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Malek Abdesselam. Docteur en Hydrogéologie : Il faut maîtriser les conditions hydrauliques et sanitaires pour assurer l'arrivée de l'eau aux points défavorisés
Publié dans El Watan le 26 - 08 - 2021

Vous êtes le concepteur d'un projet de grande envergure, à savoir l'alimentation du barrage de Taksebt à partir de Oued Sébaou. Où en est actuellement ce projet ?
Je ne suis pas le seul concepteur du projet. C'est l'aboutissement de constats et de réflexions avec nos amis de la SEAAL, DRE, ANBT, ADE, BET et d'autres universitaires et mêmes des remarques d'amis. Le constat sur le terrain et l'examen des données, en particulier celles compilées par l'ANRH à partir de ses station de mesures dans les oueds Aissi et Sébaou, nous ont amenés à évaluer des débits importants qui transitent à hauteur de Sikh Oumedour à la confluence de ces deux importants cours d'eau, à quelques kilomètres du barrage de Taksebt, en baisse continue. Sur la base d'une année déficitaire, comme celle de cette année, nous avons calculé que l'on pouvait transférer 35 à 45 millions de m3 d'eau au printemps 2021, par pompage de l'oued Sébaou vers Taksebt. Il a été proposé de réaliser une simple digue en travers de l'oued pour dériver l'eau vers des bassins à travers un canal et 6 km de conduites. Le trajet a été reconnu, sans obstacles, ni opposition, ni traversées de route ou autres conduites. L'entreprise COSIDER, aux grandes capacités matérielles et managériales, a été mobilisée et a réalisé le projet en moins d'un mois, qu'il convient de féliciter, avec tous les acteurs du secteur de l'eau qui ont réussi cet exploit.
Cependant, les débits transférés vers Taksebt sont modestes au regard des importants débits qui ont transité pendant cette période au site identifié et qui ont rejoint, à l'aval, l'embouchure en mer par millions de m3 par jour. On retiendra que d'importantes ressources en eau existent bel et bien en aval de Taksebt qu'il est possible de transférer en grandes quantités et qualité. Les pouvoirs publics envisagent de pérenniser cette opération en réalisant des ouvrages plus élaborés, des pompes et des conduites en capacité de transférer réellement des millions de m3 chaque année. Même le ministre actuel, Monsieur Karim Hasni a envisagé cette solution lorsqu'il était en charge de la SEAAL. Nous le félicitons pour sa nomination et réitérons notre disponibilité, avec nos équipes du Laboratoire des Eaux de l'UMMTO, à participer à la conception et définition des objectifs et surtout des volumes d'eau annuels à transférer vers Taksebt.
Les capacités nominales de la station de traitement d'eau de Taksebt sont de plus de 600 000 m3/jour, soit plus de 220 millions de m3 par an. Les débits annuels régularisés au barrage Taksebt (capacités 171 à 181 millions m3) sont de 152 millions de m3 par an, donc il manque 68 millions en moyenne que l'on peut prendre du Sébaou. Mais pour les années déficitaires, on aura besoin de plus, jusqu'à 150 ou 180 millions de m3/an. Le Sébaou, tout seul, apporte plus du double de l'Aissi. La ressource est là pour maintenir le Taksebt plein, y compris en été et utiliser sa station de traitement aussi en pleine capacité, soit 600 000 m3/jour. Voila de quoi assurer l'alimentation en eau de toute la wilaya de Tizi-Ouzou, en partie Alger et Boumerdès. Cela permettra de soulager Kedara et Koudiat Acerdoun et les maintenir plein pour assurer un stockage de sécurité pour les années déficitaires et faire ainsi la soudure avec les saisons et années pluvieuses.
De nombreuses localités connaissent une pénurie d'eau sans précédent, et le système de rationnement de la consommation d'eau n'a pas réglé ce problème. Quelles sont d'après vous les autres mesures permettant de bien gérer cette crise tout en veillant à la bonne gestion de cette ressource qui se raréfie ?
Les mesures et actions engagées en urgence (forages, petites unités de dessalement…) mettent du temps à arriver pour combler les déficits. On les aura quand-même, peut-être au début de l'automne, où la situation sera aussi très difficile, car même l'arrivées des premières pluies tarderont à produire de l'écoulement et l'infiltration, pendant que plus de 50% repartent en évaporation. Les forages existants aussi sont au plus bas. Il s'agit de ne pas trop les solliciter au risque de les dénoyer et les détériorer, en plus de l'inversion des écoulements souterrains avec des conséquences irréversibles sur la qualité des eaux. Au jour d'aujourd'hui, pendant cette période difficile pour le consommateur et le gestionnaire, il n'y a que la gestion efficiente des réserves au fond des barrages du Centre et de l'Ouest par le rationnement d'une distribution équitable avec une information claire au plus près des quartiers. La gestion en régime de restriction est différente du H24. Il faut maîtriser les conditions hydrauliques et sanitaires pour assurer l'arrivée de l'eau aux points défavorisés, par la topographie ou le maillage des réseaux, en engageant des agents pour manœuvrer les vannes en plus de la télémesure. Mener des actions énergiques contre le gaspillage et les déperditions d'eau, en particulier les établissements à grosses consommations comme les collectivités, écoles, collèges, lycée, universités et mosquées… où les responsabilités sont diluées. Interdire certaines pratiques de lavage et d'arrosage ou irrigations à grande eau. Certaines cultures et irrigation sont à interdire et d'autre plus économes sont à favoriser.
Le dessalement est une solution à utiliser, en premier en poussant les usines existantes à produire à leur maximum, sachant que certaines ont 15 ans d'âge, donc assurer la maintenance et entretien, les renouvellements matériels, managériales et contractuels. Des extensions sont possibles car le terrain ou l'énergie et le savoir-faire existent. Diversifier les techniques de dessalement, faire de la co-génération dessalement-production d'électricité, combiner les ENR, sont des voies à suivre. Les eaux distribuées en AEP repartent dans les réseaux d'assainissement à près de 80% en général. Vous distribuez un millions de m3 d'eau, entre un demi-million et 750 000 à 800 000 m3 vont à l'égout à peine usagé. Donc les volumes qui sont rejetés sont énormes. Quand ces eaux arrivent en Station d'épuration (STEP), le rendement épuratoire peut être intéressant. La problématique de leur niveau de traitement et la qualité sanitaire sont aussi des voies à suivre. Equiper les STEP de niveaux de traitement complémentaires et/ou de dispositifs de lagunage sont déjà envisagés par le MRE. Il s'agit de récupérer ces gros volumes pour l'irrigation, l'industrie, le lavage, la recharge des nappes, contrebalancer l'avancée du biseau salé… Les rejets des STEP dans les oueds participent dans le cycle de l'eau pour la recharge des nappes après une auto-épuration souvent optimum par la nature. Il s'agit de ne pas dépasser l'aptitude du milieu naturel à cette auto-épuration en aval des rejets et préserver ainsi cette ressource.
Quelles sont les régions qui souffrent le plus de cette crise et pourquoi ?
Le déficit n'a pas touché de la même manière tout le pays. La zone côtière, de Jijel à Annaba, a été par exemple excédentaire et les barrages de Beni Haroun et Tabelout ont fait le plein. On devrait songer à transférer cette eau par bateaux à partir du port de Djendjen via des lâchers et pompages des nappes avant l'arrivée de l'eau en mer.
Vous avez parlé de l'épuisement des réserves souterraines. Le recours aux réserves de la nappe albienne est-il inévitable ? Quelle est la meilleure façon qui permet de mener à bien l'exploitation des eaux de l'Albien ?
Beaucoup de nappes aquifères au Nord, dans les Hauts-Plateaux et l'Atlas saharien et ses piémonts nord et sud méritent une attention plus volontariste. Les nappes souterraines du Nord de l'Algérie doivent êtres gérées comme les barrages : les délimiter, assurer leur recharge en favorisant l'infiltration des eaux qui s'écoulent dans les cours d'eau. Réaliser des dispositifs, parfois rustiques, d'infiltration et de recharge des nappes, pratiques traditionnelles dans certaines régions de notre pays. Stocker de l'eau, en souterrain, lors des saisons et périodes de pluies, et l'utiliser en été et lors des périodes déficitaires. Cela la préserve de la pollution et de l'évaporation. Les réserves de la nappe de l'Albien, ou Continental Intercalaire, sont colossales. Ce niveau aquifère est à des profondeurs variables. Il en est de même pour la température et la minéralisation de ses eaux. Il est souvent nécessaire de refroidir et déminéraliser ces eaux pour les rendre potables en plus de leur désinfection. Les coûts de pompage, transfert et potabilisation seront conséquents voir prohibitifs.
Vous avez plaidé pour une vraie philosophie de l'eau. Où en sommes-nous actuellement ? Les mesures prises jusque-là permettent-elles d'atteindre ce niveau de responsabilité dans la gestion et la consommation d'eau ? Que faut-il faire afin que chacun de nous soit responsable face à cette crise ?
La gestion de la ressource en eau doit revenir aux organismes dédiés qui existent, comme l'Agence Nationale des Ressources Hydrauliques (ANRH) et Agence Gestion Intégrée (AGIRE), qui se marchent sur les pieds parfois, d'ailleurs. L'ANBT aussi doit avoir son mot à dire. L'étude et la quantification de la ressource en eau, son usage, sa consommation, la propriété de l'eau, sa gestion, la distribution, le prix de l'eau, la relation à l'eau, etc. sont des sujets assez délicats qui interpellent tous les Algériens. Les pouvoirs publics sont à la fois les gestionnaires et les contrôleurs de la gestion, la distribution, la quantité et la qualité de l'eau, ce qui met parfois les différentes parties en porte-à-faux.
Les débats qui pourraient s'installer à l'occasion de la présentation de la Charte sur l'Eau ou les Economies de l'EAU, peuvent faire avancer les choses sur ces problématiques. Peut-on continuer à gérer et à consommer l'eau comme cela, dans un pays chaud avec des températures en hausse, mais où il pleut beaucoup parfois avec des inondations et des écoulements vers la mer de gros excédents ? Les nappes et les barrages sont vidés et le consommateur, parfois gaspilleur, en attente.

Entretien réalisé par Djedjiga Rahmani
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