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Déculturation, enfumades et massacres collectifs
Comment la France a « civilisé » l'Algérie
Publié dans El Watan le 18 - 07 - 2005


« Ces Africains qu'on méprise »
Correspondance de Berthezène à Soult en 1831 « J'ai la conviction qu'à aucun moment, sous le régime turc, les habitants de ces contrées n'ont été en butte à tant de vexations et de dénis de justice... Combien de fois n'ai-je pas eu à rougir de voir le caractère français se dégrader ainsi en présence du monde civilisé qui nous observe par ses consuls et même en face de ces Africains qu'on méprise, mais dont l'esprit est très délié. »
François Maspéro. L'Honneur de Saint-Arnaud. Casbah Ed. Alger 2004. P. 75
« Les corps brisés s'entassaient au pied des rochers », Saint-Arnaud décrivant le sac de Constantine
« A La Casbah, un autre spectacle m'attendait. Les détachements armés des différentes colonnes commençaient à y arriver. Mais le pillage aussi avait commencé... Le général Rullières y arriva vers midi ; Il criait beaucoup après les pillards, menaçait de prendre les mesures les plus sévères, mais rien n'arrêtait le soldat ; il était victorieux, il avait beaucoup souffert, il avait acheté sa conquête au prix de son sang, il y aurait eu folie à vouloir l'arrêter. Le pillage exercé d'abord par les soldats s'étendit ensuite aux officiers, et quand on évacua Constantine, il s'est trouvé, comme toujours, que la part la plus riche et la plus abondante était échue à la tête de l'armée et aux officiers d'état-major. Je ne m'appesantirai pas davantage sur ces scènes de pillage et de désordre ; elles ont duré trois jours. Jetons un voile épais et ne ternissons pas notre gloire et nos souvenirs. » Le pillage est d'autant plus facile que toutes les maisons riches sont abandonnées : les familles maures ont quitté la ville avant les combats. « Il ne restait plus dans la ville que les Turcs, les Kabyles et la partie combattante. Les citoyens restés ne se composaient que de juifs, de vieillards et de pauvres gens. » Au-delà de La Casbah, il découvre du haut des remparts qui surplombent les gorges du Rummel que des centaines de femmes ont tenté de fuir avec leurs enfants au moyen de cordes qui ont cédé. Les corps brisés s'entassaient au pied des rochers.
Ouvrage op.cit. p. 98.
« Couper dix têtes d'indigènes »
« Jeune et divinement beau, Yûsuf arborait partout son étendard personnel, la tête de Maure coupée, emblème de la Corse. C'était plus qu'un emblème : une profession de foi. On s'accordait pour le considérer comme l'un des plus remarquables coupeurs de tête que la terre eut porté. Il les tranchait ‘'délicatement'', précise le général Edmond Jouhaud qui en a publié une biographie enthousiaste. Dès la première marche sur Blida, Yûsuf avait expliqué aux Français une règle élémentaire du combat en terre africaine : ‘'Couper 10 têtes d'indigènes pour un Français décapité.'' »
Ouvrage op.cit. p. 80.
« Un chemin sanglant »
Témoignage du colonel Trumelet (21 avril 1833) répression des Ouled Athia « Yûsuf ouvre à l'aide de son sabre, ou du poitrail de son cheval qui combat avec lui, il prépare, disons-nous, un chemin sanglant à ses cavaliers, dans cette cohue hurlante, que la peur retient botte à botte. Perdu, seul au milieu des fuyards, Yûsuf, sans se demander s'il est suivi par les siens, frappe impitoyablement tout ce qu'il rencontre dans la longueur de son bras ; comme le cavalier de l'épopée, il désaltère son sabre dans le sang des ennemis. A chacun de ses coups, c'est un cavalier qui vide les arçons, tombe dans la poussière, se débat dans son sang et déchire la terre de ses ongles ; c'est un corps sans tête qui, par la force de l'impulsion, reste en selle pendant quelques instants encore ; c'est une moitié d'homme qui se sépare de l'autre et qui reste accroché au pommeau de la selle... »
Maurice Constantin-Weyer, La vie du général Yûsuf, NRF Paris 1930. Pp. 119-120
Le sort réservé aux antiquités
« Orléansville - en arabe El Asnam, ‘'les idoles''- est située près des ruines encore abondantes d'une cité romaine. Bugeaud avait vu l'intérêt de cette proximité : ‘'Les vieilles ruines romaines nous offrent des pierres de taille qui serviront, je pense, aux angles et aux ouvertures de nos établissements permanents.'' Cavaignac, son premier commandant, qui n'est ni un Goth ni un Vandale et cultive le goût de l'Antiquité, en a sauvegardé le plus possible, mais soldats et bientôt colons s'en servent effectivement comme d'une carrière : ainsi, ont été rasés les restes de la grande basilique à 5 nefs édifiée au temps de Saint-Augustin. »
François Maspéro op. cit. p. 198.
« L'affaire du Dahra »
« Paris le 11 juillet 1845 : à la chambre des Pairs... le prince de la Moskowa, fils du maréchal Ney, demande la parole pour une brève interpellation : « Messieurs, un journal qui se publie en Algérie, L'Akhbar, contient le récit d'un fait inouï dans notre histoire militaire. Un colonel français se serait rendu coupable d'un acte de cruauté inexplicable, inqualifiable, à l'égard de malheureux Arabes prisonniers. Je viens demander au gouvernement français de s'expliquer sur ce fait. Et il donne lecture de l'article : ‘'Il vient d'arriver dans le Dahra un de ces événements qui contristent profondément ceux qui en ont été témoins, même lorsqu'ils en ont compris l'affreuse nécessité... Le colonel Pélissier s'occupait à poursuivre les Ouled Riah, tribut qui n'a jamais été soumise parce que le pays qu'ils habitent renferment d'immenses cavernes...'' Suit le récit de l'enfumade des Ouled Riah. Hommes, femmes, enfants et troupeaux se sont, à l'arrivée de la colonne française, réfugiés dans leurs grottes. On en a fait le siège, et au bout d'une journée, ‘'à bout de patience'' face au ‘'fanatisme sauvage de ces malheureux'' qui exigeaient pour sortir que l'armée française s'éloigne, Pélissier a fait mettre le feu à des fascines disposées aux accès. Le matin tout est consommé. 500 victimes dit le rapport officiel. Environ 1000, témoignera un officier espagnol présent... ‘'L'affaire du Dahra'' demeure dans les annales de la conquête comme une sorte de bavure (regrettable selon le terme consacré). Elle n'est pourtant pas isolée. On connaît officiellement au moins 4 tueries similaires opérées dans la région par les commandants de colonnes à la même époque. »
Op. cit. p. 205 et 208.
« La répression fut terrible... »
Après la défaite d'El Mokrani et de Cheikh Aheddad « Les colons réclamèrent des mesures impitoyables. Elles leur furent accordées. ‘'La répression fut terrible'', écrit Rinn, ‘'et, pour beaucoup, hors des proportions avec la culpabilité''. Du point de vue juridique, elle amena les tribunaux à se départir des règles habituelles du droit, car on considéra à la fois les insurgés ‘'comme des belligérants vaincus, comme des sujets algériens et comme des Français.'' » « Ce fut à titre de belligérants qu'ils durent payer une contribution de guerre. Les fonctionnaires et les militaires assuraient que les Kabyles étaient pauvres et incapables de payer les sommes que Gueydon voulait exiger d'eux, mais l'amiral affirma qu'ils se donnaient seulement ‘'l'apparence de la misère'' et qu'ils possédaient ‘'beaucoup de millions enfouis dans le sol''. Il jugea même qu'il fit preuve de mansuétude à leur égard. ‘'Ce n'est donc pas légèrement que j'ai frappé de 10 millions d'impôts de guerre la seule grande Kabylie. Le résultat a prouvé que je pouvais exiger davantage, car en 3 mois, les 10 millions ont été versés en monnaie métallique et encaissée dans les coffres du Trésor.'' Les colons proposèrent que la contribution de guerre s'élève à 8, 10 ou 12 fois le montant de l'impôt. Gueydon appliqua la règle de 10 à la Kabylie. On réclama à l'ensemble des insurgés 36 500 000 francs dont en 1875, 31 500 000 francs avaient été recouvrés. On imposa dans les mêmes conditions des tribus du sud qui n'avaient pas tiré un coup de fusil. Les colons jugèrent que la mesure présentait un avantage non seulement financer mais politique. ‘'On le sait par expérience'', proclamèrent les notables d'Alger, ‘'quand les indigènes se révoltent, c'est qu'ils sont trop riches. Les appauvrir est un moyen de pacification''. »
Charles-André Julien. Ouvrage op. cit. p. 493.
« Mes élèves affamées »
Il s'agit de l'extrait d'un rapport adressé par la directrice de l'orphelinat de Ben Aknoun à ses supérieurs. « Il faut bien peu connaître les Arabes pour croire que le désir de s'instruire soit seul pour quelque chose dans le succès que j'ai obtenu. La misère et la faim, voilà mes auxiliaires réels. Alger regorge de familles malheureuses, dévorées de besoins poignants et décimées par d'affreuses privations. En offrant à ces familles une prime de 2 francs par mois pour les aider, j'ai fait taire tous leurs scrupules en donnant, en outre, un repas par jour à mes élèves affamées, j'ai acquis toutes les sympathies de leurs mères ; mais il ne faut à cet égard aucune illusion, le repas que prennent à l'école la plupart de mes élèves est le seul de toute la journée. Le caractère arabe est d'ailleurs si tenace, si étroit, si mesquin pour tout ce qui touche à l'argent que les plus riches comme les plus pauvres profitent avec avidité de ma générosité. »
Yvonne Turin. Affrontements culturels dans l'Algérie coloniale. 1830-1880. Ed. Maspéro Paris, 1971. p. 54-55.
« L'état de l'instruction est déplorable »
« Tout d'abord, la misère avait partout gagné l'enseignement. De Mostaganem, de Ténès que Lapasset administrait en 1849 d'Alger, de Constantine parviennent les mêmes sons de cloche, l'état de l'instruction est déplorable : ‘'Les écoles du second degrés ont disparu presque en totalité de la surface de l'Algérie. Les jeunes gens qui désirent acquérir quelques connaissances un peu étendues vont chercher à Tunis, Tripoli, Tétouan en Egypte même, un enseignement qui leur fait défaut dans la division'' que commande le général Blangini. L'absolu de cette remarque était plus vrai à Alger qu'en Kabylie, encore insoumise, ou dans les prolongements sahariens de la province de Constantine... »
Yvonne Turin, op. cit. p. 129.
Chanson populaire :
« Il ne possède même plus une brebis Il est indigent et souffre la faim C'est la volonté de Dieu, résignons-nous ! Le gouvernement a supprimé les cours dans les zaouïas La lumière de la science s'y est éteinte Il n'y a plus de lecteurs ni d'étudiants Il a enlevé les bestiaux les pâtures Par l'ordre d'un ancien spahi Et le caïd commence à les emmener (pour les vendre) Nous sommes tous réduits à mendier Du riche, ils ont fait un mendiant O Souverain Maître, O Tout-Puissant »
Chanson kabyle, La Revue Africaine, 1899 p 149 citée par Djilali Sari. La dépossession des fellahs. SNED, Alger 1975.
(Suite et fin)


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