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Londres, Ben Laden et moi
Climat d'inquiétude chez les musulmans d'Europe
Publié dans El Watan le 11 - 07 - 2005

La communauté algérienne a suivi les attentats de Londres avec beaucoup d'attention. Passé le choc des premiers instants, les langues se délient. Nous sommes allés à la rencontre de nos compatriotes à Paris pour voir comment ils ont vécu cet événement.
Témoignages. Le même message appelant à la vigilance revient toutes les dix minutes dans les stations de métro. Le plan Vigipirate est passé au rouge. Alerte maximum à Paris. Les militaires et les policiers sont de nouveau plus visibles dans les gares. Métro Concorde : Mohand ne décolère pas. Pour lui, il n'y a aucun doute : « Ce sont bien les affidés de Ben Laden qui sont derrière le coup. » « On est dans une démarche de haine qui ne peut que nous mener vers le choc des cultures. Les Occidentaux ne vont pas tolérer longtemps notre présence si les attentats se poursuivent. Demain, par la faute de ces égarés, certains militants d'extrême droite voudront se venger en s'attaquant aux Arabes, et c'est la dégringolade. Ces terroristes veulent une confrontation directe. La peur ne peut engendrer que la haine et le repli. Les Français voteront un jour Le Pen ! Les terroristes n'attendent que ça, ce sera leur victoire ! » Cadre dans une multinationale à la Défense, le « musulman génétique », comme il aime à se définir, a un discours très dur envers les islamistes. « Ben Laden est une créature de la CIA. Quels sont les résultats des différents attentats qu'on lui attribue ? Il n'a fait tuer que des citoyens lambda qui prennent le métro, jamais les puissants. Aujourd'hui, les Bush et les Tony Blair sont réélus haut la main. Je me demande s'il ne continue pas à émarger à la CIA. Les musulmans sont dans un état léthargique effrayant. Au lieu de demander plus de démocratie pour sortir du sous-développement, certains jeunes sont attirés par un illuminé qui leur promet encore plus de dictature. Je n'y comprends rien », avoue Mohand avec beaucoup de pessimisme et de ressentiment. La colère est plus nuancée chez Morjane. Professeur en sciences sociales dans une université parisienne, depuis trois ans, elle ne cache pas son angoisse. « Je me sens comme blessée au plus profond de moi-même à chaque attentat, comme si j'étais responsable de tous les musulmans du monde entier. Une sorte de porte-parole. Je sais, c'est entièrement stupide mais ce sentiment diffus ne me quitte pas. Je ressens une immense honte. Dans ces moments, je me dis que l'Islam doit paraître aux yeux des Européens comme une religion sauvage faite de haine et de violence, alors qu'elle représente tout le contraire. A chaque fois, ce sont mes collègues français qui me consolent en me disant qu'ils ne font pas la confusion entre les terroristes et les autres musulmans. Je me pose toujours cette question : que se passerait-il si un groupe terroriste européen commettait un attentat dans un pays musulman ? Je n'ose pas imaginer la réponse. » Morjane, très émue pendant tout l'entretien, répète à plusieurs reprises : « J'ai honte, j'ai honte... » « L'Islam mérite mieux que ces semeurs de la mort pour le représenter. Voilà une religion de tolérance qui se trouve prise en otages par des illuminés analphabètes », tranche-t-elle.
Ibn Ruchd contre Ghazali, le combat du millénaire
Mourad est partagé. S'il condamne fermement les attentats, il « essaie de comprendre le pourquoi », une « explication, pas une justification ». « C'est horrible, c'est vrai. Mais les Anglais doivent s'attendre un peu à ça, ils n'ont jamais voulu retirer leurs troupes d'Irak. Le premier responsable est Tony Blair, c'est lui qui occupe l'Irak avec son maître, Bush. On ne peut pas faire une guerre à un pays et ne pas s'attendre à des conséquences. C'est la logique même d'un conflit, une réaction à la chaîne. Je condamne ces attentats mais l'Angleterre doit comprendre qu'elle ne peut pas continuer à occuper l'Irak », analyse Mourad. Il avoue qu'il n'aimerait pas être à Londres en ce moment. « Les Anglais doivent regarder les musulmans de travers. Ils doivent se dire que derrière chaque Arabe se cache un terroriste. J'ai peur des amalgames. Je me rappelle qu'après les attentats de Saint-Michel en 1995, les policiers n'arrêtaient pas de me demander mes papiers. Les gens me regardaient de travers dans le métro, à moins que ce soit de la parano. Ces contrôles sont nécessaires peut-être mais ils sont humiliants. Et je ne parle même pas des pauvres clandestins. Ils doivent se terrer, le temps que le plan Vigipirate baisse de niveau. Je les plains beaucoup. » Les exclus ont leurs exclus. Hamid est clandestin. Cela fait presque deux ans qu'il a quitté Hussein Dey « définitivement ». « Je prends tous les risques. Je sais qu'au moindre contrôle policier, c'est direction Alger. Je n'ai aucun papier officiel, mais je refuse de partir. Dire que je voulais rejoindre mes amis à Londres. Tous mes amis sont installés là-bas. Je n'ai pas réussi à les joindre. Ils doivent se faire petits aussi. Ils sont sans-papiers comme moi. Ils doivent rester chez eux. La vie d'un clandestin est très dure mais pour rien au monde, je ne retournerai en Algérie. Du moins pas avant ma régularisation. Le plan Vigipirate est synonyme pour nous d'obligation d'invisibilité. On doit se fondre dans la foule pour éviter la phrase qui tue : ‘‘Vos papiers''. » Ahmed, contrairement aux autres, est optimiste. « Les attentats et toutes ces guerres civiles au nom de l'Islam obligent les musulmans à regarder au fond d'eux-mêmes. Et ce qu'ils y voient ne leur fait pas plaisir. Ils se détestent. Notre problème, c'est que nous ne nous aimons pas. L'Islam traverse une crise existentielle. Il ne peut pas continuer de prospérer dans le déni de l'autre et dans le conflit. Seule la laïcité le sauvera. Et de cette crise naîtra nécessairement une révolution. L'Islam ne sera plus le même, il ne sera plus rétrograde. Et cette renaissance viendra de l'Occident. Nous ne sommes pas condamnés à être à la traîne du monde. Pour trouver notre place, nous devons faire beaucoup de travail sur nous-mêmes. Cela passe par la rationalité, et préférer enfin Ibn Ruchd à Al Ghazali, la pensée au mysticisme. »


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