La campagne électorale pour les élections partielles de jeudi prochain s'achève aujourd'hui, sans avoir suscité un réel engouement populaire. La Kabylie est devenue au fil des ans le champ de bataille entre une opposition qui se cherche et un pouvoir qui use de tous les moyens pour amener cette région à rentrer dans les rangs. La région, qui a vécu des années durant un dualisme politique entre les deux frères ennemis, à savoir le FFS et le RCD, se retrouve, avec l'échéance du 24 novembre prochain, engagée dans un combat entre les forces de l'opposition et le Pouvoir. Le FFS n'a plus comme adversaire politique le RCD, mais le FLN et à un degré moindre le RND, les deux partis majoritaires de l'Alliance présidentielle qui, à l'occasion, ont engagé de gros moyens durant cette campagne. Plus d'une trentaine de ministres appartenant aux deux partis ont sillonné la région pour convaincre les électeurs que les partis du Pouvoir sont les seuls capables de régler les multiples problèmes auxquels sont confrontés les citoyens. C'est une preuve que le Pouvoir ne veut pas d'élus contestataires. Il veut des agents d'exécution, des hommes chargés de gérer les milliards du plan quinquennal. Dans l'autre camp, on crie à la fraude, au trafic et on avertit le citoyen contre une éventuelle victoire du Pouvoir là où il n'a jamais réussi à s'imposer. Le FFS et le RCD jouent sur la sensibilité et l'engagement militant des citoyens. Pour les deux partis, une défaite en Kabylie serait synonyme de mise à mort. L'enjeu finalement n'est pas la gestion des communes, parce que le mandat, trop court, ne le permet pas, mais c'est avant tout la survie politique d'une région et de cette opposition qui n'a que la Kabylie pour s'exprimer. Le 24 novembre prochain, les électeurs en Kabylie auront à choisir entre l'argent du pouvoir et la fidélité au combat de plusieurs générations de militants de la démocratie. La Kabylie restera-t-elle dans l'opposition ou va-t-elle vendre son âme contre la promesse de bénéficier de la rente pétrolière ? Après des années de misère, d'épreuves sanglantes et une crise qui n'a pas encore révélée tous ses secrets, les électeurs en Kabylie vont-ils sanctionner le Pouvoir ou l'opposition ? A défaut de « tuer » l'opposition par les urnes, le Pouvoir pourrait user de la fraude. Il en a les moyens, puisqu'il contrôle l'opération de bout en bout.