Dans sa première prise de parole, Meftah Benabdallah, le nouveau P/APW, aussitôt installé, a invité ses collègues à tourner la page des rivalités électorales pour s'unir autour des intérêts de la population, d'autant, a-t-il précisé, que celle-ci a fait montre de défiance à l'endroit des élus. Vœu pieux ? Assurément car, pour d'aucuns, ce chimiste, cadre à Sonatrach, aura principalement à satisfaire dans le court terme les appétits de ses pairs au regard des alliances post-électorales que le FLN a tissées autour du partage des responsabilités aux APC et à l'APW. A cet égard, principal gagnant des dernières élections locales, l'ex-parti unique a reconstitué localement avec le RND et le MSP le principal trio des partis de l'alliance présidentielle du temps du président Bouteflika. Ces deux partis n'avaient pas d'autre choix au regard de leurs scores électoraux, ce qui a facilité la négociation d'un deal sur le partage des pouvoirs avec les autres forces politiques. De la sorte, le Front de la bonne gouvernance (FBG), seconde force politique localement, s'est retrouvé isolé en s'opposant à son ambition hégémonique. Ainsi, à l'APW, il a été la seule formation politique à présenter un candidat au poste de P/APW, lequel candidat n'a recueilli que les neuf suffrages de ses collègues du FBG. Le FLN, qui a récolté 10 sièges sur les 39 constituant l'assemblée, n'a cependant recueilli que 29 voix sur le nom de son candidat au lieu des 30 attendues au regard des tractations menées avec le RND, le MSP, le Front moustaqbal, le parti algérien vert pour le développement (PAVD) et une liste indépendante. En effet, le détenteur de la voix manquante s'est illustré de façon singulière par une tranchante attitude radicale dans cette première session, très policée au demeurant comme jamais dans la vie de l'APW depuis le multipartisme. C'est celle d'un élu du PAVD, qui a refusé de se plier à la discipline partisane en s'abstenant de voter. Approché par El Watan, il affirme n'avoir pas boycotté le scrutin mais fait simplement usage de son droit à l'abstention. Du jamais-vu, car, à Témouchent, les incartades à la discipline partisane, en raison des retours de manivelle se commettaient jusque-là sans laisser de traces, dans le secret de l'isoloir, par un bulletin nul ou par un vote opposé à la directive partisane. Toujours est-il que le ressentiment de l'élu réfractaire a-t-il été mis au compte, selon les observateurs, au compte d'un refus des marchandages entre les partis autour de l'attribution des postes à pourvoir (vices-présidence et présidence des commissions). Cette attitude aura-t-elle à se répéter ? La question se pose sachant que la majorité des élus des assemblées (APC et APW) constituent un nouveau personnel politique n'ayant pas derrière eux une carrière d'élus et qui n'ont pas longtemps fait leurs classes au sein des partis, donc insuffisamment conditionnés par les mœurs politiques dominantes. Advertisements