Par la grâce du PNDRA, l'oliveraie nationale se serait agrandie de quelques 75 000 hectares, entre 1999 et 2004, passant de 165 000 à 240 455 hectares. Soit une plantation moyenne, annuelle, de 15 000 hectares. Des superficies considérables, difficilement réalisables eu égard aux capacités réelles d'intervention et à la qualité des terres d'implantation, essentiellement situées en zones montagneuses et souvent accidentées. Par contre, l'incursion de l'olivier dans les zones steppiques et présahariennes mérite une attention particulière. Selon les chiffres de l'ITAF, plusieurs centaines d'hectares ont déjà été plantés dans les wilaya de Naâma, Djelfa, Biskra, Batna, El Oued, Ghardaïa et M'sila, à raison de 150 à 200 pieds/ha. En attendant l'entrée en production, il y a lieu de s'interroger sur les chances de réussite de cette expérience qui pourrait ouvrir une brèche dans le fragile écosystème saharien. La malheureuse introduction de la céréaliculture saharienne à Gassi Touil a, semble-t- il, été trop vite oubliée. S'il est vrai que l'olivier résiste à des températures extrêmes, il n'est pas pensable, un seul instant, que cette culture vienne supplanter le palmier dattier. Sans une expertise scientifique studieuse et de longue haleine, il serait irresponsable de laisser se généraliser cette expérience sans un sérieux suivi et une évaluation rigoureuse. Surtout que le choix variétal, la disponibilité en plants et la non maîtrise des cycles biologiques, en zone extrêmes, constituent des contraintes de taille. Il est vrai que sur un aspect strictement théorique, certains auraient découvert un potentiel de pas moins de 5 millions d'hectares sur lesquels l'oléiculture aurait des chances de se développer. Lorsque l'on sait, par ailleurs, que la superficie oléicole mondiale atteint tout juste les 9 millions d'hectares, répartis essentiellement à travers 10 pays du pourtour méditerranéen, auxquels il faut adjoindre l'Argentine, les USA et un nouveau venu, l'Australie, l'on se croirait revenu au temps de la révolution agraire et de « l'industrie industrialisante » lorsqu'on se promettait d'être les premiers et les meilleurs partout. Démarche pragmatique A voir la jubilation des fellahs et des transformateurs de Sig qui viennent, pour la première fois depuis une décennie, de bénéficier d'une irrigation hivernale, mobilisant tout juste 3 millions de m3, pour les quelques 800 000 oliviers du périmètre irrigué, on comprend mieux la nature des défis à venir. Rencontré à Sig, lors de notre passage, cet agronome, par ailleurs enseignant à l'Université, n'hésitera pas à revendiquer une démarche pragmatique. Elle s'articule autour d'une réhabilitation des 20.000 hectares de Sigoise en leur assurant une bonne fertilisation et les 3 indispensables irrigations d'appoint. Ensuite, il suggère la mise en place d'un programme d'intensification, en faisant passer la densité de 200 à 400 plants/ha, ce qui devrait se traduire par un accroissement consistant de la production. Une densité qui fait déjà l'unanimité tant en Italie qu'en Espagne et qui permet une bonne maîtrise de la production. En ce qui concerne les nouvelles plantations, il faudra veiller à ne reproduire que des plants performants et indemnes de toute contamination, dira un autre interlocuteur de l'ITAF. A la vue des vieilles bordelaises, égarées dans l'unité de transformation familiale, Youcef Bédia, jeune confiseur, se rappellera qu'enfant, c'était le bruit assourdissant mais ô combien familier des tonneliers qui rythmait la vie à Sig. Juste pour souligner qu'à l'instar des autres pays oléicoles, l'Algérie ne pouvait faire l'économie d'une aussi pertinente expertise que celle de Sig. Un savoir-faire qui aura permis l'émergence d'une variété que tous les oléiculteurs du monde nous envie. Car la Sigoise demeure, à ce jour, l'une des olives les plus prisée pour la qualité de sa chair, la finesse de son noyau et son aptitude à toutes les transformations. Très proche de la, non moins, fameuse Picholine qui aura fait la notoriété, non seulement, de la Provence où cette variété est dominante mais aussi des confins de l'Andalousie ou de la riche Lombardie. Relève absente Cependant, cet effort de recherche nécessite beaucoup de moyens que, ni les oléiculteurs privés, ni l'ITAF ne sont en mesure de réunir. Car l'unique expertise des gens de Sig commence à s'effriter sans qu'aucune relève ne vienne prendre le flambeau. Avec la récolte, fort prometteuse, qui s'annonce, il serait judicieux de créer un organisme public autonome afin qu'il soit comptable de ce savoir-faire et qu'il mette en place les moyens de le parfaire par un suivi rigoureux des plantations. Celles de Sig qui méritent amplement une classification et une sélection rigoureuse des meilleurs spécimens aux fins de multiplication. Mais aussi toutes les nouvelles cultures qui, par la grâce du PNDRA et d'initiatives particulières, tentent d'installer l'olivier dans les espaces oasiens, afin que cette expérience ne se transforme pas en un mirage dont les étendues sahariennes gardent jalousement le secret.