Le sujet est délicat et on lui a longtemps tourné le dos. A refuser de le voir, il n'en est pas moins patent. Pourtant, rarement, sinon jamais, il n'a été traité sous un angle scientifique sérieux. L'association, qui a propulsé le programme de cette recherche, est présidée par Fatima Besnaci-Lancou. L'association Harkis et droits de l'homme, créée en 2004, a pour vocation d' «éclairer l'histoire des harkis en la replaçant dans le contexte global de la colonisation». Le colloque de 2008 à Paris, et maintenant ce livre porté par des spécialistes peu suspects de complaisance, tente de faire avancer une réflexion constructive. On lit à cet égard, avec intérêt, l'introduction de Gilles Manceron sous le titre «Les supplétifs dans la guerre d'Algérie, mythes et réalités» dans laquelle il explique que ce thème «a fait l'objet de nombreuses simplifications abusives qui déforment son histoire ». L'auteur de Marianne et les colonies, vice-président de la Ligue des droits de l'homme, met dos à dos deux idées aussi réductrices l'une que l'autre, selon lui. La première en Algérie où «le discours officiel les présente comme des traîtres ayant consciemment pris le parti de la France». Côté français, comme un miroir déformant, «dans une vision tout aussi fausse, les hommages officiels tendent à les présenter comme ayant pris les armes d'eux-mêmes, parce qu'ils auraient été favorables au maintien de la colonisation française». L'universitaire craint que ces légendes «déforment et instrumentalisent le passé». Ainsi posé, on devine tout l'intérêt de l'ensemble des communications d'un haut niveau qui fait le tour de la question, avec, notamment, dans la troisième partie, de judicieuses avancées sur la transmission scolaire de ces pages douloureuses, par delà les générations, en France et en Algérie.