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Abdelkader Djelfat. Président du réseau Maghreb Technologies
« La logique de la rente est encore très forte »
Publié dans El Watan le 21 - 11 - 2005

Dans cet entretien, Abdelkader Djelfat, professeur à l'université de Lille (France) et président du réseau Maghreb Technologie pose un regard d'expert sur les brûlantes questions qui agitent le monde économique. Auteur de plusieurs travaux de recherche sur les questions de développement et de l'économie du savoir au Maghreb, notamment l'Algérie, l'universitaire fait un diagnostic de l'état des lieux et prescrit une thérapie à laquelle il joint un mode d'emploi.
En tant que expert des questions économiques, pensez-vous qu'il y a véritablement des segments industriels qui peuvent être des moteurs d'une industrie compétitive en Algérie ?
Absolument ! Le secteur de la pharmacie a montré effectivement qu'il se situe sur des créneaux et des niches comme les produits génériques par exemple. Il y a trois ou quatre secteurs qui, avec un petit peu d'investissements national, peuvent parfaitement devenir compétitifs. Je cite notamment l'industrie métallique et métallurgique qui a développé des compétences effectives et réelles pour occuper des niches à des coûts salariaux concurrentiels. Le marché de la soudure peut facilement être exportateur et compétitif. Et quand je dis compétitif, on peut être leader dans tout le bassin méditerranéen.
Curieusement, l'industrie demeure à la traîne dans le processus de relance économique...
A la traîne parce qu'il y a eu quand même un arrêt de l'investissement majeur dans les années 1980. L'industrie était sur une lancée pour parfaire le modèle qui était choisi puis l'investissement s'est quasiment arrêté.
Justement, ne pensez-vous pas que l'erreur originelle c'était d'avoir misé sur les gros complexes dans le cadre de la fameuse industrie industrialisante au détriment de la PME ?
Je pense que même avec le secteur industriel actuel on peut arriver à relancer la machine. Voyez par exemple le secteur de la sidérurgie est assez caractéristique. Il a suffi de trouver un partenaire indien et l'entreprise est devenue compétitive et exporte des produits.
C'est donc un bon modèle de privatisation ?
Oui ! Vous voyez que, soit avec une privatisation, soit un ajout de capital ou alors un partenariat public ou privé, on peut arriver avec ce même secteur industriel à (re)décoller. Maintenant, c'est via l'insertion dans les réseaux que l'on obtient sa place au niveau du marché mondial. Il faut savoir comment insérer notre secteur productif dans la filière telle qu'elle est mondialisée.Qu'est-ce que nous allons prendre comme sous-traitance dans cette filière et le faire bien et à des coûts salariaux algériens. On doit bien sûr mettre à jour les connaissances des managers.
C'est peut-être pour cela que les investisseurs étrangers ne se bousculent pas au portillon...
Il me semble qu'on ne peut pas lier cela uniquement à un seul facteur. Il y a un tas de facteurs, notamment la période difficile qu'a connue le pays qui ont fait que le climat ne s y prêtait pas. Il faut cependant relativiser puisque l'Algérie est classée première dans le monde arabe en termes d'attraction du secteur privé. Il faut donc laisser le temps au temps. Cela étant dit, la réforme est en cours. Il y a incontestablement des lourdeurs extraordinaires. On n'est pas encore sortis de l'auberge ; il y a des intérêts à bousculer. Cela est connu. Ce qui est certain, c'est que, quand les règles du jeu seront progressivement changées, lorsque l'environnement d'accueil qui est le nôtre présente les mêmes capacités que l'environnement indien par exemple on va avoir forcément une partie des flux. Quelles sont ces conditions minimales ? C'est de dégager une masse de personnes qualifiées et en mesure de s'insérer rapidement dans l'industrie, c'est aussi amener l'université et le système algérien à s'insérer plus dans l'innovation. Il y a un chose sur laquelle on est en panne c'est que nous n'avons pas de système national d'innovation !
D'où la nécessité d'une mise à niveau...
Absolument, et quand je dis mise à niveau y compris le système national de l'innovation. Si on veut vraiment s'insérer sur le marché mondial de manière avantageuse il faut aussi qu'on ait les capacités d'innover.
Pour l'instant, rien n'a été fait dans ce domaine ?
Non. Il y a des choses qui ont été faites depuis la loi de 1998 sur l'innovation. Mais il faut prendre le système dans sa globalité, le revoir et compléter les chaînons là où ça ne marche pas. Par exemple la liaison entreprise-université n'est pas encore clairement codifiée. Revenant un peu sur la loi des finances. Les Algériens ne comprennent pas trop cette démarche paradoxale du gouvernement qui s'entête à pondre sa loi, sur la base d'un baril à 19 dollars au moment où l'or noir culmine à plus de 60 dollars
Pourquoi selon vous ?
Ecoutez, sur le principe, réfléchir en termes de réserves n'est pas une mauvaise chose. Par les temps qui courent on n'est jamais à l'abri.
Il y aussi cette tentation à gérer les finances publiques par des déficits budgétaires répétitifs puisés dans les caisses du Trésor qui lui-même est financé par la fameux fonds de régulation. Ne pensez-vous pas que ce cercle vicieux cache un gestion opaque des deniers publics ?
Oui, mais il faut savoir également que la dette a été réduite grâce à cet argent du fonds de régulation, ce qui n'est pas rien. Vous n'êtes pas sans savoir que c'est ce qui étrangle la majorité des pays du Sud. Donc quand on desserre un peu l'étau de la dette, ce n'est pas inintéressant. Ces fonds de réserve, c'est un peu l'hypothèque qui s'inscrit dans une optique prudentielle. En fait c'est un signal qui est donné aux investisseurs même si l'environnement est lourd et le climat d'investissement n' y est pas. C'est une façon de dire qu'on est solvable parce que nous avons une cagnotte.
Les députés ont dénoncé le fait qu'il n'y ait aucun instrument de contrôle d'exécution des budgets dans la mesure où la loi du règlement budgétaire n'est jamais appliquée. Ne décelez-vous pas un défaut de transparence de la part du gouvernement à l'heure où l'on parle de " bonne gouvernance économique " ?
Oui, c'est clair. Vous savez les derniers rapports de la Banque mondiale ont épinglé l'Algérie du fait qu'il y a beaucoup de procédures qui ne créent pas le climat des affaires. Il y a des choses qui se font dans ce sens. Je pense notamment aux dernières mesures dans le système judiciaire. Mais je crois qu'il subsiste encore des poches de résistance à ce que cette mutation se fasse rapidement. Je pense que la logique de rente est encore très forte par rapport celle de la transparence, de mise en place des mécanismes de marché et ceux de régulation macroéconomiques. Il faut espérer que ces poches de résistance seront épongées par ces dynamiques de régulation. La transparence dans la gestion des finances publiques qui figure parmi les recommandations voire les conditions de l'Union européenne... Je ne suis pas toujours informé de ce qui se passe dans le détail. Mais, de toutes les façons, tout ce qui relève de la régulation s'imposera de lui-même. Il ne faut pas oublier qu'on est pleine négociation avec l'OMC. Ces règles qui contiennent une dose d'opacité finiront pas être bannies.
Vous avez animé une conférence sur les défis qui attendent l'entreprise algérienne face aux multinationales. Voulez-vous nous les résumer succinctement ?
C'est fondamentalement la capacité à maîtriser correctement et rapidement tous les outils pour faire face aux nouveaux systèmes concurrentiels fondés sur le savoir et les logiques du marché.
Et quel est l'apport des nouvelles technologies dans cet élan de transformation économique ?
L'Algérie connaît un boom dans ce domaine. Mais c'est l'usage qu'on fait de ces nouvelles technologies qu'il faut parfaire. Pour l'instant on en est encore à la consommation passive des TIC. Le premier défi c'est donc de savoir comment passer d'un usage de consommation passive à un usage productif. Dans un second lieu, il faut réfléchir à créer des niches de compétitivité à partir de ces TIC. La Tunisie par exemple à crée plus de 10.000 emplois au tour des fameux " call center ". Et dernier défi, comment devenir soit même producteur, par ce que tant on a pas cette capacité à s'insérer dans le marché mondial des TIC, on restera toujours des consommateurs à la merci de ceux qui les produisent.


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