Un député de la Ligue du Nord, parti connu pour sa xénophobie et pour son hostilité envers les musulmans, a convaincu la seconde chaîne de la RAI de diffuser cinq minutes du court métrage du cinéaste hollandais et dont le scénario a été écrit par une député d'origine somalienne, Ayaan Hrsi Alielle, menacée de mort. Dans le film, on voit une jeune Somalienne prier Dieu et l'interroger, dans un long monologue, sur ses souffrances, Lui affirmant Lui avoir toujours obéi et avoir été soumise à Sa Volonté, d'où le titre du film, Submission (soumission). C'est l'histoire d'un mariage forcé, d'amour interdit, de viol et d'inceste subis par son oncle paternel et de condamnation à la lapidation. Vêtue d'un tchador, fait de voile transparent, on voit l'intégralité de son corps nu. Elle se prosterne sur un tapis pour prier. Ensuite des images montrent le dos nu de la jeune femme, couvert d'inscriptions, il s'agit de versets coraniques. Le producteur hollandais, Gijs Van de Westelaken, a ainsi commenté le fait qu'il ait accepté de vendre les droits seulement à la RAI. Son argument : « Un débat est organisé sur la question, et c'est exactement pour ce motif que le film a été fait. » Diffusé à une heure de grande écoute ce film a été vu par un million de téléspectateurs en Italie, selon les chiffres de la RAI, soit 10% de l'audimat de la soirée. Voilà le contenu du film qui a valu la mort à son auteur par les mains d'un jeune Marocain, Mohamed Bouyeri, né et grandi à Amsterdam. Le programme « Point à la ligne », qui a transmis le film, a également diffusé des reportages réalisés au sein de la communauté musulmane du nord de l'Italie. Des questions pernicieuses ont arraché à de naïfs immigrés marocains une condamnation mièvre de l'assassinat du cinéaste, et certains, qui parlaient à peine italien, ont prononcé des paroles décousues qui pouvaient être interprétées comme un procès contre Van Gogh. Il n'en fallait pas plus, pour les invités du plateau, les parlementaires et les commentateurs de droite, pour crier au danger de l'immigration musulmane et au caractère « violent et discriminatoire de l'Islam ». Le directeur de Il Riformista, Antonio Politi, a été le seul à insister dans la distinction entre les violences subies par la protagoniste du documentaire et l'Islam, mais surtout à avertir de l'instrumentalisation du contenu de Submission pour condamner les immigrés. Une autre journaliste, Barbara Palombelli, épouse du leader du parti de gauche Margherita, Francesco Rutelli, a rappelé que les musulmanes sont les premières à dénoncer ces pratiques et qu'il faut soutenir leur lutte. Dommage que les responsables de l'émission aient choisi, pour représenter les musulmans, des personnages lamentables qui faisaient le jeu des islamophobes. Un journaliste d'origine égyptienne, qui a fait fortune, depuis qu'il a réussi à se faire passer pour le seul expert de l'Islam et du terrorisme en Italie, Magdi Allam, a passé un message qui disait en substance que ce qu'on voyait était des violences généralisées dans le monde musulman, et que l'Italie et l'Occident doivent imposer leurs valeurs, par tous les moyens.