à défaut de la livraison l'échangeur de Chaddia, la section livrée de 13 km ne servira à rien. À titre d'exemple, le creusement du tunnel bitube dont le taux avancé en juillet 2020 était de 64% affiche le même ratio une année après. Un technicien de l'entreprise avec lequel nous avons discuté nous dira que le chantier était à l'arrêt depuis 2019 et que la reprise n'est effective que depuis un mois et demi. Ainsi, pour le pôle Jijel, le lot «route» est à 45%, le lot «ouvrages d'art» à 55% et le lot tunnel (creusement, radier, semelles et revêtement) est à 35%. Actuellement, l'ensemble du tracé est libéré et les enquêtes foncières réalisées. Néanmoins, quelques contraintes ont été soulevées notamment celles liées aux oppositions de certains citoyens, le problème de la sablière pour l'approvisionnement en cette matière et enfin la station d'enrobage qui doit être installée, mais qui reste tributaire du quitus des services de l'environnement. L'échangeur de Chaddia au sud de la commune de Kaous, qui demeure encore au stade des travaux et sa finalisation avec les 13 km de route, risque par ailleurs d'isoler les logements construits dans cette localité ainsi que le port sec de l'entreprise portuaire Djendjen. C'est pourquoi il a été préconisé d'agir au plus vite pour réaliser un ouvrage d'art pour accéder audit site. On rappellera que le délai initial qui était de 36 mois a été porté par les différents avenants à 72 mois auxquels s'ajoutent 176 jours d'intempéries et 3 mois de confinement. Ce délai a expiré en décembre 2020 et une prolongation de 12 mois a fait l'objet de l'avenant n°9 qui est à l'examen par la CSM (commission sectorielle des marchés). La situation financière du projet montre que sur les 176,987 milliards de dinars qui représentent le montant du marché, le montant net des situations présentées par le groupement s'élève à 48,661 milliards DA, soit 27,49%, alors que le montant payé jusqu'à novembre 2020 a été arrêté à 47,508 milliards DA. Ainsi, le montant en instance de paiement est de 1,153 milliard DA. Il faut reconnaître que sans une intervention énergique du gouvernement, la situation de ce projet risque de patiner encore d'autant que le sort du viaduc de Béni Yadjis qui nécessite un financement de 13 milliards de dinars demeure incertain. Advertisements
