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Al Djazaïr, « une ville se mettant sur son séant au bord de la mer ! »
Regards croisés sur la blanche cité
Publié dans El Watan le 28 - 04 - 2005

Consentante ou à contrecœur, la ville d'Al Djazaïr s'est, de tout temps, prêtée à d'étranges classifications sémantiques, allant jusqu'à celles ayant une coloration métaphysique.
On le voit dans les relations de voyage depuis l'Antiquité gréco-romaine jusqu'à la fin du XIXe siècle. Pour justifier son état civil, il lui arrivait de prendre des noms patronymiques qui semblaient être définitifs : Icosium, Djazaïr Beni Mezghana ou encore Alger. A certains moments, elle se cramponnait, pour des raisons sociopolitiques bien déterminées, à des adjectifs qualificatifs : El Mahroussa, El Bahdja, La Blanche, etc. Dans ce même ordre d'idée, Ibn Hawqal (Xe siècle), Al Idrissi (1100-1165), Al Bakri (1040-1094) et tant d'autres géographes et voyageurs de l'ère classique n'ont pas manqué de relever, dans le cas d'Al Djazaïr, une certaine préférence pour celle-ci pour le caractère de l'être pensant, de l'étant, pour reprendre Martin Heidegger. A l'opposé de ce qui a été établi par les grammairiens de Basra et de Koufa, l'ordre statique du nom, en tant qu'élément grammatical fondamental, ne peut le rester indéfiniment. Celui-ci peut, à tout moment - on le voit de nos jours - provoquer une chaîne de réactions endogènes et créer ainsi sa dynamique propre. Suivant cette logique imposée par la nouvelle stylistique arabe, Al Djazaïr devient ainsi un sujet pensant. « Je vis une ville, dit un homme de lettres andalou du XIIIe siècle, se mettant sur son séant au bord de la mer ! » Dans le Saint Coran, ce côté, d'une haute charge sémantique, est bien mis en relief. Le mur, pour les humains que nous sommes, n'est qu'une surélévation cernant une maison, un palais ou une cité, mais il a sa personnalité propre qui ressemble, à s'y méprendre, à celle de l'être pensant. Effectivement, dans l'histoire de Moïse avec l'ange, le mur met au devant de la scène son moi intelligible, celui de vouloir s'affaisser. Al Djazaïr, surtout celle du XIXe millénaire, semble avoir tranché sur cette question d'ordre métaphysique qui avait tant tourmenté ash'arite comme mu'tazilite : ni phrase nominale, qui, selon certains, ne peut être que l'absolue toute-puissance de Dieu, ni phrase verbale, qui devrait être le propre du commun des mortels, mais sujet tout court, ayant accès direct au statut d'être pensant. Les villes, c'est connu, ont été bâties, depuis la haute antiquité, par des rois, des derviches, des militaires en garnison, des nomades en quête de sédentarité ; d'où les différentes formes géométriques qui, en fait, trahissent un état d'esprit précis. Al Djazaïr, ne dérogeant pas à cette ligne de conduite, s'est mise, encore une fois, à nuancer sa position identitaire au début du XVIe siècle. Diego de Haedo, à qui l'on doit deux livres de témoignage faisant toujours référence parmi les historiens, l'observe sous un autre prisme, celui du captif recouvrant sa liberté : « C'est un arc muni de sa corde en direction de la mer. » Si le chroniqueur De Fontaine de Resbecq vit en elle, en 1837, une « sorte d'amphithéâtre », le nouvelliste Guy de Maupassant, quant à lui, charmé par sa forme triangulaire et ses couleurs chatoyantes, a observé, en filigrane, le statut d'être pensant tant souligné par les auteurs de l'ère classique. Bien que souffrant alors il écrivit, quand même, cette belle phrase :« Une cascade éclatante de maisons dégringolant les unes sur les autres du haut de la montagne jusqu'à la mer. » Que pouvait-on dire d'autre d'une ville en passe de prendre une nouvelle bifurcation sémantique au gré des bouleversements sociopolitiques si fréquents et si dévastateurs à l'époque ? Au XXe siècle, et contre toute attente, Albert Camus, forçant la dose pour justifier sa quête philosophique, n'a pas hésité à lui faire violence. « Une ville, écrivit-il, qui n'a d'identité que si elle est en été, et sur le point de commettre un assassinat ! » C'est là, du reste, le propre de ceux qui n'ont pas la reconnaissance du ventre. On l'a déjà vu avec Laurence Durrel dans sa tétralogie à propos d'Alexandrie. On dit qu'Athènes, pour ne citer que cette ville à l'histoire majestueuse, n'a pas changé depuis sa naissance, il y a plus de quarante siècles. Al Djazaïr, qui a culbuté sur son passage, directement ou indirectement, quelques notions bien ancrées dans l'esprit des auteurs classiques, aura-t-elle encore l'occasion de donner libre cours à l'être pensant en elle, de se tailler un nouveau statut sans trahir son identité ?

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