Soumis à de multiples pressions, que ce soit de la part des Israéliens ou de certaines factions palestiniennes armées, le président Mahmoud Abbas semble résolu à ne pas changer de cap. Cela s'est traduit lors de sa rencontre de jeudi avec le président américain George Bush à la Maison-Blanche où il a tenu le même discours, se basant sur la nécessité de la poursuite du processus de paix israélo-palestinien autour d'une table de négociations, la poursuite de la trêve et même l'arrêt de toute résistance armée, mais sans céder d'un pouce sur les revendications palestiniennes du droit à la vie dans un Etats démocratique indépendant et souverain avec El Qods comme capitale, ainsi que du règlement juste de la question des réfugiés. Dans une allocution lue devant la presse à Washington après ses discussions avec le président américain, M. Abbas a plaidé pour « l'application immédiate » de la Feuille de route, plan de paix international élaboré par le quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) et demandé à Israël d'établir un « réel partenariat » avec les Palestiniens pour « faire la paix ». « Il est temps de mettre fin au conflit israélo-palestinien. Il est temps pour les Palestiniens d'obtenir leur liberté et leur indépendance. Il est temps d'avancer rapidement vers la reprise des négociations (avec Israël) sur le statut final » des territoires palestiniens. Le président americain s'est montré pour sa part plutôt confiant quant au devenir de la région et de la réalisation de sa vision de deux Etats démocratiques vivant côte à côte dans la paix. Il a néanmoins refusé de fixer une échéance à la création de l'Etat palestinien que la Feuille de route prévoyait pour la fin 2005. Le président américain avait pourtant prédit l'an dernier que cela se fera avant la fin de son deuxième mandat en 2009. « J'aimerais voir deux Etats. Si cela arrive avant la fin de mon mandat, je serais là pour assister à la cérémonie. Si cela n'arrive pas, nous travaillerons dur pour établir les fondations afin que le processus devienne irréversible », a-t-il ajouté. Il a par ailleurs exhorté les Palestiniens à faire plus d'efforts dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et aux Israéliens l'arrêt de l'expansion des colonies en Cisjordanie. Palestiniens et Israéliens qui vivent un climat tendu ces derniers jours après la mort de trois colons israéliens tués par des combattants palestiniens en Cisjordanie suivie par des mesures israéliennes de punitions collectives contre les citoyens de cette partie des territoires palestiniens et la décision israélienne de suspendre tout contact avec l'Autorité palestinienne accusée de ne rien faire contre les mouvements palestiniens armés ont paru satisfaits des résultats de cette rencontre au sommet, la première depuis le retrait israélien de la bande de Ghaza le 12 septembre. « Nous espérons que durant les trois années que le président Bush va rester en poste, nous parviendrons avec son soutien à nous mettre d'accord avec Israël » sur la création d'un Etat palestinien, a déclaré le vice-Premier ministre, Nabil Chaâth. Le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat s'est quant à lui félicité que M. Bush « se soit engagé pour la première fois à user de son influence pour créer un Etat palestinien indépendant ». Israël « n'est pas surpris » par les déclarations de M. Bush concernant un gel de la colonisation en Cisjordanie, a déclaré un haut responsable israélien. « Nous ne sommes pas surpris, car en exprimant cette demande, le président Bush exprime la position traditionnelle des Etats-Unis », a affirmé un haut responsable israélien sous couvert de l'anonymat. « Mais on ne peut mettre sur le même plan cette demande et celle, adressée par la Maison-Blanche aux Palestiniens de respecter leurs engagements de mettre fin au terrorisme, car l'arrêt des violences est une condition sine qua non pour une relance de la négociation », a-t-il dit. En fait, le discours américain n'a pas dramatiquement changé, le ton du président américain ne laisse pas entrevoir que des pressions américaines véritables seront exercées sur son allié de toujours, ce qui signifie que le devenir de la région restera pour longtemps encore marqué par l'incertitude.
