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Hariri, un homme d'exception
Le liban à la croisée des chemins
Publié dans El Watan le 19 - 04 - 2005

Jamais Rafic Hariri, de son vivant, n'aurait imaginé qu'il était aussi populaire, aussi cher dans le cœur du peuple libanais. La tombe placée juste à l'entrée d'une mosquée détruite durant la guerre civile et qu'il a reconstruite sur ses deniers, est devenue un haut lieu de pèlerinage.
Elle est enfouie sous des milliers de bouquets de fleurs. Un haut-parleur égrène en permanence des versets du Coran et une immense tente protège la sépulture. Des banderoles sont placées un peu partout et sur beaucoup d'entre elles, il est simplement écrit ces deux mots : « La vérité ». C'est-à-dire que les Libanais exigent de connaître les assassins et leurs commanditaires. Les pèlerins sont de toutes les confessions. Dans tout Beyrouth et dans toutes les localités que nous avons visitées, on ne voit que les portraits de l'ancien chef du gouvernement. Dans tous les immeubles ses portraits sont accrochés, et certains font jusqu'à trente mètres. On les voit aussi collés aux vitres des voitures, dans les magasins, dans la moindre petite échoppe. Et personne ne peut dire quand le deuil des Libanais prendra fin. Parce que pour eux, c'est le père qu'ils ont perdu, l'ami des pauvres, l'homme qui a réconcilié les Libanais avec eux-mêmes, qui a su dépasser les clivages confessionnels au point qu'en 2000, lorsqu'il était redevenu Premier ministre (il a déjà exercé cette fonction de 1992 à 1998), il avait avec lui 107 députés, toutes confessions confondues, sur 128, du jamais vu depuis l'indépendance du pays en 1943. L'homme a un parcours exceptionnel. A 18 ans, (il est né en 1944 à Saïda, ville sunnite par excellence) il s'installe d'abord comme enseignant, avant de se lancer dans l'immobilier où il s'affirme progressivement au point qu'il prend le pari de construire un palais en six mois à Taëf. Pari tenu qui lui rendra l'amitié du roi Fahd, à l'époque prince héritier, et leur permettra, fait rarissime, d'obtenir la nationalité saoudienne. Il amassera une fortune qui sera estimée à 10 milliards de dollars et deviendra l'ami des grands de ce monde, principalement du président français Jacques Chirac C'est avec la réputation de grand entrepreneur efficace qu'il retourne dans son pays et qu'il s'engage dans la politique, dans un pays ravagé par la guerre civile et occupé au sud par Israël et dans la Bekaâ et à Beyrouth par le grand-frère syrien, c'est-à-dire une situation dramatique où les pressions aussi bien internes qu'externes sont quasi-permanentes. Chef de gouvernement de 1992 à 1998, il consacre son temps à étudier son pays, à réfléchir aux moyens de lui redonner une place au soleil, de lui redonner son titre de « Suisse du Proche-Orient », titre qui avait été oublié dès 1975 avec le déclenchement de la guerre civile. Les téléspectateurs du monde entier ont vu les ravages causés par le conflit, aggravé par les bombardements de Beyrouth en 1982 par l'aviation israélienne. La capitale libanaise s'est mise à ressembler quelque peu à Potsdam, cette ville allemande rasée par l'aviation britannique en juin 1944. Reconstruire Beyrouth et tout le reste du pays ; c'est le défi que se lance Rafic Hariri, tâche ardue à laquelle il y mettra tout son cœur et son argent à son retour au pouvoir en 2000. Mission impossible pour d'autres, il engagera la reconstruction au pas de charge. Et le miracle était au rendez-vous. Beyrouth est redevenue une ville ultra-moderne, la plus belle capitale du monde arabe. Tout les immeubles détruits par la guerre civile ou les bombardements israéliens ont été remis à neuf. Certes, il reste encore des bâtiments éventrés par les tirs d'obus ou criblés de balles, mais beaucoup d'entre eux seront maintenus en l'état « pour la mémoire ». De sa propre poche, Hariri a reconstruit la cité des sports, dont un très beau stade de football, détruite durant la guerre. La première autoroute du Liban,les Libanais la doivent au défunt chef du gouvernement. Elle relie le Nord au sud du pays et elle a divisé par quatre la durée du parcours d'une ville à une autre. Grâce à lui, l'habitat précaire n'existe plus à travers le Liban, du moins dans les régions que nous avons parcourues. En deux ans, il a édifié un second et grand aéroport (pour Alger, on galère depuis 1980 pour le nôtre). L'homme avait aussi des qualités humaines indéniables et était d'une générosité exemplaire. Il a créé une fondation qui porte son nom grâce à laquelle 35 000 jeunes Libanais ont été envoyés à l'étranger pour suivre des études universitaires. Il a relancé la machine économique et a convaincu les investisseurs arabes et occidentaux à retourner au pays des Cèdres. « Comment les Libanais peuvent-ils ne pas adorer un tel homme. » Pardonnez-moi, mon Dieu, mais pour moi c'est un prophète me dit El Hadj, mon guide, qui profite de la moindre occasion pour me faire passer avec sa voiture à côté de sa sépulture. Il ne m'a rendu aucun service mais il a aidé tous les pauvres qui se sont adressé à lui et je suis malheureux de ne pas le voir vivant à la télévision », m'a-t-il déclaré une fois en éclatant en sanglots. Robert, un Maronite de 61 ans, cadre dans un grand hôtel dit pratiquement la même chose : « C'est un homme extraordinaire. Quand il est retourné au Liban, il a essayé de tout faire pour Beyrouth. Il a reconstruit la ville. Très généreux, il a aidé les pauvres, les étudiants. Avec lui, nous avons renoué avec la tranquillité, il y avait du travail. C'était un homme très sérieux. Il avait aussi de l'humour. » Il était aussi un grand patriote. Il avait fini par trouver la présence syrienne trop pesante, ce qui l'a poussé à entrer en conflit avec le président Lahoud et provoquer sa démission en 2004. A partir de ce moment, il prend la tête d'un front anti-syrien. Il mène campagne contre la prolongation du mandat du chef de l'Etat, qui s'est faite en violation de la Constitution. « C'est un coup d'Etat contre le système démocratique libanais », avait-il déclaré. Il était aussi un grand patriote arabe. « Comment voulez-vous que la population arabe, quand elle regarde la télévision et voit les persécutions israéliennes, puisse rester sans réaction. C'est du terrorisme, par excellence. Comment comprendre les Américains décidés à mener une coalition internationale contre le terrorisme et qui restent passifs lorsqu'il s'agit de faire pression sur Israël. Nous ? Nous sommes contre la politique de deux poids, deux mesures », disait-il. De par ses prises de position, l'homme n'était aimé ni des Syriens, ni des Israéliens. Le 14 février, il meurt dans un incroyable attentat à la voiture piégée à Beyrouth, pas loin d'une caserne. Incroyable parce qu'il était extrêmement difficile à assassiner. L'ancien chef du gouvernement figurait parmi les trois hommes les plus protégés au monde avec Georges W. Bush et Vladimir Poutine. Selon un homme politique libanais, sa protection était assurée par des hommes d'action de la CIA et du FBI, équipés de matériels ultra sophistiqués avec lesquels ils pouvaient détecter de loin une bombe qu'ils désamorçaient alors à distance. Quand son cortège passait toutes les communications téléphoniques et les téléviseurs étaient brouillés. Ce qui veut dire que ses assassins disposaient d'une technologie plus sophistiquée encore, loin des possibilités d'un pays du Tiers-monde, ou même avancé. Il est donc très difficile de dire aujourd'hui que la commission d'enquête internationale mise sur pied par le Conseil de sécurité des Nations unies découvrira la vérité, toute la vérité. Comme me l'a déclaré un diplomate, « il est fort possible que les exécutants ne connaissent même pas le véritable commanditaire ». La mort, malheureusement, a été une catastrophe pour le Liban sur le plan économique également. Les touristes du Golfe, qui contribuent à faire tourner la machine, se sont brusquement envolés. Le pays renoue avec la peur. Il donne l'impression d'être en état de siège. Les militaires patrouillent en permanence dans les rues de la capitale. Les sacs de sable et les frises réapparaissent autour des bâtiments administratifs. L'activité économique est au ralenti. Dès la tombée de la nuit, la ville se vide. Les restaurants et les lieux de distraction ferment leurs portes faute de clients « Beyrouth ne dormait pas avant l'assassinat de Hariri. Maintenant, dès 21 h tout le monde est chez soi. L'activité économique est nulle. Les ressortissants arabes ne viennent plus. Seules les banques travaillent ». C'est grave, surtout que les Libanais aiment vivre et que Beyrouth, auparavant, ne dormait jamais. » C'est le constat fait par un connaisseur du pays. Le Liban s'enfonce dans la crise. Les Libanais espèrent ne s'ouvrira pas une nouvelle ère de déstabilisation.

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