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Chroniques du présent et du passé
John Dos Passos, il était une fois l'Amérique
Publié dans El Watan le 08 - 09 - 2005

En 1927, la police américaine procède à une arrestation mouvementée, celle d'un homme en révolte contre l'injustice et l'arbitraire au point de manifester violemment ses sentiments dans les rues.
Et ce n'était pas n'importe qui, puisqu'il s'agissait du grand romancier John Dos Passos, qui, la trentaine à peine atteinte alors, était salué comme l'un des grands auteurs contemporains. Ses romans : Manhattan Transfer et 442e parallèle s'étaient imposés dans le monde entier comme des chefs-d'œuvre. Et c'était cet homme que la police américaine avait brutalisé, parce qu'il avait pris fait et cause pour Sacco et Vanzetti qui avaient été condamnés à mort. Dos Passos avait écrit un poème poignant et terrible, Face à la chaise électrique, qui était un cri d'indignation. Il exprimait en fait ce que croyait une opinion publique révulsée par le sort réservé aux deux Italiens. Bien sûr, John Dos Passos n'était pas un adepte de la provocation gratuite, il croyait que l'Amérique, qu'il connaissait si intimement, se fourvoyait dans une erreur tragique. Le romancier n'ignorait rien des terribles convulsions qui agitaient alors la société américaine, dont le point d'orgue sera le dramatique krach de 1929 qui n'épargnera ni les pauvres ni les riches. Journaliste, John Dos Passos avait couvert les grèves très dures qui avaient opposé les ouvriers des mines à leurs patrons. Il avait été le témoin des exactions qui s'en étaient suivies. Cela l'avait considérablement rapproché des travailleurs, lui l'intellectuel couvert d'éloges. Mais c'était une période agitée de l'Amérique qui ne pouvait pas porter John Dos Passos à disserter sur le sexe des anges. En 1927, l'homme avait roulé sa bosse et vu du pays, mais davantage encore, il s'était avéré un auteur qui avait le sens du conflit. John Dos Passos avait pris part à la Première Guerre mondiale comme ambulancier, et cet épisode de sa vie lui avait ouvert les yeux sur l'institution militaire pour laquelle il n'éprouvera plus que de l'aversion. L'un des premiers romans qu'il a écrit, Les trois soldats, (1922), est un réquisitoire contre la guerre. Mais John Dos Passos n'a pas encore le panache de son contemporain Ernest Hemingway même s'il est tout aussi précoce. Dos Passos avait été un brillant écrivain en herbe, alors qu'il étudiait à Harvard. Issu d'une famille d'ascendance portugaise, John Roderigo, comme ses lointains ancêtres lusitaniens, eut tôt fait d'avoir la bosse du voyage. Il parvint à convaincre son père, avocat aisé de Chicago, de le laisser entreprendre des études d'architecture... en Espagne. Il n'en fît rien, bien entendu, rien. Au contraire, il fit ses premières passes d'armes dans le journalisme, déjà sous l'emprise de cette vocation du reportage qui le poussait à vouloir découvrir les autres. De cette période espagnole, John Dos Passos apprend la splendeur de l'œuvre de Cervantes, il est fasciné par Don Quichotte et pense déjà à écrire une œuvre grandiose dans l'esprit du chevalier à la triste figure. La guerre ne lui laisse pas le temps d'aller plus loin. Il retourne en Amérique. A la fin du conflit, en 1920, il publie Initiation d'un jeune homme, variante presque flaubertienne de l'éducation socio-politique du jeune. John Dos Passos, au contact de la guerre, n'a plus été un romantique. C'est un autre pas de franchi depuis qu'il a échappé au cocon familial, où fils unique, il était couvé par une mère omniprésente. La guerre lui avait donc ouvert les yeux et il avait décidé de se consacrer à la littérature et de faire de l'Amérique la matière de ses livres. Il écrit en 1925 Manhattan Transfer qui systématise son style et sa pensée. Dos Passos vient d'inventer le procédé du mixage entre la réalité et la fiction qui va influencer des générations d'écrivains. Au milieu des années 1920, il est bien volontiers comparé à l'auteur irlandais, James Joyce ou à l'Italien Italo Zvevo qui léguera à la postérité littéraire son chef-d'œuvre La conscience de Zeno.En d'autres termes, Dos Passos était ressenti comme une sensibilité européenne, mais en réalité, il était profondément immergé dans les enjeux américains. Il avait le souci constant de procéder à un état des lieux, toujours critique de la société américaine en se fondant sur ce qu'il avait vécu comme acteur et témoin. L'un de ses livres porte d'ailleurs significativement le titre Bilan d'une nation. John Dod Passos a sans doute toujours voulu se raconter en parlant ainsi de l'Amérique, et il parvient à la quintessence fusionnelle entre lui et son pays dans 42e parallèle inventaire flamboyant d'une Amérique que l'auteur a visitée de fond en comble et dont il décline les travers et les ambitions. C'est l'Amérique de la grande dépression, des disparités effroyables, du jazz, de l'art abstrait, de l'idéal américain nourri de manière roborative par l'usine à rêves d'Hollywood. Dos Passos annonce d'une certaine manière John Steinbeck qui marche presque sur ses plates-bandes dans Les raisins de la colère. Les deux écrivains ont certes quelque chose en commun, ils ont des idées progressistes - alors - dans le contexte d'une Amérique conservatrice et isolationniste. Dos Passos écrira, en 1936, La grosse galette, presque une farce qui a des allures de tragédie grecque. Cette ultime entaille, dans le ventre mou des conventions, marque une espèce d'entrée en apesanteur de l'écrivain. Il continue d'écrire mais sans cette verve triomphale. La guerre froide fait déjà des ravages, et comme beaucoup d'intellectuels américains, John Dos Passos en était venu à voir où il mettait les pieds. Hemingway était resté fidèle à son personnage, fuyant l'Amérique, il avait établi ses quartiers à Cuba, indifférent même à la féroce dictature de Fulgencio Battista que Fidel Castro se préparait à renverser. Mais des écrivains tels que Steinbeck ou John Dos Passos semblaient être revenus de l'engagement quasiment socialiste qui avait été le leur. Dos Passos, à la fin de sa vie, changera de cap et fera l'apologie de la guerre au Vietnam tout comme John Steinbeck. Etait-ce alors un autre homme marqué par le reniement que celui qui avait écrit L'an premier du siècle, Les aventures d'un jeune homme, et qui dans sa jeunesse si aventureuse, avait voulu, imitant Don Quichotte, faire sa route avec Rossinante ? John Dos Passos disparaît le 28 septembre 1970 à l'âge de 74 ans.

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