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«En planifiant la production de la pomme de terre, les prix se stabiliseront»
Slimane Bedrani. Professeur à l'ENSA et directeur de recherche au Cread
Publié dans El Watan le 10 - 01 - 2011

Aider les producteurs de pomme de terre à planifier leur rendement, car le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) et l'exportation de la pomme de terre résoudront partiellement la régulation des prix de ce produit sur le marché national, a indiqué Slimane Bedrani, professeur en économie à l'ENSA et directeur de recherche au Cread chargé de la division économie agricole, développement rural, économie de l'environnement et des territoires, qui recommande la transformation et l'exportation des produits finis pour couvrir les importations en semences et en équipements agricoles, dans cet entretien accordé à El Watan Economie.
- Il y a une surproduction de pomme de terre en Algérie. Comment expliquez-vous ce phénomène au lendemain d'une crise ?
Il y a excédent à la production que parce qu'il y a un niveau de prix à la consommation. Si les prix à la consommation de la pomme de terre étaient beaucoup plus bas, il n'y aurait probablement pas de surproduction de pomme de terre parce qu'elle sera vendue.

- Son prix à la consommation est actuellement autour des 40 DA le kilo. Est-ce un prix raisonnable ?
J'ai trouvé (mercredi dernier) de la pomme de terre à 35 DA et à 25 DA au marché Boumati à El Harrach. Les producteurs disent qu' «en dessous des 20 DA le kilo, les prix sont trop bas à la sortie des champs», donc pas rentable. Or, il faut savoir quel est leur niveau de rendement. Le prix à la production est d'autant plus faible que les rendements sont importants. Il est prouvé qu'en moyenne, je dis bien en moyenne, les rendements obtenus en Algérie sont bien inférieurs à ceux obtenus en Europe. En fait, les producteurs algériens ne sont pas suffisamment intensifs, car les rendements à l'hectare sont trop bas. C'est pour cela que leurs prix à la production sont élevés et en dessous de 20 DA ils ne sont pas rentables. Ils ont aussi des coûts de production trop élevés.

- Pourquoi ces coûts de production sont aussi élevés ?
Dans la production de la pomme de terre, l'un des intrants le plus cher est la semence. Très souvent cette semence utilisée par les producteurs algériens n'est pas une bonne semence sur le plan germinatif d'une part et d'autre part elle n'est pas calibrée soigneusement. J'ai vu de mes propres yeux des soi-disant spécialistes qui plantaient des pomme de terre avec chacune un demi-kilo (500 g) quand on sait que la semence coûtait 7000 DA le quintal, y a 4 ans, actuellement elle coûte plus cher. En principe, la semence doit être calibrée pour donner le meilleur rendement avec le poids le plus faible possible. Donc, cet usage aléatoire de la semence augmente les coûts de production. Les coûts de production sont également élevés, car l'irrigation se fait très mal, car les doses d'eau utilisées à l'hectare sont exagérées par rapport au rendement. La moyenne des producteurs de pomme de terre ne sait pas utiliser l'eau d'irrigation de façon convenable. L'eau coûte cher. Pour faire un forage de 200 à 300 mètres pour avoir de l'eau, il faut dépenser de l'électricité ou du gasoil. Donc, cela hausse les coûts. Autre élément, la main-d'œuvre est coûteuse car très peu de producteurs mécanisent la plantation et la récolte de la pomme de terre. L'autre intrant est les engrais qui coûtent chers mais ce n'est pas leur coût qui est le plus important puisque souvent les producteurs ne savent pas utiliser ces engrais en absence de formation technique et agronomique qui leur permet de savoir quel type d'engrais faut-il utiliser et en quelle quantité.
- Souvent les commerçants justifient les prix de la pomme de terre par le coût de transport. Est-ce que cela peut influer sur le prix à la consommation ?
Certainement, puisque la pomme de terre est un produit pondéreux, donc son transport coûte relativement cher. Toutefois, les coûts de transport sont estimés environ 1 DA par kilo, si nous nous basons sur 20 000 DA le camion de 20 tonnes de Oued Souf à Alger, pour des pomme de terre à 35 DA le kilo ce n'est pas énorme.
- Pensez-vous que la pomme de terre algérienne, dont 90% est de la variété «spounta», pourrait être exportée avec un prix à la production de 20 DA le kilo ?
La pomme de terre faut la laver, la sécher, la trier, la calibrer et le marché européen ne demande pas n'importe quel calibre ni n'importe quelle variété. A priori, 20 DA le kilo c'est rentable pour des agriculteurs qui font des rendements corrects, c'est-à-dire de grands producteurs et non des bricoleurs. Quand il y a des excédents, ce n'est pas forcément de bons rendements parce que la quantité de production dépend de la superficie cultivée et du rendement. On peut avoir une bonne production sur une petite superficie avec un rendement très élevé comme on peut avoir une grande production sur de grandes superficies avec de petits rendements.

- Justement, les producteurs exposent le problème du foncier agricole. Est-ce que cette problématique peut influer sur les rendements ?
Pour cultiver de la pomme de terre, il faut des terres légères à sol relativement profond. On ne peut avoir de la bonne pomme de terre sur des terrains trop lourds et trop argileux. C'est pour cela qu'on produit de la bonne pomme de terre à Oued Souf par exemple.

- Des exportateurs envisagent d'écouler 50 000 tonnes de pomme de terre à 30 DA le kilo sur le marché européen. Est-ce rentable pour l'économie ?
Il n'y a pas eu d'étude de marché sur la pomme de terre à l'export. Cependant pourquoi vouloir exporter à tout prix la pomme de terre, à 18 centimes d'euro au cours actuel en la bradant, au lieu de la transformer chez nous et exporter les produits transformés comme des frites et de la purée. L'Algérie dépense des devises pour produire de la pomme de terre car nous importons une bonne partie de la semence, le matériel et équipement. La question qui se pose : est-ce qu'en exportant on fait entrer suffisamment de devises pour couvrir la production ? Donc, pourquoi ne pas transformer la pomme de terre en Algérie. Pourquoi ne pas favoriser les investisseurs de l'agroalimentaire qui acceptent de transformer la pomme de terre en frites industrielles et en flocons déshydratée pour en faire de la purée. De plus que les technologies utilisées sont extrêmement simples. L'avantage est la création de l'emploi, de la valeur ajoutée, couvrir le marché local au lieu d'importer ces produits finis et éventuellement les exporter.
- Les autres légumes ont atteint des prix «élevée». Est-ce normal ?
A titre indicatif, la courgette à 120 DA en hiver c'est tout à fait normal, car les coûts de production sont plus élevés en cette saison car elle est produite sous serres dans le sahel algérois. Les serres coûtent chères. Une production hors saison coûte plus chère pour des raisons de coûts de production et pour une raison d'offre et de demande. Il n'y a pas beaucoup de producteurs qui font des productions hors saisons face à une demande importante. Il est à noter qu'aucun légume n'augmente de façon régulière. Par exemple, la tomate à 80 DA, car elle provient d'Adrar ou de Biskra et produite sous serres. Ce qui explique son prix. Dans un pays comme le nôtre, les fruits et légumes en hiver coûtent forcement plus cher pour ces raisons. Avant, on mangeait des légumes de saison comme les choux et choux fleur à 40 DA le kilo, l'artichaut, les cardes ainsi que les légumes qui se conservent tel que l'oignon.

- Les grossistes en fruits légumes avancent qu'entre 15 à 25% de la marchandise est jetée pour diverses raisons. Est-ce que cela est lié aux prix ?
Je pense que la marchandise jetée est invendable au point de vue qualité. Soyons logiques, un grossiste, qui achète de la marchandise aux producteurs pour la vendre à un prix intéressant pour lui, mais n'arrive pas à ce prix, préfère récupérer une partie de la valeur de cette marchandise restante au lieu de tout perdre en la jetant. Jeter de la marchandise est une rumeur pour obtenir des avantages de l'Etat. Il en est de même pour la surproduction de pomme de terre. Les gens gonflent la production pour inciter l'Etat à subventionner davantage.

- Que pensez-vous de l'option du Syrpalac pour réguler le marché ?
Le Syrpalac est destiné à stabiliser les prix pour qu'il n'y ait pas de fortes fluctuations de prix. Mais cela ne signifie pas que la pomme de terre soit vendue moins chère. Au moment où la pomme de terre est en manque sur le marché, il faut mettre la production Syrpalac à un prix de acceptable pour le consommateur.

- Avec ce prix à 20 DA le kilo de pomme de terre, est-ce que les marges de bénéfice vont faire l'objet d'un seuil à ne pas dépasser logiquement ?
En effet, logiquement dans un contexte de prix libre vu que l'Etat achète cette pomme de terre à 20 DA aux producteurs, elle devra fixer un seuil de marges bénéficiaires. Mais, en fait, l'Etat n'a pas le moyen de contrôler les prix. Alors quoi qu'il fasse cela ne marchera pas tellement. Il faut que l'Etat soit plus présent par ses moyens de contrôle des prix avec plus de rigueur. Comment ça se fait que l'Etat soit complètement absent des marchés de gros. Ce n'est pas normal. Au marché de gros des Eucalyptus, c'est la foire. L'Etat ne contrôle rien ! Dans une économie de marché, l'un des rôles fondamentaux de l'Etat est de veiller à la transparence des marchés, car c'est l'une des conditions nécessaires pour que les prix se fixent de façon juste et économique. Théoriquement dans un marché de gros, les prix sont affichés dans des tableaux électroniques et qu'il y a des ventes aux enchères. C'est l'opacité totale ! Pour le détaillant, les prix restent les mêmes de l'ouverture à la fermeture du marché, car ce sont de petits commerçants dont les capacités de stockage ne coûtent pas chers. A titre indicatif, à proximité du marché de Boumati, il existe des locaux qui sont loués à des prix raisonnables.

- Peut-on dire que ni l'exportation ni le Syrpalac ne réguleront le marché de la pomme de terre en Algérie ?
Ils réguleront partiellement. La solution durable est d'aider les producteurs à planifier leur production avec des études de marché qui permettent d'identifier les produits et leurs productions respectives à des moments propices avec les quantités nécessaires. Il s'agit aussi d'éduquer l'agriculteur en vue de profiter de ces études. C'est le rôle des chambres d'agriculture et du ministère de tutelle et ne pas recourir aux offices, car ils bouffent énormément d'argent et souvent de façon inefficace. Ils sont des fonctionnaires et gérer l'économie par des fonctionnaires ce n'est jamais profitable. Cette année y a eu une surproduction de pomme de terre donc l'année prochaine on s'attend à une pénurie car les producteurs ne vont pas en produire.


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