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Entre politique économique et politique de développement
La rente pétrolière
Publié dans El Watan le 17 - 07 - 2005

La rente est un revenu. Indépendamment des formes qu'elle peut revêtir, rente foncière, rente minière en général, ou rente pétrolière et gazière en particulier, la rente est d'abord et avant tout le résultat d'une activité économique productive.
Les modalités de la répartition et de la redistribution de ce revenu se réalisent dans le long cycle économique mondial. Plusieurs acteurs y agissent, chacun selon les objectifs et les intérêts qui le guident. Ce cycle - nous proposerons une définition plus loin - est d'abord déterminé par un processus de recherche, d'exploration, d'exploitation, d'extraction, de production et de transformation de la matière première du pétrole et ses dérivés. Ce même cycle pétrolier fait partie du cycle global du système capitaliste mondial. C'est dire que le problème est compliqué si nous l'abordons ainsi. Mais les lectures que nous avons faites sur la question nous ont permis de relever des approches qui n'étaient pas satisfaisantes du point de vue des exigences théoriques de l'explication. Il ne faudrait pas oublier que pour une très grande partie des pays producteurs de pétrole en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine..., les revenus pétroliers et gaziers forment une partie substantielle de leurs revenus nationaux. D'où, pour éviter des approches trop exclusives, nous avons pensé qu'il était nécessaire - même si beaucoup de questions théoriques et pratiques relatives à la rente pétrolière restent encore sans réponse - de ne pas occulter des aspects du processus de production, d'échange et de répartition du produit pétrolier. C'est la vision et la saisie de l'ensemble du processus économique pétrolier dans le cycle global qui nous permet de saisir les mouvements, les « devenirs » de la rente pétrolière dans le rapport social global du système capitaliste mondialisé. Pour mener à bien notre réflexion et pour saisir les composants essentiels de cette rente pétrolière, nous ne pouvons pas faire l'économie d'un exposé théorique sur la rente foncière en général, telle qu'elle se forme dans les conditions capitalistes de production et de répartition du produit social ou du revenu national. Malgré ce passage, obligé et indispensable à la saisie de certains aspects importants de la rente pétrolière, nous savons que notre approche peut souffrir de l'absence d'explications de points théoriques et pratiques que la science économique et les sciences sociales n'ont pas encore suffisamment étudiées à la lumière des développements contemporains de la question pétrolière. Par exemple, quels sont les problèmes théoriques et pratiques qui régissent un procès précapitaliste ou quasi capitaliste de production pétrolière qui reste régi par un système capitaliste fortement mondialisé et sans cesse en voie de mondialisation approfondie ? Il y a là beaucoup de séquences historiques qui ne peuvent pas être abandonnées ou absorbées tranquillement par la logique restreinte et souvent appauvrissante des marchés. Le lecteur, avide de questionnements théoriques, pourra découvrir les espaces nécessaires à une réflexion aussi vitale et qui détermine les conditions de la production et de la répartition du revenu national de sociétés et de pays se trouvant dans des situations comparables. La rente pétrolière fait partie d'une branche théorique particulière du fonctionnement de la rente minière. La rente minière elle-même, à son tour, pouvant être un cas particulier de la théorie générale de la rente foncière. Avant d'aborder ce point, qui relève -pour ce qui est de son traitement- de la théorie marxienne de la rente foncière, nous voudrions mentionner quelques approches du problème de la rente pétrolière que nous avons rencontrées dans nos lectures.
I. De certaines approches de la rente pétrolière
1. La rente pétrolière est exclusivement saisie comme un prix ou comme un revenu. Si elle n'est saisie qu'ainsi, c'est-à-dire exclusivement à travers les agrégats de la comptabilité nationale, on laisse échapper beaucoup d'aspects essentiels qui peuvent être précieux pour les sociétés des pays du tiers-monde et accroître leur force de négociations face à des vis-à-vis rapaces et nombreux.
2. La rente pétrolière, considérée non seulement comme un prix, mais aussi comme un produit, relève dans la logique historique qui est la sienne, de la rubrique générale des matières premières destinées à la vente dans le marché capitaliste international. Dans le rapport de forces contemporain entre les pays capitalistes développés acheteurs de matières premières et les pays dominés, ex-colonisés, ces matières premières d'origine coloniale sont devenues des matières premières d'origine ex-coloniale. C'est dire que le processus de commercialisation de ces produits a vu l'émergence de nouveaux intermédiaires, ceux qui se sont substitués à l'ancien pouvoir colonial direct.
3. La rente pétrolière produite par les pays producteurs du tiers-monde reste toujours porteuse de rapports économiques et sociaux précapitalistes. Dans cette situation, faut-il affirmer que, selon l'optique du pays producteur, ce dernier est acculé à vendre le produit pétrolier, non pas comme marchandise, mais comme produit. L'acheteur, qui est la société multinationale exploitante ou l'Etat capitaliste occidental, doit procéder selon le rapport de forces monopoliste à une conversion du produit en marchandise. Dans ce processus de conversion, il y a des portions de rente qui sont appropriées par ces vis-à-vis. Donc, il y a lieu d'affirmer -cet aspect étant souvent caché- que la rente pétrolière n'est pas ce revenu qui est exclusivement approprié par les pays producteurs de produits pétroliers. Le processus de production et d'appropriation de cette rente se fait tout le long du cycle économique du système capitaliste mondial et dans lequel les pays producteurs n'occupent que des circuits. La différence entre cycle et circuit économique étant à souligner pour situer les rapports de production en présence. Nous reviendrons sur ces points. En attendant, et pour clarifier d'autres aspects de la rente pétrolière, il serait important de chercher à situer, même d'une façon générale, la rente pétrolière par rapport à la théorie de la rente foncière.
II. Rente foncière et rente pétrolière
Dans le cas général de la rente foncière, trois acteurs principaux déterminent la production de cette rente dans les conditions capitalistes de production, d'échange, de répartition et de consommation : les travailleurs ou salariés agricoles employés par le fermier, le propriétaire de la terre, celle-ci considérée comme un moyen de production particulier et le fermier capitaliste qui loue la terre au propriétaire et l'exploite selon les termes d'un contrat entre lui et ce propriétaire foncier. Cette activité économique donne lieu à un revenu qui prend la forme d'une rente foncière absolue, considérée comme moyen de réalisation du prix de la terre. Celle-ci étant propriété privée. Une autre partie de la même activité économique permet l'apparition, lorsque certaines conditions sont remplies, de deux autres revenus sous la forme de rentes différentielles I et II. Nous déterminerons leurs fonctions et leurs places dans le processus de production général qui génère les rentes foncière et pétrolière. En soulignant à la suite de Marx que « partout où existe une rente, la rente différentielle s'établit de la même manière et suit les mêmes lois que la rente différentielle agricole. Partout où des forces naturelles peuvent être monopolisées et assurer un surprofit à l'industriel qui les exploite - qu'il s'agisse de chutes d'eau, de mines riches en minerai, d'eaux poissonneuses ou d'un terrain à bâtir bien situé -, ce surprofit est enlevé sous forme de rente au capital en fonction par celui dont un titre de propriété sur une parcelle du globe a fait le propriétaire de ces richesses naturelles ». (1) Nous pouvons ajouter à la suite de ce cadre qui situe les différents types de rentes par rapport à la rente foncière, que les acteurs actuels qui président à la production de la rente pétrolière et ses modes généraux de répartition sont les suivants, selon les deux situations historiques vécues par les pays dominés producteurs de pétrole : a) Dans le cas de la situation coloniale, le champ pétrolifère fait partie de la sphère de production du pays colonisateur. Que ceci fasse partie du domaine annexé ou du domaine des concessions, les résultats de l'activité économique font que le pouvoir d'Etat colonisateur opère une extorsion de toutes les formes de rente. Dans ce cas, la rente sous ses formes absolues et différentielles est convertie en butin colonial. Cette apparition de la rente absolue dans le cas colonial sous la forme d'un butin continue d'exister de nos jours. Elle n'est pas historiquement épuisée Elle subit des « arrangements » internes par des formes de rémunération déguisées et protégées par « les gardes des champs miniers... » b) Dans la situation des indépendances et à partir des années 1970, lorsque les nationalisations des champs pétrolifères ont remis en cause d'une façon inégale le régime des concessions, il y a quatre acteurs principaux qui régissent, chacun selon sa place et ses fonctions, le processus de production, d'échange, de répartition et de consommation des formes de rentes pétrolières :
1) Il y a les travailleurs salariés de la production et de la gestion du processus économique proprement dit. La chaîne productive et de gestion commence dans le champ minier pour aboutir aux collectifs des travailleurs de la chaîne de distribution des produits pétroliers dans les pays consommateurs.
2) Il y a le pouvoir d'Etat du pays du tiers-monde propriétaire du champ pétrolifère et qui est censé percevoir une rente absolue. Où se situe-t-elle si nous interrogeons les formes de répartition et de commercialisation du produit pétrolier ? Est-ce que le système des royalties qui représentait un prix d'octroi des concessions s'est converti dans un chapitre fiscal ? Une analyse et une recherche plus fine devraient conduire le chercheur à voir plus clair. En plus de la rente absolue, il y a une répartition des formes de rente différentielles. C'est l'analyse fine des contrats qui permet de préciser les modalités de cette répartition entre le pays producteur représenté par le pouvoir d'Etat et les autres tenants du cycle économique global, les multinationales et l'Etat capitaliste occidental.
3) La société multinationale ou l'ensemble des compagnies qui exploitent les champs de pétrole vont avec l'Etat capitaliste qui les « encadre » s'approprier des parties des rentes différentielles. Il ne faudrait absolument pas croire que tous ces mouvements se font dans et exclusivement par les forces du marché. Bien naïf celui qui persisterait à le penser et à le croire. Dans le domaine pétrolier, comme d'ailleurs dans les domaines monétaires et financiers, il y a toujours l'avant-scène, la scène et « l'arrière-arrière » scène. Voilà pour les acteurs essentiels qui sont des forces actives dans ce procès de production, d'échange et de répartition d'un produit stratégique, tel que défini par les tenants du système capitaliste mondial.
III. La place de la rente dans le processus économique
La rente dans ses formes absolues, différentielles I et II est, dans le sens marxien du terme, une partie de la plus-value, c'est-à-dire qu'elle représente un volume de travail social non rémunéré que les non-producteurs s'approprient - une fois l'échange et la répartition des revenus accomplis. Elle représente alors un revenu.
Dans le cas de la rente foncière, le procès de production a lieu dans l'agriculture. C'est l'activité économique dans ce secteur qui permet la production et l'appropriation de l'équivalent monétaire de la rente absolue et des rentes différentielles.
Dans le cas du profit industriel, c'est l'activité économique dans le secteur industriel, par l'intermédiaire du procès d'échange qui permet l'appropriation du profit industriel...Il s'agit là d'un ensemble de repères théoriques généraux... Et nous ne posons pas le problème de la péréquation des revenus... Cette appropriation des revenus est soit locale, régionale ou encore elle est approchée pour l'ensemble du système capitaliste mondial. Ce sont les conditions non seulement de la production, mais de l'échange, de la circulation et de la consommation du capital social qui permettent la transformation de la plus-value en profit industriel (PI), profit commercial (PC), profit financier, intérêt et autres (PF) et rentes absolues et différentielles [ (RA + RD) = R] L'ensemble de ces revenus forme le revenu national (RN) de l'ensemble capitaliste, si nous prenons pour référence les mesures annuelles de l'activité productive et d'échange. Comme aussi, nous pouvons prendre comme référence de temps la période d'un programme économique. L'expression formalisée de la grandeur et des constituants de ce revenu national serait : (RN) = [ (PI) + (PC) + (PF) + (R) ] Pour la partie développée du système capitaliste mondialisé, ce sont : les profits industriels, commerciaux, de services financiers et autres qui ont le poids relatif le plus important dans le revenu national mondial de ce système. La rente pétrolière constitue une part significative de l'ensemble multinational pétrolier, mais le système capitaliste mondialisé dans ses relations de production et de répartition avec l'ancien monde colonial continue d'avoir des relations organiques de répartition et de redistribution du produit social de ces pays, et bien sûr aussi du revenu national de cette partie du monde. Par exemple, tout le domaine minier qui donne lieu à des productions minières. Elles aboutissent à des répartitions des revenus de la rente au sein des politiques économiques du pays producteur lui-même déterminé par la politique économique du système capitaliste mondial. Nous pensons que la division coloniale ou post-coloniale du travail est toujours en action, indépendamment des résultats ou des poussées des indépendances politiques. Cette division coloniale ou post-coloniale du travail perdurera tant que les pays producteurs de produits miniers donnant lieu à des appropriations partielles des rentes minières principalement, n'auront pas fait l'effort socialement organisé de convertir les résultats financiers de la rente minière en projets d'industrialisation et de développement intégrés dans un espace national et régional organisé et qui rejette la division coloniale ou post-coloniale du travail actuel. Cela est un cadre méthodologique général, mais réel, qui nous permet de saisir les mouvements complexes de la répartition et de la redistribution des revenus. Nous n'excluons en aucune façon les grands décalages qui existent entre l'essence et les phénomènes économiques correspondants ou apparentés, entre l'essence économique des processus et leurs manifestations, leurs expressions comptables et financières. Surtout à ce stade des profondes interpénétrations des économies du système capitaliste développé et de ses multiples dépendances. La théorie peut ne pas tout couvrir de la réalité économique et sociale et de ses changements rapides. Et elle ne couvre pas encore l'essence des processus économiques qui concernent les relations des pays dépendants avec les grands centres du système capitaliste mondialisé. Et elle ne traite pas non plus de l'approche que nous devrions faire des formes de la rente en fonction du contexte colonial passé mais toujours présent, et des adaptations de ce contexte aux réalités de l'indépendance des pays disposant de sources rentières. Dans les travaux de Marx-Engels, il y a beaucoup d'indications sur la rente coloniale et les rentes précapitalistes.(2) C'est dire alors que l'approche de la rente pétrolière est porteuse d'une étape historique - qui risque d'être longue - parce que porteuse d'intérêts, de visions soucieuses de logiques du capital local, régional insérées dans les mouvements du capital, et du capitalisme mondialisé.
(A suivre)
Notes :
(1) (2) K. Marx : Le Capital T. 3. 6e section. Chap. 46. P. 809, 800, 811, 347.


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