Hachemi Chérif nous a quittés. C'était un grand ami et un grand frère de la presse démocratique. Il était toujours là au premier rang quand elle était victime des abus du Pouvoir. Un Pouvoir, au demeurant, qu'il n'a jamais cessé de combattre. « C'est un Pouvoir corrompu, prédateur », disait-il toujours, soulignant qu'il ne faut jamais lui faire confiance. « Entre les islamistes et les démocrates, les maîtres du pays préfèrent les premiers », répétait-il très souvent. Il était d'une grande méfiance à leur égard. Pour ces raisons, il n'a jamais accepté d'associer son parti dans un quelconque gouvernement et a refusé de participer aux élections, qu'elles soient présidentielle, législatives ou municipales parce que, soutenait-il, les urnes étaient bourrées à l'avance. A ce titre, il symbolisait la gauche algérienne dans toute sa dimension politique, humaine et sociale. Contre vents et marées, il a maintenu une ligne intransigeante à Ettahadi, d'abord, et au MDS (Mouvement démocratique et social), au risque de mettre mal à l'aise une partie de ses militants. Mais il a toujours expliqué ses positions dans de très longs articles qu'il publiait dans la presse. Et pour ce faire, il était connu pour être très prolifique. Mais c'est surtout dans son combat contre l'islamisme et son avatar, le terrorisme, qu'il s'était distingué. L'islamisme est un danger pour l'intégrité territoriale de l'Algérie. Pour l'unité du peuple, pour la démocratie et pour la modernité, martelait-il en permanence. Il répugnait même à toucher la main à un chef intégriste. Son engagement contre cette peste des temps modernes était total. Il l'a concrétisé sur le terrain en contribuant à créer des groupes de patriotes, particulièrement dans la région de Boufarik et à Constantine. Il a été d'ailleurs le seul chef de parti ciblé par un attentat terroriste. Mais sous le couvert de l'intransigeance, Hachemi Chérif était d'un immense humanisme. Il était d'une générosité sans limites et d'une gentillesse extraordinaire hors de ses activités partisanes. Les démocrates algériens viennent de perdre une figure de proue et il sera difficile de la remplacer. Adieu Hachemi !