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Le fléau de tous les dangers
Délinquance juvénile À CONSTANTINE
Publié dans El Watan le 13 - 06 - 2005

Le phénomène de la délinquance juvénile, selon des analyses, va crescendo. Ce qui laisse à penser que si ce problème n'est pas pris en charge dans sa globalité et à tous les niveaux de la société, on assistera à une escalade de la violence juvénile, laquelle est fortement accentuée, dans la majorité des cas, par la consommation tous azimuts de drogues en tous genres et de psychotropes.
L'officier en charge de la brigade des mineurs de Constantine indiquera que 873 mineurs ont été appréhendés et déférés devant la justice au cours de ces trois dernières années. les quelques chiffres et faits récents rapportés par les services compétents illustrent à eux seuls l'ampleur de ce fléau. Pour le compte de la troisième semaine de mai dernier, 8 adolescents avaient été appréhendés à différents niveaux du vieux-rocher. Deux d'entre eux venaient à peine de boucler leur 18e printemps. Ils ont été arrêtés par des éléments de la gendarmerie nationale quelques heures seulement après avoir commis un crime ignoble dont le mobile était uniquement le vol dont le fruit leur aurait permis, selon leurs propres aveux, de s'approvisionner en boissons alcoolisées et en drogues auprès des dealers qui écument la ville des ponts. D'ailleurs, l'un d'eux était déjà sous l'emprise de psychotropes et vu l'état dans lequel il était au moment de son arrestation, nous a-t-on affirmé, il aurait été capable de tuer père et mère, sans s'en rendre compte. Les six autres ados âgés de 15 à 16 ans avaient été appréhendés par les services de police pour tentative de viol sur une mineure, vols et agressions sous la menace d'une arme blanche. Semaine après semaine, la lecture des délits commis à divers degrés de violence par des ados, sous l'emprise dans 80% des cas de drogues et de psychotropes, souligne à gros traits rouges l'urgence pour les autorités compétentes de se pencher sérieusement sur ce phénomène dont l'ampleur est traduite par les délits commis au quotidien par de jeunes zonards exclus du système éducatif, au chômage, confrontés avant terme aux pires réalités de la vie. Pour « planer » et oublier toutes les vicissitudes qui constituent leur quotidien, ils « sniffent » tout ce qui leur tombe sous la main, consomment à tout-va du kif (zetla, comme ils aiment à l'appeler) et consomment sans modération aucune des psychotropes, notamment du Diazepam ou du Rivotril vendus à prix d'or sous forme de sirop ou de comprimés. Et pour s'en procurer, les plus accros ne reculent devant rien, allant même jusqu'aux crimes de sang pour satisfaire leur dépendance aux stupéfiants dont l'effet peut être dévastateur en faisant perdre à leurs auteurs toute notion de la réalité.
Limites de la liberté surveillée...
Autre exemple édifiant à ce sujet, celui vécu par des éléments de la sûreté baraqués comme des armoires à glace, qui se sont frottés sur les hauteurs de la cité Ziadia à deux adolescents chétifs qui n'ont pas hésité, au moment de leur interpellation, à les provoquer sous la menace d'une arme blanche. Mais une fois maîtrisés et l'effet des psychotropes envolé, ces derniers pleuraient comme... de simples ados confrontés à des actes dont ils n'étaient pas conscients dans l'immédiat. Un état d'esprit très particulier que connaît parfaitement Ali Maâlem, responsable du service d'observation et d'éducation en milieu ouvert (SOEMO) chargé de la prise en charge des mineurs placés par les juges des mineurs des juridictions compétentes de Constantine, El Khroub et Zighoud Youcef. Ces juridictions ont eu à traiter cette année les cas de 3536 mineurs dont 2316 ont été présentés devant le tribunal de Constantine, 952 à El Khroub et 268 à Zighoud Youcef. Mis à part les délits majeurs à l'instar des crimes de sang, la plupart d'entre eux étaient impliqués pour détention et consommation de stupéfiants, vols, coups et blessures volontaires, agressions à l'aide d'armes prohibées, atteinte aux bonnes mœurs et à la pudeur et dégradation de biens d'autrui. Nonobstant les cas les plus graves jugés dans un contexte particulier, la plupart des délinquants mineurs ont été placés par les juges compétents en surveillance à titre préventif. Dans le contexte de la liberté surveillée, souligne l'animateur du SOEMO, 303 mineurs ont été pris en charge dans leur milieu naturel dans le souci de leur apporter une aide et un soutien indispensables à leur éventuelle réinsertion sociale, scolaire ou professionnelle. Dans cette optique, précise-t-il, le SOEMO entretient des relations suivies avec la brigade des mineurs de la sûreté de wilaya, lesquelles sont basées sur la concertation et l'échange d'informations et de renseignements, tout en assurant la présence d'un éducateur spécialisé à chaque présentation ou audition d'un mineur, le représentant du SOEMO étant considéré comme son tuteur substitutif en l'absence des parents ou d'un avocat. Dans le prolongement de cette action, le bilan présenté par ce dernier affiche, depuis le début de l'année scolaire 2004-2005 à ce jour, 1084 visites effectuées à domicile, 3282 enquêtes sociales demandées par les tribunaux compétents et l'insertion dans les CFPA, en apprentissage, dans le circuit scolaire et dans le monde du travail de 430 jeunes en danger moral. Une mission de sauvetage qui n'est pas toujours aisée pour l'équipe d'éducateurs du SOEMO en raison d'un milieu familial et de voisinage souvent hostile à toute forme de « récupération » du jeune en danger moral. D'où les risques potentiels de récidive qui pèsent sur cette catégorie d'ados confrontés quotidiennement aux menaces que fait peser sur eux un environnement où leurs aînés leur enfoncent davantage la tête sous l'eau.
... et de la prévention
Rayane Ahmari et Nora Amrani, psychologues à la cellule d'écoute et de prévention santé jeunes à la maison de jeunes Ahmed Saâdi, domiciliée dans l'un des quartiers les plus populeux du vieux-Rocher, nous avoueront leur désarroi face à l'ampleur de ce problème auquel elles sont souvent confrontées dans l'exercice d'une mission qu'elles assimilent plus à un sacerdoce. Confrontées à des ados très mal dans leur peau et qui sont à deux doigts de dériver vers l'enfer de la drogue et, par voie de conséquence, vers la délinquance sous toutes ses formes, elles attribuent personnellement ce phénomène de société « à divers facteurs liés notamment à l'échec scolaire, à des carences affectives, à la dislocation de la cellule familiale, aux problèmes d'une cohabitation difficile supportée dans des logements insalubres et surpeuplés, au chômage, à l'oisiveté, etc. » Au cours du débat instauré avec son groupe composé de psychologues et d'un médecin, Mme Hafed Hafdi, elles mentionneront également la versatilité du comportement de ces ados, l'influence de leurs camarades meneurs et leur extrême fragilité face aux menaces représentées par les nombreux prédateurs qui écument les quartiers proches de la maison de jeunes Ahmed Saâdi. Nos interlocutrices avoueront, par ailleurs, que les missions qui leur sont dévolues les placent assez souvent face à des situations effarantes où de nombreux adolescents et adolescentes se retrouvent piégés dans un labyrinthe d'angoisse et de déprime. A l'exemple de cet adolescent de 15 ans qui est venu se confier à elles après avoir, des années durant, supporté un fardeau trop lourd à porter. Longtemps victime d'un père alcoolique qui l'obligeait à boire depuis son plus jeune âge, ce dernier aurait finalement fui le milieu familial pour se réfugier dans la zone boisée limitrophe où il passe le plus clair de son temps et qu'il considère aujourd'hui, d'après nos interlocutrices, comme son véritable foyer. A partir de là, il est facile d'imaginer le sort qui attend ce gamin en dépit des actions entreprises par les membres de cette cellule de proximité pour le sortir de la spirale infernale où l'a entraîné un père indigne. Elles évoqueront d'autres cas plus pathétiques les uns que les autres. Elles dénonceront aussi le « grave danger représenté par la faune humaine sévissant au niveau des espaces de non-droit entourant les cités Filali, Fadila Saâdane et Benboulaïd ». Il est urgent, estiment-elles, sur la base des constats de carence dressés par toutes les parties prenantes, le mouvement associatif y compris, d'organiser un vrai débat sur ce phénomène et d'en sortir avec une plateforme d'actions destinée aux plus hautes autorités de la wilaya. Pour l'heure, les membres de cette cellule d'écoute et de prévention santé jeunes avouent les limites de leur propre programme qui s'articule essentiellement autour du développement du dialogue et de la concertation avec les jeunes en butte à des problèmes qui les dépassent le plus souvent et qui débouchent, faut-il le rappeler, sur l'enfer de la drogue et son corollaire, la délinquance.


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