Trente cinq ans après sa mort, Fadhila D'Ziria est toujours vivante dans les mémoires. Elle est considérée comme une référence de la musique féminine algéroise. Dotée d'une voix cristalline, Fadhila D'Ziria a su grâce à son talent à et à sa prestance - exprimée par la l'élégance de ses tenues traditionnelles - ensorceler des générations entières. Aujourd'hui encore, elle est l'idole de la jeunesse algérienne. De son vrai nom Fadhila Madani, elle est née le 25 juin 1917 à Alger. Elle découvre très tôt les charmes de la musique andalouse. Ses parents, Mehdi Ben Abderrahmane et Fettouma Kheffouni, usant des coutumes de l'époque, l'ont destiné au mariage alors qu'elle était âgée à peine de 14 ans. Cette union ne résistera pas après la mort de sa fille. Libérée des contraintes familiales, elle s'installe en 1935 à Paris pour s'adonner pleinement à la musique qui lui a été révélée par la divine Maâlma Yamma. Sa rencontre avec le grand cheikh Ababsa a été pour elle bénéfique pour son ascension artistique. En véritable perfectionniste, elle a essayé tous les genres : sahraoui, kabyle, oranais, chaoui avant de découvrir le style qui lui sied à merveille, l'andalou et le classique. Mais Fadhila se plaisait surtout à chanter le hawzi. Un genre qu'elle considère comme étant le plus souple pour la gent féminine. Ses chansons préférées sont Mal h'bibi malou, Rachik el kad, Sidi emn yssel da tallet ed lil. Elle regagne le pays natal en 1949, année où elle enregistre avec grand succès son premier disque Mal h'bibi malou, et ce, grâce à Mustapha Skandrani et Mustapha Keckoul. Elle intègre l'orchestre de Mériem Fekkai. Les spécialistes de l'époque l'ont situé dans la lignée de Yamma et Cheikha Tetma. Artiste jusqu'au bout des doigts, elle est dévoilée en participant à l'émission « Mine Koul Chouya », présentée par Mohamed Habib Hachelaf et Haddad Djillali. Elle est engagée dans la troupe de Méhieddine Bachertarzi, où de nombreuses tournées sont alors effectuées en Algérie et à l'étranger. Fadhila et sa sœur Goucem sont emprisonnées en 1957 pour leurs actions en faveur du Front de libération nationale (FLN). Après sa libération, elle forme son propre orchestre avec sa sœur Goucem à la derbouka, Soltana Daoud, dite Reinette l'Oranaise, au violon et sa mère Assia au piano. Sa renommée lui a permis d'enregistrer entre 1950 et 1954 pas moins de 19 chansons, dont Saâdi rite el barah, Ya kelbi khali el hal... Fadhila D'Ziria s'est également illustrée dans le théâtre. Elle s'est produite, entre autres, dans les pièces Meyenfaâ ghir essah et Mouni radjel.