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Frik accuse des généraux
Procès de l'ex-wali d'Oran
Publié dans El Watan le 24 - 04 - 2005

L'ex-wali d'Oran, Bachir Frik, a répondu hier aux questions du tribunal criminel d'Alger relatives à l'affectation de logements, de locaux commerciaux et un terrain à ses proches et membres de sa famille.
A propos des locaux commerciaux, l'ancien commis de l'Etat a expliqué que la loi lui permet de disposer d'un quota de 15%, « mais ne précise pas quels sont les critères d'affectation ». Le représentant du ministère public lui rappelle que cette même loi précise que ce quota doit entrer dans le cadre de l'emploi de jeunes ou répondre à une situation d'urgence. « Les deux locaux affectés, l'un à mon épouse et l'autre à mon gendre, entrent dans ce cadre justement. J'ai quatre filles et trois garçons. Nous avons pensé ouvrir un atelier de confection, dont bénéficiera toute la famille. C'est un terrain de 82 m2 qui a été affecté au nom de mon épouse. Il est situé à l'USTO, un quartier périphérique d'Oran. Le loyer mensuel était de 5000 DA. Au bout de quelques mois, elle ne pouvait plus assumer les charges. Elle s'est désistée au profit de l'administration en contrepartie de 500 000 DA. » La présidente l'interrompt : « Pourquoi l'a-t-elle vendu quelque temps plus tard pour acheter un autre à 4,5 millions de dinars ? » L'accusé refuse le mot vente et préfère le terme de « désistement ». Interrogé sur le local affecté à son gendre Malti, il explique aussi que cette décision entre dans le cadre des 15% que la loi lui permet de distribuer. « C'est un jeune qui a présenté un dossier au niveau de l'ANSEJ, avec un prêt bancaire, pour une école d'informatique qui existe à ce jour. C'est un Algérien. Il a le droit de bénéficier d'un local comme tous les autres demandeurs. » La présidente lui rappelle que son gendre s'est également désisté de son local quelque temps plus tard au profit d'une tierce personne. Concernant le terrain de 74 m2 situé à la rue Ben M'hidi, affecté à Mokhtari Mohamed et revendu quelque temps après à un certain Zaâtout, l'accusé déclare : « Ce local est un bien vacant. Il n'entre pas dans le cadre de la loi 89/66 et, donc, ne peut être concerné par la dilapidation. » La magistrate revient sur la question du terrain de 750 m2 situé à Saint Hubert, qui lui a été affecté à sa demande par l'Agence foncière. « J'ai récupéré cinq luxueuses villas que j'ai équipées pour leur donner un caractère incessible. J'ai eu même à mener une véritable bataille à un haut responsable pour le faire sortir de l'une d'elles qu'il occupait illicitement. » La présidente lui fait rappeler qu'il faut citer les noms des personnes et non pas leur fonction. « C'est Mohamed Zitouni, ancien président du tribunal d'Alger. Donnez-moi le temps et je vous raconte le quotidien d'un wali. » La magistrate fait savoir à l'accusé qu'il a toute la liberté pour le faire. « Si quelqu'un me demande le siège de la wilaya pour en faire un hôtel, je ne serai pas surpris (...). Ce qu'ils ont fait à Moretti est immoral. Ils ont fait un décret exécutif pour exproprier des gens et accaparer des locaux commerciaux, sans qu'il y ait de réaction. L'été 2001, la presse a parlé des villas du ministère des Affaires étrangères prises par de hauts responsables. Ouyahia, en tant que chef de gouvernement, a pris deux villas et un local à Didouche Mourad et quelle a été sa réponse aux journalistes : la loi me permet de les acheter à ce prix, et il n'y a rien d'illégal. » Le tribunal interroge l'accusé sur l'affectation de cinq logements sur sa décision. L'accusé semble avoir du mal à accepter qu'il soit devant un tribunal criminel « pour si peu ». « J'ai distribué des milliers de logements et des centaines de locaux commerciaux. Vous savez très bien que lorsqu'une autorité sécuritaire vous appelle... ». Encore une fois, la présidente lui demande d'expliquer ce qu'est l'autorité sécuritaire. « Lorsque le chef la région militaire vous demande un stade communal se trouvant dans un quartier populaire et depuis l'époque coloniale, pour en faire une coopérative, je refuse et lui le prend très mal. J'ai eu un responsable de la Présidence qui m'a demandé le parc municipal. Je refuse et je subis d'énormes pressions. Ce sont là les pratiques courantes qu'un wali vit quotidiennement. Ou vous marchez avec le système ou vous refusez et, dans ce cas-là, vous vous heurtez à des problèmes. Ce n'est pas à cause des cinq logements que je suis ici, mais à cause de la lettre du DAS, Kada Hziel, faisant état de graves accusations à l'encontre d'un clan d'intérêt. Je ne suis qu'un bouc émissaire pour ce clan. Nous étions 22 walis à avoir été radiés. Pourquoi uniquement moi qui suis aujourd'hui devant ce tribunal ? Lorsque j'ai appelé le commissaire Mokrane pour m'informer sur cette enquête, il m'a dit que c'était une commission rogatoire du juge d'instruction. J'ai appelé le juge. Il a affirmé n'être pas au courant. J'ai compris que j'étais victime d'un complot. Dans n'importe quelle région du pays, si vous ouvrez le dossier du foncier, vous n'en sortirez pas. » Le premier appartement sur lequel il est appelé à s'expliquer est celui attribué à Mohamed-Fouad Malti, le frère de son gendre. « Cette affectation relève de mon quota de 10%. Il n'est pas le seul à en avoir bénéficié. » La présidente l'interroge sur le cheminement des demandes de logements qui entrent dans le cadre de ce quota. L'accusé répond qu'elles peuvent venir de cadres de la wilaya ou d'ailleurs et qu'il peut connaître ou ne pas connaître. Dans ces cas-là, ce sont des recommandations. « Est-ce que vous vérifiez si les demandeurs répondent aux critères ? », lui demande la présidente. L'accusé : « Mme la présidente, si un général m'appelle, vous pensez que je vais vérifier si les personnes recommandées méritent un logement ou non ? Ce que j'ai fait est une pratique courante du système de la rente. Tout le monde connaît comment ce système fonctionne. Tant que les walis continuent à distribuer les logements, les terrains et les locaux, cette situation persistera. J'étais le seul wali à avoir attiré l'attention du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, sur cette aberration lorsqu'il nous demandait, en 1997, de restaurer la crédibilité de l'Etat. »
« Lorsqu'un général m'appelle, j'exécute »
La présidente l'interroge alors sur l'appartement affecté dans un cadre social à Mme Drid Djemaâ, dont le mari, Chouikh Saddok, est propriétaire d'une chocolaterie. « C'est une Algérienne comme une autre. Elle a le droit de bénéficier d'un logement. Je vais vous dire la vérité. Cet industriel a été ramené par l'ancien chef de la deuxième région militaire, le général major Bekkouche. Il a réussi, dans le cadre du calpi, à monter une usine à proximité de la SNTF. Ce qui a fait réagir celle-ci en déposant une plainte. Lorsque je l'ai su, j'ai arrêté les travaux. Il a voulu prendre la piscine communale de Aïn Turck. J'ai refusé. Le général m'a appelé pour donner un logement à sa femme parce qu'elle n'en avait pas. » Et le logement attribué à Mme Belabed Houria, l'accusé aura ses propos : « Son frère, qui était directeur de l'EPLF d'Oran, aujourd'hui décédé, m'a demandé un logement au profit de cette dame qui résidait à Sidi Bel Abbès. » Pourtant, lui fait savoir la présidente, ce logement a été vendu quelques semaines plus tard à Mohamed Zerrouki, un commerçant membre de la Coordination des enfants de chouhada (Cnec) très connu sur la place d'Oran. « Mme Belabed a déclaré, lors de l'instruction, n'avoir jamais introduit de demande de logement. » Frik déclare qu'il ne connaît que le frère. Cette affectation entre dans le cadre de son quota de 10% que lui confère la loi. Au sujet de l'appartement affecté au directeur de l'OPGI, M. Makhloufi, Frik explique qu'il s'agit d'un appartement de cinq pièces, situé au Front de mer, loué auparavant au consulat d'Italie. « Dès l'arrivée du directeur de l'OPGI, je le lui ai affecté sans titre parce qu'il n'avait pas où loger. » L'ex-wali fait l'éloge de Makhloufi, parfois en sanglots, en revenant sur les circonstances de sa rencontre avec lui. Il avait accepté de prendre la direction de la DEC de Jijel, alors qu'une cinquantaine de notables de la ville avaient refusé. « Il est normal que je le récompense pour son intégrité et sa loyauté. Il mérite de loin beaucoup plus qu'un appartement de cinq pièces. Il était le seul à avoir bénéficié de logements. Avec lui, il y a eu deux officiers du DRS et les épouses du colonel Abdelwahab et du colonel Abdou de l'Académie de Cherchell. Mais ces noms-là ont été retirés de l'arrêt de renvoi. Il y avait 24 logements occupés illicitement. Je n'ai pu reprendre que 12 grâce à la justice. Sur les 12 autres, les tribunaux se sont déclarés incompétents. Je ne sais pourquoi. » A propos du logement affecté à Mme Zerdoumi, et qui appartenait initialement à un ancien pied-noir, l'ex-wali s'est dit choqué par le fait que « ce logement affecté à une fille de chahid soit revendiqué aujourd'hui par un pied-noir ». La présidente lui fait savoir que Mme Zerdoumi, dont le mari était un cadre à la wilaya d'Alger, qui a acheté l'appartement au prix de 120 000 DA, a revendu le bien quelque temps plus tard à 1,5 million de dinars. « Le contrôle ne relève pas de mes prérogatives. C'est l'OPGI qui m'informe de la situation. Lorsqu'un wali décide, le directeur de l'OPGI exécute. Sinon, il y a un conflit et nécessairement c'est le directeur général de l'OPGI qui part », répond-il. La présidente lui demande s'il était au courant que l'appartement était occupé par un Français. L'accusé répond par la négative. « C'est l'OPGI qui me présente un état des lieux des biens vacants. S'il y avait un contentieux, je ne l'aurais pas affecté. » A propos d'un logements affecté à Mme Bemeriouma, l'ancien responsable déclare qu'il s'agit d'une affectation tout à fait légale. La présidente lui fait savoir que même l'époux de cette femme a bénéficié d'un local pour en faire une boulangerie. Il lui répond qu'il ne le connaît pas. Le représentant du ministère public lui rappelle qu'il s'agit d'un employé de la boulangerie de son frère située à Batna. « Aucun texte ne m'interdit de prendre ces décisions. » Le procureur général lui rétorque : « Les textes de la République vous l'interdisent. » L'accusé répond sur un ton ironique : « Alors je suis un hors-la-loi. » Après cette audition, la présidente a appelé à la barre les quelques témoins, parmi lesquels l'ancien directeur des services agricoles, M. Anani, et le successeur du directeur de l'Agence foncière, M. Bellatrèche. La journée d'aujourd'hui sera certainement consacrée à l'expertise que le collectif de la défense attend avec impatience et ce depuis le début du procès, mercredi dernier.


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