Toutes les politiques foncières modernes tentent d'éviter la création d'une rente foncière. Créer la rente, c'est mettre un droit à payer par celui qui cultive. La rente est payée par l'exploitant au propriétaire. Elle se répercute évidemment sur le prix des denrées achetées par le consommateur. C'est donc un prélèvement opéré par ce propriétaire sur les revenus des paysans et des consommateurs. Ainsi, en Europe, par exemple, des agences foncières, qui sont des structures publiques ont un droit de préemption, acheteur prioritaire, sur toutes les terres agricoles qui se libèrent. Ces agences interviennent sur le marché foncier pour favoriser l'acquisition des terres par les paysans exploitants. L'Etat favorise donc le lien de propriété entre le paysan et la terre qu'il cultive. La terre aux paysans qui la travaillent n'est pas un slogan socialiste. La vente des terres publiques ne ferait que favoriser la sphère de création de la rente. Nous sommes une société procapitaliste où l'accumulation se fait par captation de rentes et non par l'investissement productif. La rente pétrolière n'élargit pas la sphère productive comme on peut le constater, mais la sphère marchande par l'importation. Les profits marchands et usuraires et la rente foncière n'engendrent pas automatiquement du capital. Compte tenu de cette propension de la société à capter la rente, il vaut mieux éviter l'apparition du personnage de propriétaire rentier qui n'exploite pas la terre qu'il possède.
